Algérie : Lafarge et les patrons algériens engagent un bras de fer

Redaction

Lafarge et la Confédération Générale des Entreprises Algériennes (CGEA) sont bel et bien entrés en conflit. L’entreprise de cimenterie accusée par le patron de la CGEA de « pratiques frauduleuses », vient de réfuter les accusations largement relayées dans la presse. 

Un climat de suspicion règne dans le milieu des affaires algérien depuis que Habib Yousfi, le président de la CGEA a lancé un pavé dans la mare. Ce dernier avait pointé du doigt Lafarge Algérie, en l’accusant de faire partie de « certains de ces opérateurs étrangers [qui] s’adonnent à des pratiques illégales et font montre d’un comportement digne de l’époque coloniale ».

L’entreprise française installée en Algérie a répondu trois jours après la publication des déclarations de Habib Yousfi, par le biais d’un communiqué rendu public le 26 octobre. Lafarge réfute toutes les accusations. « Ces propos graves et diffamatoires portent préjudice à l’ensemble de l’entreprise, à ses valeurs, sa réputation », explique l’entreprise dans son communiqué.

Et d’ajouter : « Lafarge-Algérie est engagée à œuvrer dans le strict respect des lois algériennes, en totale transparence vis-à-vis des autorités compétentes et est dotée, selon les bonnes pratiques internationales, d’un code éthique de conduite des affaires incompatible avec les pratiques alléguées par le président de la CGEA. » D’après le patron de la CGEA, Lafarge ne respecterait pas ses engagements à l’égard des entreprises sous-traitantes algérienne, avec lesquelles elle travaille, et même proposerait des contrats qui ne respectent pas les lois algériennes.

Habib Yousfi a même donné d’importants détails sur les relations entre les sociétés algérienne et la cimenterie française.  «Nos opérateurs économiques ont fourni des agrégats, et dans le cadre de cet accord qui n’a pas été respecté, l’investisseur Lafarge a mis d’une façon directe l’entreprise qui lui a fourni les agrégats en position de difficulté à cause du non-paiement des salaires des ouvriers qui ont travaillé pour eux», expliquait ainsi la CGEA.

De son côté Lafarge-Algérie a répondu qu’elle était « liée avec ses fournisseurs et sous-traitants par des contrats négociés dont les conditions sont convenues avec ces professionnels du métier; ses valeurs ne lui permettant pas de se soustraire à ses partenaires pour l’exécution de ces contrats, comme cela a été prétendu. »

Vérité ou diffamation ?

Si les déclarations du patron de la CGEA ne sont pas fondées et que l’entreprise française le souhaite, elle pourrait éventuellement engager des poursuites judiciaires pour diffamation. Chose qu’elle ne dit pas, mais qu’elle semble sous-entendre dans son communiqué.

« Lafarge-Algérie réfute vigoureusement les allégations contenues dans les déclarations de ce responsable et se réserve la prérogative de faire valoir ses droits en relation avec toute tentative de ce genre de nuire à son image et à sa réputation », est-il expliqué dans sa réponse aux accusations de la CGEA.

Pour l’heure, la justice ne s’est pas encore mêlée à cette affaire algéro-française. Aucune enquête officielle sur la cimenterie n’a été annoncée, malgré la requête de  Habib Yousi au ministère des finances. « Nous interpellons les autorités algériennes à bien vouloir examiner la situation financière de Lafarge», avait-il indiqué. Quant à Lafarge, elle n’a pas non plus engagé de poursuites judiciaires. Affaire à suivre.

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