Le « scandale Air Algérie » dépasse maintenant les frontières nationales. La compagnie est aujourd’hui citée dans une affaire de corruption au Canada. Les soupçons portent sur le contrat de construction du nouveau siège d’Air Algérie, contrat obtenu en 2011 par la compagnie Sim International.
La construction du nouveau siège d’Air Algérie à Bab Ezzouar aurait été confiée à la compagnie canadienne Sim International suite à une faveur faite à des dirigeants d’Air Algérie par le président fondateur de Sim International, Bernard Poullain. Ce dernier aurait en effet invité des cadres d’Air Algérie sur le luxueux yacht de son associé, Antonio Accurso.
C’est Accurso lui-même qui a révélé cette affaire devant les membres de la commission d’enquête sur l’octroi et la gestion des contrats publics dans l’industrie de la construction au Québec. Ce magnat du secteur de la construction est entendu depuis plusieurs jours par la commission. Le 4 septembre dernier, il a déclaré avoir prêté son yacht à son associé, Bernard Poullain, lequel aurait invité des cadres de la compagnie Air Algérie pour une virée en Méditerranée.
« On soumissionnait un contrat en Algérie ; un partenariat avec Monsieur Poullain, et je crois qu’il a amené quelqu’un de Air Algérie […] C’est cela qu’il m’a dit. Il va y avoir du monde d’Air Algérie sur le bateau », a déclaré Accusto. Cette promenade maritime aurait par la suite permis à la compagnie de Poullain, SM International, de décrocher le contrat de construction du nouveau siège d’Air Algérie, pour un montant de 83 millions d’euros. Accusto n’a pas révélé l’identité des invités algériens de son associé. « Je ne connais pas la personne, je ne sais pas sa fonction dans Air Algérie », a-t-il assuré.
Contacté par le correspondant d’El Watan au Canada, Bernard Poullain a démenti les accusations d’Accusto. « Je n’ai jamais reçu sur le bateau un quelconque responsable d’Air Algérie. Je l’ai utilisé pour ma famille et mes amis […] Aucune invitation, négociation, discussion n’ayant eu lieu à ma connaissance, je ne vois pas de quel contrat il pourrait s’agir », a-t-il déclaré.
Le contrat entre Sim International et Air Algérie, résilié en 2013, fait aujourd’hui l’objet d’une procédure d’arbitrage international. Comme l’explique El Watan, « le marché portant construction du nouveau siège d’Air Algérie a pris une autre tournure après que Wahid Bouabdellah eut été limogé en juin 2011. Son successeur à la tête de la compagnie, Mohamed Salah Boultif, a décide de résilier le contrat après un litige relatif au payement des travaux supplémentaires qui ne figurent pas sur les plans du projet, réalisés par le bureau d’étude libanais Khatib et Allami. La résiliation du contrat a amené SMI à lancer, en avril 2013, une procédure d’arbitrage international. Le groupe canadien réclame à Air Algérie 90 millions d’euros de dommages et intérêts, au niveau de la Chambre de commerce international (CCI) à Paris. »