L’instruction ministérielle annulant l’autorisation préalable pour l’exercice de l’activité de commerce de gros des boissons alcoolisés a bel et bien été « gelée par le Premier ministre ». C’est ce qu’a affirmé le ministre du Commerce himself lors de son passage sur les ondes de la Chaîne III de la Radio nationale, ce mercredi 14 avril.
Tout en réaffirmant que l’instruction de son prédécesseur ayant établi ladite autorisation en 2006, à laquelle il a sursis récemment, était « illégale ». Amara Benyounès a ménagé le Premier ministre qui l’a pourtant désavoué publiquement, cédant ainsi à des « manipulations » et à du « lobbying » de la part de cercles « politiques », « médiatiques » et « mafieux ». « Le Premier ministre, qui veut apporter de la sérénité et de l’apaisement dans cette affaire, a décidé de geler cette instruction », a justifié M. Benyounès.
« Manipulations et lobbying«
« D’abord, il faut rappeler le contexte dans lequel se déroule cette affaire. Il y a eu beaucoup de manipulations, beaucoup de lobbies qui sont intervenus », a-t-il ajouté, avant de se dire « étonné par la collusion d’un certain nombre d’intérêts » entre les barons de ce créneau très lucratif. Pour étayer son propos, le ministre a avancé l’exemple d’une wilaya, dont il n’a pas voulu citer le nom, où une manifestation (contre la vente de boissons alcoolisées, NDLR) a été organisée par deux revendeurs de boissons alcoolisées agréés parce qu’ils veulent rester seuls et garder le monopole. » L’invité de la Chaîne III a ainsi justifié son instruction libéralisant la vente de gros des spiritueux par sa volonté de lutter contre l’informel et mettre un terme à la situation de monopole. « Ce qui m’importe dans cette affaire, c’est que plus de 70% des ventes se font dans l’informel et plus de 70% (des produits) proviennent de la contrebande », a-t-il argumenté.
« Lynchage médiatique sans précédent »
Amara Benyounès s’est dit « victime d’un lynchage médiatique d’un certains nombre de médias absolument hallucinant, et qu’on n’ a pas vu depuis l’indépendance contre un ministre de la République ». D’après lui, « derrière cette affaire, il y a des objectifs politique et mafieux ».
A l’adresse de ses détracteurs islamo-conservateurs, qui ont surfé sur la fibre religieuse pour justifier leur rejet de l’instruction de Benyounès, celui-ci a lancé à leur adresse : « Il faut rappeler une chose très importante par rapport à cette affaire : Je ne suis pas un religieux, je ne suis pas un homme de religion, je ne suis pas un imam, je ne suis pas un mufti. Je suis un ministre de la République algérienne démocratique et populaire. Ce qui est important pour moi, c’est ce qui est légal et qui n’est pas légal. » Autrement dit, on n’est pas dans une théocratie. Sauf que le gouvernement ne le voit pas de cet oeil. Il le fait savoir en gelant l’instruction de Benyounès.
Malgré l’affront, Beyounès défend le gouvernement
Cependant, au lieu de démissionner suite à l’affront que lui a fait subir Sellal en cédant aux caprices du sinistre Abdelfatah Hamadache et ses acolytes, Amara Benyounès persiste dans sa servilité zélée. « Nous sommes un gouvernement responsable. Le Premier ministre a gelé l’instruction dans un souci, je le rappelle, d’apaiser la situation », a-t-il soutenu.