40 milliards de dollars. Ce sont les capitaux qui circulent en dehors du circuit bancaire en Algérie. Une somme égale à celle qui se trouve dans les banques et autres institutions financières. C’est ce qu’a révélé, l’économiste Yacine Ould Moussa, qui s’exprimait lors d’une journée d’étude organisée par la chambre de commerce et d’industrie de Mascara.
Une somme faramineuse qui, selon lui, fausse tous les calculs et prévisions liés à l’économie algérienne. Lors de son intervention, dont les propos ont été rapportés par le quotidien arabophone «El Khabar», celui-ci a mis en exergue le fait que les autorités ont mis énormément de retard dans la mise en œuvre d’un arsenal législatif capable de booster les exportations. Selon lui, 60% des revenus du budget de l’Etat viennent de la fiscalité pétrolière. Ce qui représente un déséquilibre énorme, indique-t-il, par rapport à la fiscalité ordinaire qui est en baisse continuelle.
Et cela tend à ce maintenir dans la durée au vu, notamment, de tous ces capitaux qui circulent en dehors du circuit bancaire et qui font que l’informel est devenu extrêmement puissant en Algérie. D’où d’ailleurs, par exemple, le fait que le gouvernement n’ait jamais pu imposer l’utilisation du chèque. En 2011, à la veille de la mise en application par Ahmed Ouyahia d’une directive allant dans ce sens (l’utilisation du chèque pour toutes les transactions d’un montant supérieur à 500 000 dinars), de violentes émeutes se sont déclenchées à travers le territoire national. Certains grossistes et industriels, dans l’objectif de «forcer» les autorités à revenir sur cette décision, ont augmenté d’une manière exponentielle le prix de leurs produits. Provoquant, en conséquence, des manifestations de colère.
En tous cas, si ce chiffre avancé par Yacine Ould Moussa se confirme, les Algériens comprendront pourquoi les autorités trouvent des difficultés à endiguer l’économie informelle. Les uns et les autres n’abandonneraient pas un aussi gros «gâteau» facilement.
Elyas Nour