Les banques privées algériennes se portent très bien. Leurs réseaux ont repris leur expansion et leur rentabilité est en forte progression. C’est ce que confirment les résultats financiers pour l’année 2011 publiés par la plupart d’entre elles au dernier trimestre de l’année dernière.
Les freins imposés au développement des réseaux des banques privées, qui étaient encore dénoncés en 2010, semblent ne plus être qu’un mauvais souvenir. L’année 2011 a été particulièrement favorable dans ce domaine pour la Société Générale Algérie dont les dirigeants avaient exprimé publiquement leur frustration au cours des dernières années, Société Générale Algérie n’annonce pas moins de 15 nouvelles agences ouvertes en 2011, ce qui porte son réseau à 78 agences opérationnelles. C’est ce qui a également permis aux effectifs de la banque d’atteindre près de 1500 employés et stimulé l’augmentation des dépôts en hausse de plus de 10%. Elle est suivie de près par son principal concurrent, BNP Paribas El Djazair qui a ouvert une dizaine de nouvelles agences en 2011 et annonce plus de 70 agences opérationnelles. Natixis Algérie est un peu en retrait, avec une vingtaine d’agences en activité et un objectif de 30 agences en 2013. Les banques privées à capitaux arabes ne sont pas en reste. Algeria Gulf Bank rapporte l’ouverture de 8 nouvelles agences début 2011, ce qui porte le réseau à une trentaine d’agences opérationnelles. Deux d’entre elles s’inspirent des concepts, nouveaux en Algérie, de self bankink et drive banking qui permet d’effectuer des retraits à partir d’un véhicule. A la faveur de cette extension de son réseau, la banque à capitaux koweitiens annonce 36000 clients et une croissance des dépôts de 31% en 2011.
Une rentabilité élevée
Les banques privées algériennes jouissent d’une rentabilité élevée et le retour sur investissement était estimé dernièrement à plus de 27% en moyenne. Société Générale Algérie revendique la place de première banque privée avec près de 300 000 clients annonce un bénéfice de 4,35 milliards de dinars en 2011, en progression de 28% par rapport aux 3,4 milliards de dinars enregistrés en 2010.
Parmi les banques à capitaux d’origine arabe, Algeria Gulf Bank (AGB), rapporte au titre de 2011, un bénéfice net de 2,6 milliards de dinars en hausse de 27% par rapport à 2010 et ainsi que le souligne le dernier rapport annuel mis en ligne récemment « de plus de 75% par rapport à 2009 ».Même son de cloche du côté de Housing bank. La banque à capitaux jordaniens a enregistré en 2011 un bénéfice net de 1,1 milliards de dinars et une progression record de 112% par rapport à 2010.
L’ « effet d’aubaine » du crédit documentaire.
Cette rentabilité est assurée essentiellement par un « écrémage » de la clientèle et le financement des opérations d’un commerce extérieur plus que jamais florissant, ou elles bénéficient aujourd’hui , selon la formule d’un banquier privé d’un « effet d’aubaine », dans le sillage de la généralisation du crédit documentaire imposée par les pouvoirs publics. Des performances qui restent évoquées avec discrétion par les banques à capitaux occidentaux mais qui sont affichées beaucoup plus franchement par les banques arabes. C’est ainsi que le rapport annuel d’AGB pour 2011 mentionne : « une hausse des commissions très marquée due, dans une forte proportion, au développement de l’activité commerce extérieur qui a vu la valeur des transferts vers l’étranger augmenter de 27% pour atteindre 2,4 milliards de dollars en 2011». Des résultats qui ont permis à la banque de « maintenir son avance en matière de trade finance qui constitue le pôle d’attraction principal de la clientèle.»
Même franchise du côté de Housing bank pour qui « les crédits par signature atteignent 20 milliards de dinars en 2011 et sont en hausse de près de 40%, en raison essentiellement de l’ouverture des crédits documentaires d’importation.»
En réalité, même si elles ne l’affichent pas toutes, de façon aussi claire, toutes les banque privées sont concernées par ce gonflement de l’activité et de la rentabilité du financement du commerce extérieur. On estime que les banques privées algériennes réalisent, en moyenne dans ce domaine, près d’un tiers de part de marché. Une performance qui est attribuée à la célérité qui caractérise l’exécution des opérations ; un argument qui semble avoir séduit beaucoup de clients, Les coûts de financement sont également très compétitifs, notamment dans le cas des grandes banques comme BNP Paribas, City bank ou HSBC, qui peuvent s’appuyer sur un réseau international permettant de réduire des coûts de confirmation. Ces derniers restent cependant très élevés – on parle d’un montant de 500 euros pour un crédit documentaire de 50 000 euros – comparativement à un mode de règlement classique comme le transfert libre désormais banni par la réglementation algérienne et qui représente pourtant selon des estimations d’experts plus de deux tiers du commerce mondial.
Hassan HADDOUCHE