Algérien cherche désespérément ses 130 euros

Redaction

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L’allocation touristique fixée à 130 euros depuis le début de cet été est-elle encore un droit garanti par la loi en Algérie ? Aujourd’hui, les Algériens peinent à retirer leurs 130 euros (l’équivalent de 15.000 DA) auprès des banques algériennes ou étrangères installées en Algérie.

« Nous n’avons plus de devises dans nos caisses. On ne peut pas vous donner vos 130 euros », répond tout de go un agent de guichet dans une agence de la Banque de Développement Local (BDL) située à la Place de l’émir Abdelkader à Alger. D’un ton sévère et volontairement antipathique, cet agent refoule les clients de cette banque publique sans fournir la moindre explications. Et pourtant, l’allocation touristique est un droit accordé aux Algériens qui voyagent à l’étranger. Un droit qui ne semble plus d’actualité puisque, dans cette banque, on accepte d’acheter des euros mais on refuse de les vendre.

De nombreuses autres banques situées à Alger-Centre refusent également de vendre des euros, devise pourtant nécessaire aux Algériens qui se déplacent à l’étranger. Dans une agence de la Banque Nationale d’Algérie (BNA) située en face de la Grande-Poste, les voyageurs algériens qui souhaitent obtenir leur allocation touristique, munis de leurs passeports et de leurs billets d’avion comme le stipule la loi, sont également priés de revenir « une prochaine fois ». « Nous n’avons plus de devises. Nous serons ravitaillés demain à partir de 11 H. Mais venez plus tôt. Les premiers arrivés seront les premiers servis même si je ne vous garantis rien », explique avec une franchise déconcertante l’employé de la BNA chargé de s’occuper des clients voulant acheter leurs 130 euros.

Les banques privées internationales installées à Alger se distinguent quant à elles par une pratique controversée. Elles réservent la vente d’euros à leurs clients. À l’agence de la Société Générale située au niveau du boulevard Colonnel Amirouche, il est imposé aux citoyens d’ouvrir d’abord un compte bancaire dans cette agence avant de pouvoir retirer l’allocation touristique, ce qui est contraire à la loi en vigueur.

À l’Arab Bank, une autre banque internationale située à la Place de l’ émir Abdelkader, on répond sèchement aux clients que « la banque ne propose pas ce service ». « Allez voir les banques étatiques, c’est mieux ! », indique encore un responsable de la banque. Pourtant, la réglementation bancaire régissant le  droit de change  s’applique sur toutes les banques qui officient en Algérie, qu’elles soient privées ou publiques.

Finalement, à Alger-Centre, il n’y a que la Banque Extérieure d’Algérie (BEA), dont une agence est située boulevard Larbi Ben M’hidi, qui permet aux Algériens de retirer la fameuse allocation touristique. Ceci dit, « il faut se présenter à partir de 9 H et ne pas venir au-delà  de 12 H », prévient l’agent responsable de la caisse qui délivre les 130 euros aux voyageurs. « Nous sommes la seule banque qui continue à offrir ce service sans interruption. Les autres banques refusent de le faire pour des raisons inexpliquées. Par conséquent, nous sommes surchargés et les caisses des devises se vident rapidement. Nous traitons au bas mot une cinquantaine de passeports par jour », confie ce même agent, visiblement révolté contre le manque d’implication des banques concurrentes.

Dans ce contexte, les Algériens sont pris en otage et sont amenés régulièrement à se rendre au marché parallèle pour se procurer des euros à des prix exorbitants. Pour un euro, il faut dépenser plus de 158 DA. Du jamais vu.

L’allocation touristique est donc devenue un luxe, pour laquelle il est nécessaire d’avoir des connaissances bien placées au sein du système bancaire. Pourtant, cette allocation est dérisoire. À titre de comparaison, les Tunisiens ont le droit à une allocation touristique de près de 3000 euros par an. Au Maroc, depuis 2013, la dotation touristique annuelle est fixée à plus de 3500 euros par voyage.

En avril dernier, Abderrahmane Benkhalfa, expert financier et ancien délégué général de l’Association des Banques et Établissements financiers, est monté au créneau pour demander aux autorités algériennes d’instaurer une allocation touristique d’un montant de 1000 dollars (740 euros) par an, afin de soulager les voyageurs algériens. Mais cette proposition est restée lettre morte, de sorte que les barons du marché parallèle se frottent les mains.

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