L’année 2013 devrait être inaugurée par une nouvelle introduction en Bourse. L’Offre Publique de Vente lancée par NCA permettra pour la première fois la cotation d’une entreprise spécialisée dans la production de produits de large consommation. Elle constituera aussi selon Slim Othmani : « un signal fort pour les investisseurs étrangers ».
Les Nouvelles conserveries algériennes (NCA), qui produisent les jus de fruits de la marque Rouiba, ont reçu le feu vert de la Cosob pour une entrée à la Bourse d’Alger. le PDG de la société, M. Slim Othmani le confirme : « Nous avons obtenu, fin décembre 2012, le visa de la Cosob pour introduire environ 25 % du capital de notre société en Bourse. Nous espérons être cotés entre le 17 et le 20 mars prochain ».
NCA Rouiba sera ainsi la deuxième entreprise à capitaux privés cotée à la Bourse d’Alger, après l’assureur privé Alliance Assurances dont l’introduction date du début de l’année 2011. Fondée en 1966, NCA Rouiba, a réalisé un chiffre d’affaires de près de 6 milliards de dinars en 2012. L’entreprise emploie 450 salariés. Un peu plus de 30 % de son capital sont détenus par le fonds d’investissements international Africinvest à la suite de l’ouverture du capital de cette société familiale en 2005 qui fut à l’époque la première expérience de ce type en Algérie selon M. Othmani.
Evoquée avec insistance au cours des dernières années, l’entrée en Bourse de NCA intervient à la suite d’une procédure qui a déjà duré près d’une année depuis le dépôt du dossier de l’entreprise auprès de la Cosob. Les dirigeants de NCA doivent maintenant « réactualiser » ce dossier avant de passer à la phase finale qui consistera dans le placement proprement dit des actions mises en vente auprès du grand public. Prévue pour le milieu du mois de mars prochain, cette opération devrait s’étaler « sur une période de 15 jours à 3 semaines ». L’entreprise sera accompagnée dans cette dernière ligne droite par BNP Paribas el djazair qui conduira un pool de banques algériennes. Pour Slim Othmani, le succès de l’opération ne fait pas de doutes. Il assure qu’elle permettra « pour la première fois en Algérie la cotation en Bourse d’une entreprise spécialisée dans la production de produits de large consommation connus et compris par le public ».
« Un signal fort pour les investisseurs »
C’est la principale originalité de cette opération : le PDG de NCA précise que l’introduction en bourse de sa société s’effectuera à travers une offre publique de vente (OPV) et ne se traduira donc pas par une augmentation de capital. L’objectif est essentiellement de permettre la cession au grand public de la plus grande partie des actions d’Africinvest ainsi que de celles de « plusieurs autres petits actionnaires de la société ».
Beaucoup de spécialistes en sont convaincus. L’atrophie du marché boursier algérien bloque l’essor du capital risque faute de porte de sortie pour les investisseurs. A travers le visa accordé par la Cosob à NCA , l’Administration algérienne, à la suite d’une longue concertation entre le ministère des finances et la Banque d’Algérie, vient donc pour la première fois d’approuver la sortie d’un investisseur étranger via la Bourse. Les avantages pour Africinvest sont nombreux. Ils permettent de sécuriser un éventuel transfert du capital dans un contexte d’hyper contrôle de la Banque d’Algérie. Ils garantissent en outre des plus-values de cession qui sont actuellement défiscalisées par la réglementation. Slim Othmani considère qu’il s’agit d’un « signal fort adressé aux investisseurs étrangers ».
Vers le 51/49 via la bourse ?
Peut être aussi la première étape vers l’application d’une des propositions phares des experts qui travaillent depuis plus de 2 ans, autours de la Cosob et avec le concours du PNUD sur un plan de développement de la Bourse d’Alger. .L’utilisation de la bourse pour faciliter l’application de la règle du 51/49 est l’un des aspects les plus audacieux des propositions formulées par les experts réunis par la Cosob., Depuis la LFC 2009, les entreprises étrangères sont tenues de s’associer à des partenaires algériens majoritaires et à respecter lors de l’ouverture de leur capital, le droit de préemption de l’Etat concernant la cession de leurs participations. « L’autorisation donnée à ces entreprises de céder à la bourse une partie de leur capital sans demander à l’Etat s’il désire les reprendre lui-même dans le cadre du droit de préemption va inciter davantage ces entreprises à s’introduire en bourse, » selon les initiateurs du programme.
Une lueur d’espoir
Le plan de sauvetage de la Bourse d’Alger dont les grandes lignes ont de nouveau été restituées au cours d’une journée d’information organisée en décembre dernier devrait selon ses initiateurs, permettre « dans un délai de 5 à 8 ans » de faire passer le nombre de sociétés cotées de 3 à 38 et à la capitalisation boursière de grimper à 10 milliards de dollars. En attendant, et à plus court terme, il faudra se contenter du maigre bilan publié par le récent rapport annuel de la Cosob pour 2011 qui fait état d’une dégringolade du marché obligataire qui n’a enregistré aucune nouvelle émission et dont la capitalisation a été divisée par 2 en raison de l’arrivée à échéance de nombreux emprunts. Pour le compartiment action, le même rapport évoque sans dévoiler leur identité les demandes de visas de 3sociétés dont on sait qu’il s’agit de NCA qui vient d’obtenir le visa de la Cosob ainsi que Maghreb Leasing Algérie et Salama Assurances. Le directeur de la Bourse d’Alger, Mustapha Ferfara, affirmait de son coté récemment qu’ «au moins une dizaine d’ entreprises sont clairement intéressées par des opérations d’admission en Bourse et comptent se préparer activement à cet effet ».
Hassan Haddouche