L’appel de détresse lancé par le Collectif pour un transport moins cher vers l’Algérie révèle ce que beaucoup, dans les rédactions algéroises, savaient déjà : l’ampleur de la corruption et des passe-droits dépassent tout entendement au sein de la compagnie nationale, Air Algérie.
Les noms qui sont balancés ne sont en fait que l’arbre qui cache une forêt de passe-droits et de népotisme. Les noms qui paraissent dans la presse vont certainement frapper des millions d’Algériens qui vont se dire : «Ah, finalement, c’est normal que le service de la compagnie soit aussi médiocre ».
Mais en réalité, cela se passe partout dans les grandes entreprises nationales. La majeure partie de ces sociétés, à l’image d’Algérie Télécom, Algérie Poste ou encore Mobilis ou Sonelgaz fonctionnent avec des effectifs pléthoriques dus essentiellement à des recrutements de complaisance. Il y a quelques années, en effet, le limogeage d’un directeur général de Algérie Poste était du à sa volonté de « dégrader » la fille d’un cadre de l’UGTA. Salah Djenouhat, un influent cadre syndical, n’avait pas caché son « œuvre ». Il avait même défendu sa fille contre le dirigeant qui ne voulait, en réalité, que placer la fille à la place qui lui revient de droit, donc qui lui revient de droit par rapport à ses compétences.
Lors de la récente grève chez Air Algérie, beaucoup avaient évoqué l’influence sans cesse grandissante qu’exercent ces potentats sur les dirigeants de la compagnie. Tout le monde jasait à l’époque : c’est le frère d’un tel qui fait sa loi dans la compagnie, ou c’est encore la fille de tel responsable qui est à la tête du syndicat des hôtesses de l’air… Ces histoires ne sont pas des discours crus. Aujourd’hui, des noms sont mis. Cela interpellera-t-il le Pdg de la compagnie, Mohamed-Salah Boultif ? Pas si sûr. Il est lui-même impliqué. Le ministre des Transports ? Son frère fait partie de la liste rendue publique.
Cette liste ne va pas révolutionner les moeurs et les pratiques dans les entreprises publiques. Mais elle a le mérite d’exister et de casser la chape de plomb qui entoure les recrutements dans le secteur public.
Essaïd Wakli