Algérie : Le marché de l’automobile en folie par Hassan Haddouche

Redaction

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La chronique économique hebdomadaire d’Hassan Haddouche

 

C’est une véritable frénésie d’achat d’automobiles qui semble s’être emparée des Algériens depuis maintenant près de 2 ans. Tous les compteurs s’affolent et toutes les statistiques explosent. Déjà en 2011, les douanes algériennes annonçaient des importations de véhicules en hausse de plus de 37% avec près de 390 000 voitures  importées pour une facture supérieure à 4 milliards de dollars.

 

Pour des constructeurs automobiles souvent, en mauvaise posture sur leur secteur national, le marché algérien faisait déjà  figure de véritable eldorado. Renault , le leader, avait vu  en un an ses ventes passer de 63 000 à 76 000 véhicules. Hyundai progressait de 37 000 à 51 000 et Peugeot en troisième position de 23 000 à 35 000 véhicules vendus l’année dernière. On pensait dans les milieux spécialisés, on espérait dans les milieux gouvernementaux ,qu’après une pareille boulimie d’achat en 2011 le marché allait un peu se calmer en 2012.Et bien pas du tout ! non seulement le marché ne se tasse pas mais il continue au contraire de progresser à un rythme qui ne cesse de s’accélérer et qui risque de donner prochainement le vertige aux responsables économiques  algériens.

2012 , année de tous les records

Les chiffres pour 2012 sont encore peu connus et peu commentés mais ils montrent que, pour le premier semestre  de l’année en cours, l’Algérie a importé plus de 260 000 véhicules soit une nouvelle hausse de 49% par rapport à la même période de l’année dernière. La facture est déjà de plus de 3,5 milliards de dollars rien que pour les 6 premiers mois de l’année, et on est clairement en route vers le cap du demi million de véhicules importés qui devrait être dépassé allègrement à la fin de l’année 2012. Le coût des importations de véhicules devrait également exploser cette année et pourrait atteindre le montant faramineux de 7 milliards de dollars.

Du côté des constructeurs, on se frotte les mains. En six mois, Renault a vendu 63 000 véhicules en Algérie et, Peugeot, qui ne va pas bien du tout sur le marché européen, a vu ses ventes  en Algérie augmenter de près de 100% depuis le début de l’année. Il en a même profité pour prendre la place de numéro 2 sur le marché algérien à Hyundai qui n’est pas au mieux de sa forme. En fait les statistiques des douanes algériennes, qui sur ce chapitre sont bien faites et sont très à jour, recensent près de 35 concessionnaires auto, dont une dizaine ont importé chacun plus de 10 000 véhicules au premier semestre 2012.

Les « rappels » en question ?

Comment expliquer un pareil emballement du marché ? En 2008, une offensive tous azimuts du gouvernement algérien contre des importations en croissance exponentielle avait conduit d’abord à la suppression du crédit automobile par les banques algériennes puis à l’instauration d’une taxe sur les véhicules neufs. Les résultats n’avaient pas tardé à suivre et en 2009 et 2010, les importations de véhicules de tourisme avaient été contenues sous la barre des 300 000 unités ( 285 000 en 2010).

Depuis le début de l’année 2011, le changement de décor est complet. L’augmentation des revenus des classes moyennes algériennes, particulièrement des fonctionnaires, qui ont bénéficié au cours des 2 dernières années de « rappels » substantiels, sont montrés du doigt et expliqueraient pour l’essentiel, selon les responsables algériens eux-mêmes, le gonflement des importations de véhicules. « Que voulez vous que les gens fassent avec un rappel compris entre 500 000 et un million de dinars si ce n’est acheter une voiture ? »interroge un haut fonctionnaire .

En attendant Renault….

Que peuvent faire maintenant les autorités algériennes ? Il faudra d’abord qu’elles prennent connaissance des chiffres et conscience des dégâts. Ce qui sera fait probablement d’ici la fin de l’année. Ensuite elles pourront  compter sur une décrue « naturelle » des importations de véhicules en raison de l’épuisement progressif du phénomène de rappel sur les augmentations de salaires. Si cette dernière tarde à se manifester ou se révèle d’une ampleur insuffisante, il faudra peut être alors considérer sérieusement, enfin, les alternatives que constituent l’installation en Algérie de constructeurs automobiles étrangers.

En attendant , les dernières statistiques des douanes viennent de tomber. Elles concernent le mois d’août dernier. Je vous les livre en direct. Au mois d’août 2012, c’est à dire en plein ramadan et malgré les fêtes de l’aïd, les affaires ont continué et les importations de véhicules ont atteint 346 millions de dollars. Elles sont en augmentation de 74% par rapport au même mois de 2011. Puisque je vous dis que c’est de la folie !

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