Les retardataires pour lesquels une session extraordinaire du baccalauréat a été prévue sont aux « abonnés absents » : plus de 80% des candidats attendus du 13 au 18 juillet 2017 dans le cadre du rattrapage ont déserté les centres d’examens à travers tout le pays.
Est-ce une opportunité qui n’a pas été mesurée par ces derniers ou une volonté de boycotter une nouvelle fois l’examen ? Ce qui est sûr, c’est que les quelques 100.000 candidats exclus de la première session de juin pour cause de retard ne sont pas les seules victimes de ce fiasco. Encore une fois, le gouvernement algérien bloque l’accès aux réseaux sociaux pendant les horaires d’épreuves.
Ce qu’il faut retenir de cette mesure, c’est que certaines personnes contactées par nos soins ne voient pas Internet comme un moyen de divertissement ; de nos jours, ces dernières en font un gagne-pain, comme le cas de Merouane Benabdeslem, propriétaire du site électronique ALGERIE-ECO.COM, ne parvenant plus à atteindre ses chiffres et donc rentabiliser son activité. Il nous explique qu’ « en consultant les statistiques de son site, il est surpris par la baisse d’audience enregistrée ces derniers jours depuis le début des épreuves du bac ». Merouane nous explique qu’ « il est impossible de publier des articles ou contacter les intervenants dont il a besoin, ce qui se répercute sur son travail du quotidien ».
« J’ai aussi des difficultés à convaincre les annonceurs qu’il s’agit d’une mesure prise par les autorités, à leur tête le ministère de l’Éducation nationale», poursuit-il. « Je risque de perdre gros, à savoir mes clients à cause de ces coupures Internet qui deviennent infernales à la longue ». conclut Merouane Benabdeslem.
Un autre témoignage parmi tant d’autres, se joint à la série de plaintes que nous avons reçues. Il s’agit d’Amine, propriétaire d’un cybercafé. Il dit que cette coupure Internet « lui a fait perdre ses revenus habituels de la matinée ».
B.A, lui, ne travaille que sur Internet avec des étrangers. Ce dernier nous raconte qu’ « il avait un travail très urgent à envoyer, hélas sans succès, et que s’il s’aventurait à expliquer à des étrangers qu’en 2017 en Algérie il y’avait toujours des coupures internet, il aurait peur de leurs réactions qui seraient certainement sarcastiques ».
Une certaine Katia nous a contactés pour nous raconter son problème actuel du au blocage des réseaux sociaux, dont certains sont devenus professionnels : « Je travaille essentiellement avec des fournisseurs européens et nos échanges se font généralement par email. J’arrive le matin au bureau, je suis bloquée n’ayant pas accès à ma boite de réception et je n’arrive donc pas à contacter mes partenaires ».
Enfin, pour ne citer que ceux-là, car de très nombreuses personnes doivent être dans cette même situation déplorable, Naïla, ayant oublié qu’il y’avait une seconde session du BAC, pensait au départ que c’était un problème au niveau du réseau de téléphonie mobile. Cette dernière a contacté son opérateur pour avoir plus d’explications : « Si c’est au niveau du gouvernement, même les opérateurs de téléphonie mobile devraient entamer une grève pour dire NON à cette mesure, je suis certaine que les autorités seraient appelées à réfléchir à d’autres solutions, car de toute façon nous le savons tous, les fuites de sujets ne sont pas dues à Internet »
Est-ce vraiment une bonne solution, couper Internet, paralyser des entreprises et priver plusieurs personnes de contacter leurs collaborateurs, de réaliser leurs chiffres d’audience sur le net ou tout simplement de parler à leurs familles qui habitent loin, dans le seul but de donner la chance à des candidats qui n’ont même pas voulu la saisir en s’absentant ? De toute façon, le gouvernement fait ce qu’il veut, mais quelle solution proposerait-il à ces gens : une session rattrapage ?