Que se passe-t-il entre le consortium japonais, Cojaal, chargé de la réalisation du tronçon Est de l’Autoroute Est – Ouest, et les autorités publiques ? Une polémique a éclaté depuis quelques semaines au sujet de supposées factures impayées, une situation qui a provoqué un ralentissement de la cadence des travaux.
Si le Ministère des travaux publics, ainsi que les responsables de l’agence nationale des autoroutes (ANA) affirment que les factures ont bel et bien été payées, la direction du groupe en question avance le contraire. En tout cas, il est clair que l’une des deux parties ne dit pas tout sur cette affaire. Ainsi, le Ministre des travaux publics, Amar Ghoul, a déclaré jeudi, lors d’une visite d’inspection à Alger que «le coût global des travaux devant être réalisés dans le cadre de ce chantier a été versé le 12 mars 2013 par le gouvernement au Fonds national de l’investissement (FNI)». Selon lui, «l’Etat a honoré son engagement et maintenant c’est au partenaire japonais d’être à la hauteur de ses obligations contractuelles». A cet effet, Ghoul somme Cojaal «d’améliorer le rythme des travaux sur les tronçons restants pour l’achèvement du projet dans les plus brefs délais».
Des travaux qui concernent le tronçon Constantine-Skikda, d’une longueur de 65 kilomètres, auquel il ne reste, informe le Ministre, que «le bitumage de 250m et l’aménagement des trois tunnels sur ce tronçon. Ce dernier comprend 5 échangeurs et 9 viaducs». A rappeler que le directeur général de l’Agence nationale des autoroutes, Mohamed Ziani, a déclaré, lui aussi, le 8 mai dernier, que «l’argent réclamé par le consortium japonais a été versé, il y a près de deux mois, par le gouvernement algérien». Pour celui-ci «ce sont les Japonais qui n’ont pas encaissé ces fonds pour des raisons qui n’ont rien à voir avec la partie algérienne». Ziani a signalé que Cojaal «n’a pas présenté, jusqu’ici, la prorogation du délai de caution, document indispensable et réglementaire à présenter dans la conclusion de ce genre de transactions». Un délai expiré pourtant en octobre 2012. D’ailleurs, le DG de l’ANA menace le consortium japonais de «mesures coercitives». Mais, l’Agence ne semble pas vouloir aller vers le conflit puisque, ajoute Ziani, elle a exprimé, «il y a deux jours lors dune réunion avec la partie japonaise, son entière disposition à fournir tout document administratif pouvant aider les Japonais à obtenir la prorogation du délai de caution».
Si la partie japonaise n’a pas présenté «la prorogation du délai de caution», comme cela fut indiqué, pourquoi le gouvernement a-t-il versé «le coût global des travaux devant être réalisés dans le cadre de ce chantier» au Fonds national de l’investissement (FNI) ? A moins que ce dernier organisme n’ait pas transféré les fonds vers Cojaal pour les raisons signalées ci-dessus. Et là, il est inconvenant de dire que les factures étaient payées.
Il est clair qu’il y a un problème de fond, lié notamment aux surcoûts dus au retard enregistré dans la réalisation. Le chantier de ce tronçon Est a démarré en 2006. Il devait être livré dans un délai de 40 mois, c’est-à-dire en 2010. Aujourd’hui du travail reste à faire encore. Le non paiement des factures, évoqué par Cojaal, a provoqué un mouvement de protestation de la part des sous-traitants qui réclament leur dû aussi. Le personnel du chantier risque aussi de se retrouver en chômage technique. Il est nécessaire aujourd’hui que toute la lumière soit faite autour de cette affaire. D’ailleurs, c’est tout le chantier de l’autoroute Est – Ouest qui doit être visé par une enquête sérieuse.
Elyas Nour