Le journal italien La Repubblica vient de publier d’autres révélations fracassantes sur l’affaire de corruption Sonatrach-Eni traitée par la justice italienne depuis plusieurs mois.
Dans un enregistrement audio publié par la version en ligne du quotidien italien, l’ancien patron de l’Eni, Paolo Scaroni, dit à un de ses collaborateurs, Tale Gianni en l’occurrence, que « Saipem n’est qu’une affaire » « et « elle n’a pas été la seule ». D’après l’ex-PDG de la firme italienne, cet arbre qui cache la forêt s’est révélé au grand jour, suite à une guerre d’intérêts entre Chakib Khelil et Mohamed Meziane. « L’affaire est devenue publique à la suite d’un différend entre l’ancien ministre Chakib Khelil et Mohamed Meziane, PDG du groupe Sonatrach (à l’époque, NDLR) », explique Scaroni à son collaborateur, selon des propos traduits par le quotidien Echourouk et repris par le HuffingPost Algérie.
Quand ce « différend est apparu entre Khelil et Meziane, ils ont balancé cela à l’extérieur, je veux dire le ministre et le patron de Sonatrach… » ajoute Scaroni qui « pense qu’il y a un règlement de compte politique entre eux. » Des pots-de-vins d’une valeurs astronomiques seraient donc à l’origine de cette guerre entre les deux hommes forts du secteur de l’énergie à l’époque, déclarée à Alger avant de parvenir aux oreilles des magistrats du Parquet de Milan qui s’en sont ensuite emparés. Car, d’après Scaroni, le « règlement de comptes » porte « sur plusieurs affaires de corruption. »
La justice italienne, faut-il le rappeler, soupçonne huit responsables de Saipem, dont Scaroni, d’avoir versé des pots de vin s’élevant à 198 millions de dollars à l’ancien ministre algérien de l’Énergie, en contrepartie de marchés d’un montant global dépassant les 8 milliards d’euros. Les dessous- de-table présumés ont été versés entre 2007 et 2010 sur des comptes domiciliés dans des paradis fiscaux. Outre les personnes sus-citées, deux autres Algériens sont également poursuivis dans le cadre de cette affaire dite « Sonatrach2 ». Il s’agit de Farid Bedjaoui et Samyr Ouraied, tous deux fugitifs, et soupçonnés d’avoir servi d’intermédiaires dans ces versements illicites.