Les assurances algériennes sont plus que jamais dépendantes de la branche automobile dont la part de marché dépasse désormais largement la moitié du chiffre d’affaire du secteur. L’activité du marché est plombée par les assurances de personnes, récemment filialisées, dont le chiffre d’affaire reste extrêmement modeste.
Voici quelques jours, le PDG de la SAA, M. Latrous Lamara, qui préside également aux destinées de l’Union des assureurs algériens et qui capitalise aujourd’hui près de 50 années d’expérience dans la profession, annonçait et commentait en avant première sur une chaine de radio nationale les performances du secteur pour l’année 2012.
Avec un chiffre d’affaires proche de 100 milliards de dinars l’année dernière, contre 86 milliards en 2011, la contribution du secteur à la richesse nationale demeure fort modeste ; environ 0,6% du PIB, loin des résultats obtenus par les pays voisins qui atteignent dans ce domaine 2 à 3% du PIB.
Le taux de croissance, supérieur à 12%, enregistré en 2012, peut paraître élevé. Il est en réalité imputable pour l’essentiel à la branche automobile dont le chiffre d’affaires est en hausse très sensible et représente aujourd’hui plus de la moitié ( 52%) de l’activité des assurances algériennes. Le rythme de croissance des autres branches est très en retrait particulièrement pour les assurances de personnes qui peinent encore à digérer leur filialisation intervenue en juillet 2011 et restent le parent pauvre du secteur. Pas d’évolution sensible non plus pour l’assurance habitation qui couvre à peine 15% du parc de logement, selon M.Latrous ,ou encore pour l’assurance cat-nat, théoriquement obligatoire, et qui reste clouée au sol.
Les “performances” de la branche auto
La diversification de son activité , synonyme de marché plus mature et attendue depuis de nombreuses années, n’est donc pas au rendez vous. L’assurance auto reste plus que jamais la mamelle du secteur. Une position confortée, comme l’indique le Conseil national des assurances depuis plus de 2 ans, par la croissance rapide « d’un parc automobile de plus en plus jeune, incitant à la souscription aux garanties dommages et qui s’est réalisée malgré la suppression des crédits à la consommation intervenue en septembre 2009 ». La croissance du parc n’est cependant pas seule en cause et la branche auto est aussi caractérisée par la diversification des produits proposés à la clientèle et la souscription de garanties facultatives qui représentent désormais un peu plus de 80% de la production de la branche auto.
1 million d’accidents de la circulation !
Tout irait donc pour le mieux dans le meilleur des petits mondes de l’assurance auto si différents acteurs ne signalaient de longue date la persistance, voire même le développement dans la période récente, des déséquilibres et des pratiques plus ou moins déloyales qui ont caractérisé la branche au cours des dernières années.
Au chapitre des déséquilibres financiers tout d’abord ,le président de l’UAR affirme qu’ « à chaque fois qu’une compagnie d’assurance encaisse 100 dinars de prime sur la responsabilité civile obligatoire, elle paye 237 dinars de sinistres ». 80 % des 46 milliards de dinars de règlement de sinistres effectués en 2012 ont été versés au titre de la branche automobile qui a enregistré le chiffre astronomique de près d’1 million d’accidents de la circulation. Un domaine qui reste le maillon faible dans la profitabilité de l’activité en 2012 malgré la décision prise il y a 3 ans de majorer de 20% les tarifs , fixés par l’Etat, de l’assurance obligatoire. D’ou l’introduction probable et peut être prochaine, évoquée par le Président de l’UAR, d’une nouvelle demande d’augmentation des tarifs dont M. Latrous souhaite le doublement. Une demande qui a cependant peu de chances d’obtenir l’agrément du ministère des finances.
Assurance auto : la fin de la guerre des tarifs ?
Et pour cause , la plupart des compagnies parviennent en effet à compenser très largement le déficit de l’assurance obligatoire grâce aux revenus procurés par les garanties facultatives, certaines d’entre elles n’hésitent cependant pas à évoquer dans ce dernier domaine une guerre des tarifs faite de remises multiples et de pratiques de dumping qui les font parler d’ « une concurrence sauvage qui fait perdre au secteur plusieurs milliards de dinars de chiffre d’affaires ».
C’est dans le but de mettre de l’ordre dans ces pratiques qu’un protocole d’accord a été finalement signé au début de l’été dernier dans le domaine de l’assurance tous risques. L’accord conclu par 13 assureurs publics et privés et approuvé par le ministère des finances fixe à 50% les abattements sur les assurances tous risques automobiles au profit des entreprises et à 30% les remises en direction des particuliers. Il est appliqué depuis la rentrée 2012.
Hassan Haddouche