2014, une année à hautes turbulences pour Air Algérie

Redaction

Air Algérie clôt l’année comme elle l’a traversé, dans la douleur et sous le feu des critiques. Samedi, les clients de la compagnie aérienne étatique, en partance pour l’Europe, se sont retrouvés bloqués pendant plusieurs heures au niveau de l’aéroport d’Alger. Ce retard reste encore inexpliqué. Il s’ajoute à la série des perturbations – incidents techniques, crash etc. – qui ont émaillé l’année 2014 d’Air Algérie. 

Des voyageurs en colère, des files d’attente et des clients qui pestent contre le manque d’informations. L’image se banalise et entache profondément la réputation d’Air Algérie, qui termine une année bien difficile. Ce samedi, à l’aéroport international d’Alger, les passagers de la compagnie aérienne, en partance pour Paris, Genève, Londres et Rome, ont du prendre leur mal en patience. Certains d’entre eux ont été contraints d’attendre plus de 5 heures avant de pouvoir embarquer. Joint par téléphone, un voyageur d’une trentaine d’années témoigne : « Ils ont fait monter les passagers du vol pour Londres avec plus de 4 heures de retard à 14h pour finalement les faire redescendre pour vérifier l’avion. Là, je vais voyager jusqu’à l’aéroport d’Orly (ndlr dans la banlieue de Paris) avec ceux qui devaient atterrir à Roissy Charles de Gaulle car il n’y a pas assez d’avions. Autrement, ils peuvent espérer attendre jusqu’à 22h pour arriver à Paris. C’est la gabegie totale ».

Fatigués des retards à répétition d’Air Algérie, les clients de la compagnie aérienne nationale lui reproche surtout son manque de communication. « Personne ne sait rien, on ne nous dit rien. On a rien d’autre à faire qu’attendre. Jusqu’à quand, on sait pas », poursuit le voyageur, contacté par téléphone. Contacté à plusieurs reprises cet après-midi, le service de communication d’Air Algérie n’a pas répondu à nos appels.

Alger-Montréal, jusqu’à 10h de retard !

Pour faire passer le temps, les passagers retenus toute la matinée à l’aéroport d’Alger ont alors échangé des histoires cocasses sur la compagnie, qui a été dans l’actualité tout au long de l’année pour de tristes raisons. Certains ont ainsi raconté le calvaire de voyageurs, piégés à l’aéroport Roissy Charles de Gaulle, le 13 décembre, car ils devaient attendre qu’un pneu neuf soit livré d’Oran pour réparer l’avion, bloqué sur le tarmac parisien. D’autres se souviennent que le 17 décembre dernier les voyageurs à destination de Montréal ont attendu plus de 10h à l’aéroport d’Alger avant d’embarquer. Une attente durant laquelle ils n’ont croisé aucun responsable de la compagnie nationale susceptible de les renseigner sur ce retard.

Connue pour ses avions qui arrivent « rarement » à l’heure, ses pannes techniques, et la conduite parfois approximative de ses pilotes, la compagnie aérienne a été attaquée de toute part cette année, notamment par le Collectif contre la cherté des transports vers l’Algérie (CCTA). Le 14 décembre dernier, le Collectif appelait même au limogeage immédiat du PDG d’Air Algérie pour sa gestion « calamiteuse ».

Retour sur les trois épisodes qui ont le plus nui à l’image de marque d’Air Algérie cette année :

Le crash du vol AH 5017 dans le Nord du Mali

C’est l’épisode dramatique concernant Air Algérie qui a le plus marqué les esprits en 2014. Le 24 juillet dernier, l’avion, qui avait décollé à Ouagadougou au Burkina Faso en direction d’Alger, s’écrase dans le nord du Mali, tuant les 116 passagers à bord. Les causes du crash ne sont jusqu’à aujourd’hui pas connues. Retrouvées le 28 juillet par les autorités maliennes, les deux boîtes noires de l’appareil McDonnell Douglas MD-83 sont toujours entre les mains des enquêteurs français. Il faut toutefois rappeler que l’avion en question avait été affrété par Air Algérie à la compagnie espagnole Swift Air.

Le scandale du nouveau siège d’Air Algérie 

C’est une affaire de corruption, ayant soulevé plusieurs questions sur la construction du nouveau siège d’Air Algérie dans le quartier de Bab Ezzouar, à Alger, qui a éclaboussé la compagnie aérienne étatique à la rentrée. L’affaire éclate le 4 septembre dernier lorsqu’Antonio Accurso, magnat du secteur de la construction au Québec, entendu par la Commission d’enquête sur l’octroi et la gestion des contrats publics dans l’industrie de la construction, qui a l’habitude de recevoir sur son yacht personnel des hommes politiques canadiens, a déclaré avoir également fait bénéficier un client étranger de ses faveurs. Antonio Accurso soutient que son associé, Bernard Poulin, lui a demandé de lui prêter son luxueux bateau afin d’abriter une négociation sur le contrat de la construction du nouveau siège d’Air Algérie.

Mise en cause, la compagnie nationale se terre dans le silence. C’est l’avocat de Bernard Poulin qui vole à son secours. Le 12 septembre, il adresse une mise au point, dont nous détenons une copie, dans laquelle il explique que son client le PDG de Sim International n’a jamais rencontré les « représentants d’Air Algérie » avant le jour de l’inauguration du chantier du nouveau siège d’Air Algérie. Il soutient également que durant sa promenade en yacht aucun « ressortissant de nationalité algérienne » n’était présent à bord.

Un avion d’Air Algérie retenu à Bruxelles

C’est avec cette dernière polémique que la compagnie aérienne nationale termine l’année. Suite à un litige commercial, vieux de six ans, entre Air Algérie et société néerlandaise K’AIR BV, cette dernière a demandé la saisie de l’appareil algérien assurant la liaison Alger-Bruxelles (AH 2063), le 12 décembre dernier. Cloué dans la capitale belge pendant 6 jours, l’avion est autorisé à décoller à destination d’Alger le 18 décembre, avait indiqué l’APS. Air Algérie n’en a pas fini pour autant avec la justice puisque la procédure judiciaire pour trancher ce litige se poursuit, avait rapporté l’APS.

Un audit pour tout régler 

Pour 2015, les autorités algériennes promettent du changement. Le rapport d’audit sur la compagnie aérienne se trouve actuellement au niveau du Premier ministère, avait indiqué le ministre des Transports, Amar Ghoul au micro de la chaîne 1, le 18 novembre dernier. Ce rapport « permettra la mise en application des nouvelles orientations et mesures afin de procéder à la réorganisation, la gestion, la structuration, l’encadrement, la maintenance et la coordination, au niveau d’Air Algérie », avait-il précisé. Après une année mouvementée, Air Algérie est attendu au tournant en 2015.

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