La ruée vers la grande distribution par Hassan Haddouche

Redaction

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L’engouement que suscite chez les Algériens l’émergence des grandes surfaces est indiscutable. Le rush vers les nouvelles enseignes est à la mesure de la frustration ressentie depuis plusieurs décennies. Il est synonyme pour nos compatriotes d’accès à un modèle et une société de consommation qui  semblait inaccessible et réservé à d’autres cieux. Aujourd’hui, c’est de façon décomplexée qu’un nombre croissant d’Algériens découvrent la grande distribution et ses plaisirs.

Une découverte qui est aussi pour les pouvoirs publics nationaux celle, plus tardive, des avantages économiques de cette activité. « L’intérêt des infrastructures de grande distribution, est qu’elles jouent un rôle de locomotive et de levier pour toute l’industrie et la PME » déclarait, à Bouira, le ministre du Commerce, Mustapha Benbada, en marge de l’inauguration, en septembre 2011, d’un «  Uno Shopping Center » appartenant à Numidis, filiale du groupe Cevital. Lors du même événement, le P-DG du groupe Cevital, Issad Rebrab, avait estimé que « c’est la grande distribution qui développera l’industrie », en annonçant que  des projets similaires du groupe seront inaugurés à Mostaganem et à Aïn Defla.

Après l’échec et la fermeture des grandes surfaces étatiques expertes en gestion de la pénurie, au début des années 90, le terrain de la grande distribution est resté longtemps en jachère. Quelques pionniers nationaux appartenant au secteur privé ont tenté de le ranimer au début des années 2000 à l’instar des groupes Blanky et Cevital. Ils ont rapidement été imités par d’autres entreprises qui à leur tour, soit seules, soit en partenariat avec des enseignes étrangères, ont investi dans cette filière qui ne cesse de se développer. Pour l’instant, les enseignes les plus connues  en Algérie sont les quatre mousquetaires. Ardis, Numidis, Family Shop et Galaxy, qui insufflent au secteur un regain de dynamisme économique et commercial. Ces investisseurs, en dépit des nombreuses contraintes qu’ils rencontrent dans la réalisation de leurs projets (l’absence ou l’insuffisance d’assiettes foncières, la concurrence déloyale du fait du développement incontrôlé de l’informel, qui évolue en terrain conquis encouragé en cela par le laxisme des autorités, le manque d’infrastructures de stockage, l’absence de centrales d’achats, etc.) continuent à affirmer leur volonté d’aller plus loin dans la couverture du territoire national en infrastructures de grande distribution, avec toutes les retombées économiques et sociales que cela implique   en termes de création d’emplois et de développement local.

Un retard encore important

En dépit du dynamisme des entrepreneurs algériens, la grande distribution dans notre pays accuse encore un retard important par rapport à nos voisins immédiats. La faute à un démarrage tardif. Une étude réalisée récemment  par le cabinet américain AT Kearney portant sur l’évolution de la grande distribution dans 30 pays émergents à “fort potentiel pour le commerce de détail”, positionnait l’Algérie au 21e rang, loin derrière certains pays maghrébins. A titre d’exemple, la grande distribution contribue à concurrence de 12% du PIB au Maroc et 10% en Tunisie. Est-il pensable qu’une capitale comme Alger, qui frise les 4 millions d’habitants, ou d’autres mégapoles régionales telles qu’Oran, Annaba, Constantine, etc. soient si peu dotées en infrastructures commerciales ?  Un tel retard est d’autant plus préjudiciable que cette filière contribue activement à la création d’emplois, sans parler des  apports financiers pour les  collectivités locales  et pour  le  Trésor public.

Un retard qui pourrait être comblé rapidement si on en juge par exemple par les ambitions du président du groupe Cevital, Dans un entretien accordé au journal français La Tribune, il déclarait voici quelques mois: « Nous allons ouvrir à l’horizon 2025 une dizaine de centrales logistiques d’achat, et 150 supermarchés » A  moyen terme, le même groupe envisage d’ouvrir 12 à 15 hypermarchés et de créer 3000 emplois directs. Le fait notable aujourd’hui semble être la convergence de deux facteurs décisifs qui ne manqueront pas de se traduire par des effets positifs sur le développement de la grande distribution. Il s’agit, d’une part, de l’importance des investissements privés nationaux qui accorde un intérêt croissant au secteur et, d’autre part, de la mise en place d’un nouveau dispositif réglementaire datant de 2010 qui fixe les modalités ainsi que les conditions d’implantation et d’aménagement des espaces commerciaux, mettant fin à l’anarchie qui caractérisait cette filière.

HassanHaddouche

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