Commerce extérieur algérien : quand la Chine détrône la France par Hassan Haddouche

Redaction

Dans le domaine du commerce extérieur algérien, si la diversification des exportations n’est pas au rendez-vous, celle des fournisseurs en revanche, se précise. Si on en juge par les derniers chiffres disponibles, du mois de juillet, la France pourrait bien perdre, cette année, et  pour la première fois depuis l’indépendance, sa place de premier fournisseur de l’Algérie au profit de la Chine. Une question qui semble en tout cas prise très au sérieux par les autorités françaises, ainsi qu’en témoigne les déplacements  fréquents à Alger de  nombreux ministres  dans le sillage de la visite effectuée en décembre dernier par le Président français.

Du commerce à l’investissement ?

La transition d’un partenariat dominé par les relations commerciales à des liens fondés sur l’investissement est un classique des relations algéro-françaises. C’est dans le but de maintenir une position que la ministre française du commerce extérieur, Nicole Bricq, juge «  fragile et soumise à une érosion régulière au fil des ans » que les autorités françaises affirment vouloir proposer à l’Algérie « un partenariat plus dense, plus pérenne et plus équilibré qui passe aussi par l’investissement »

Dans ce domaine la ministre française du commerce extérieur rappelle que le stock d’investissements français en Algérie s’élève à près de 2 Milliards d’euros en estimant que «  le rythme ne se dément pas ». Elle ajoute que la présence française est particulièrement diversifiée et « couvre de nombreux secteurs, que ce soit dans l’agro-alimentaire, l’industrie ou les services. Mais nous pouvons faire plus et mieux.

Les entreprises françaises participent pleinement à la production industrielle algérienne. Elles contribuent au développement économique du pays, avec 35 000 emplois directs, près de 100 000 indirects. Il est néanmoins vrai que nous devons faire en sorte que nos grandes filières de biens d’équipement soient plus présentes encore ». Outre celui de Renault, elle rappelle également que «  plusieurs grands projets d’investissement d’entreprises françaises sont en cours de discussion, je pense notamment à Lafarge et à Total. Au-delà de ces grands noms, il y a de nombreux projets d’investissement conduits par des entreprises de taille intermédiaire ou des PME »

 Energies renouvelables : les français affichent leur savoir faire

L’ambitieux programme de développement des énergies renouvelables annoncé en Algérie, qui prévoit d’assurer près de 40% de la production d’électricité à l’horizon 2030, n’a pas non plus échappé aux autorités de l’hexagone. C’est dans ce cadre qu’un groupe de journalistes algériens viennent d’effectuer en France, un voyage d’étude destiné à exposer le savoir faire hexagonal dans ce  domaine en pleine expansion.

Les acteurs français activant dans le développement des énergies renouvelables mettent surtout en avant  leur fort potentiel technologique de recherche et de savoir-faire permettant, notamment, sur la production de l’énergie solaire à des coûts  désormais très compétitifs.

Dans la région de Grenoble, un organisme de recherche de grande envergure, l’Institut national français de l’énergie solaire (INES), cohabite sur un site dédié principalement  aux énergies renouvelables avec de nombreuses entreprises spécialisées. Il consacre l’essentiel de ses activités à la recherche, à l’innovation ainsi qu’à la formation dans le segment du solaire. «Les coûts de l’énergie solaire ont énormément baissé ces dernières années et nous croyons fortement que le photovoltaïque va gagner la bataille de la compétitivité par rapport aux autres formes de production d’électricité», assure le directeur général de l’INES, Jean-Pierre Joly. N’hésitant pas à afficher son scepticisme  à l’égard du  projet solaire Desertec, notre interlocuteur estime, néanmoins, que les énergies nouvelles sont vouées à connaître une formidable expansion dans les années à venir.

Sur le même site, la société Soitec cible surtout les régions du globe à fort ensoleillement. Son vice-président, José Beriot, est à l’affût de tout projet en Algérie dans le domaine du solaire. La règle des 51/49%, assure-t-il, ne constitue pas un obstacle à la concrétisation d’éventuels partenariats avec Sonelgaz avec laquelle des contacts ont déjà été pris.

 De  réelles  opportunités de partenariat

Pour de nombreuses entreprises françaises du secteur des énergies renouvelables la taille du marché est aujourd’hui un facteur critique de croissance. L’importance du potentiel algérien est clairement perçue comme un levier susceptible de faire décoller une activité et des projets souvent encore  réduits à une taille modeste. Si du côté de la filiale des énergies nouvelles du groupe Areva, on explique clairement que, dans l’immédiat, une éventuelle participation au programme algérien consisterait exclusivement en des offres de technologies clés en main, la plupart de nos interlocuteurs indiquent, en revanche, être tout à fait disposés à aller vers d’éventuels projets de partenariat et d’investissement en Algérie impliquant une forte délocalisation de l’activité. Cet  intérêt pour d’éventuelles collaborations dans la réalisation de projets solaires en Algérie est affiché par des entreprises implantées dans la région bordelaise, dont Sunna Design, une start-up spécialisée dans les solutions d’éclairage public solaire, et Exosun, qui agit dans le domaine des suiveurs solaires permettant d’optimiser la productivité des centrales photovoltaïques. «Même si nous n’avons pas encore décroché de marchés en Algérie, nous y avons déjà identifié de potentiels sous-traitants pour l’avenir » assure  le directeur commercial d’Exosun, Jean-Marc Fabius, qui considère que près des 2/3 de la valeur des équipements qu’il propose pourraient être produit en Algérie.

La formation au menu

Les critiques récurrentes dont fait l’objet la stratégie des entreprises chinoises en matière de main d’œuvre n’ont  pas non plus échappé à leurs concurrents français. Dans le but de maintenir un flux d’échange important face à la concurrence croissante des pays émergents, c’est également de façon  plus nouvelle  que les autorités françaises relayent  désormais  un des thèmes favoris des entreprises hexagonales  installées en Algérie : celui de la formation. «  Les entreprises françaises installées en Algérie ont de plus en plus recours aux cadres et employés algériens. Nombre d’entre elles développent d’ailleurs des programmes de formation et se félicitent des résultats obtenus » affirme Mme Nicole Bricq. Une des principales annonces, et d’ailleurs la plus concrète, intervenue au cours de la visite de François Hollande a été le renforcement de la coopération dans le domaine de la formation professionnelle. Elle doit se traduire par l’ouverture prochaine en Algérie de trois instituts aux capacités importantes  dont la réalisation, nous a-t-on assuré en juillet dernier,  avance normalement.

Hassan Haddouche