Decryptage/ L’Algérie renonce au gaz de schiste…enfin pour l’instant

Redaction

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L’Algérie a décidé depuis janvier dernier de cesser les travaux d’exploitation du gaz de schiste sur les champs expérimentaux du sud du pays en faveur des énergies renouvelables. Une revirement inattendu salué par les spécialistes de l’environnement. Décryptage.

Depuis son lancement par l’ancien gouvernement Sellal, le projet d’exploitation du gaz de schiste a suscité la grogne de la majorité des Algériens et plus particulièrement les habitants d’In Salah. Outre la fermeture immédiate d’un puits expérimental en fonctionnement, la population locale réclamait également le renoncement pur et simple au projet.

Des arguments environnementaux avancés…

Infographie - la fracturation hydraulique, une méthode contestée
Infographie – la fracturation hydraulique, une méthode contestée

Le principal argument invoqué concerne l’impact potentiel sur l’environnement, de par son mode d’exploitation, la fracturation hydraulique. Cette méthode, la seule connue aujourd’hui, peut avoir des conséquences directes de pollution des nappes phréatiques entre autres. Malgré cette forte mobilisation populaire, soutenue par certaines ONG, le gouvernement n’avait jusqu’alors jamais reculé.

Et voilà qu’en avril dernier, miracle ! Nourreddine Bouterfa, l’ex-ministre de l’Energie, annonce que le gouvernement renonçait à ce projet pour se consacrer aux énergies renouvelables. « L’avenir est aux énergies renouvelables« , avait-il déclaré. De l’Eldorado économique au fléau énergétique, il n’y a qu’un pas. La résistance populaire serait-elle la principale et seule cause de ce changement radical ? Pas vraiment.

…mais une réalité économique qui s’impose…

Selon certains spécialistes, d’autres causes, plus économiques celles-ci, ont poussé le gouvernement à changer d’avis et à décréter un moratoire sur la question. En effet, plusieurs études internationales remettent en cause la rentabilité de l’exploitation du gaz de schiste. Même aux Etats-Unis d’Amérique, la révolution gaz de schiste n’a finalement pas eu lieu. Elle commence même à être abandonnée par les grosses compagnies pétrolières. Sonatrach de son côté est, elle aussi, contrainte de revoir sa copie. La baisse du prix du baril de pétrole a entraîné avec elle la chute conséquente des cours du gaz de schiste. Sans parler des coûts d’exploitation, extrêmement élevés. La plus importante compagnie pétrolière d’Afrique devait donc trouver d’autres solutions pour compenser la perte de revenus des énergies fossiles. Pourquoi pas investir dans les énergies hydraulique, solaire, éolienne, géothermie, etc. ? C’est en tout cas la solution envisagée par le gouvernement.

…avec un programme ambitieux mais surtout opportuniste

Un important programme de développement d’énergies renouvelables vient d’être lancé. Il faut savoir que notre pays ne produit actuellement qu’environ 500 mégawatts d’électricité « propre ». Ce nouveau programme, très ambitieux, projette d’atteindre en 2030, plus de 12.000 mégawatts, notamment en construisant une station solaire photovoltaïque de plus de 4.000 mégawatts, et à l’horizon 2050 connecter des centrales solaires du Sud à celles du Nord et augmenter ainsi, encore, les capacités de productions électriques. Néanmoins, la mise en œuvre de ce projet nécessite des efforts considérables pour qu’elles soient compétitives face au pouvoir des énergies fossiles.
Un projet ambitieux donc, mais assez opportuniste, puisque le gouvernement ne renonce pas tout à fait au gaz de schiste tellement controversé. Si demain, le baril de pétrole dépasse les 80 dollars, il n’est pas exclu de relancer le projet. Attendons de voir, surtout après le nouveau remaniement ministériel. Pour l’instant, ni Mustapha Guitouni ni Fatma Zohra Zerouati, respectivement nouveaux ministre de l’Energie et ministre de l’Environnement, n’ont fait de déclaration à ce sujet.

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