C’était ce matin même sur une chaine de radio nationale. Le patron du FCE, Reda Hamiani confirmait que, son organisation soutient pleinement la proposition, déjà formulée par l’UGTA, d’un rétablissement du crédit à la consommation en faveur de la production nationale. Le « patron des patrons algérien » précise que le crédit auto restant suspendu, une telle mesure devrait pour l’instant concerner essentiellement les articles d’ameublement ainsi que l’électroménager. Le retour du crédit à la consommation, déjà évoqué au cours des éditions précédentes, devrait donc figurer en bonne place lors de la prochaine tripartite prévue à la fin du mois de septembre. Difficile, en effet de trouver un sujet qui fasse autant l’unanimité au sein des partenaires sociaux.
Dès le printemps 2011 le ministre des finances M. Karim Djoudi indiquait que le retour au crédit à la consommation était « possible » mais serait, le cas échéant, « exclusivement destiné à la production nationale dotée d’un taux d’intégration important ». Plus récemment, à l’occasion des tripartites organisées en mai et septembre 2012, le rétablissement du crédit à la consommation en faveur de la production nationale a également été réclamée avec vigueur à la fois par l’UGTA et le patronat qui en ont fait un de leur principaux cheval de bataille.
Les banques peu intéressées par le crédit aux particuliers
Le consensus ne s’arrête pas là et ce point de vue semble partagé par un des principaux intéressé : la Banque d’Algérie elle-même. Dans ses publications récentes, elle relève que la modicité du crédit aux particuliers est un des aspects les plus frappants de la faiblesse des performances du secteur bancaire. La Banque d’Algérie note que « l’importance accrue des dépôts en dinars des ménages, alimentée par l’augmentation des revenus salariaux et des transferts budgétaires, contraste avec le niveau des crédits bancaires qui leurs sont accordés ». Un décalage qui confirme, relève la banque centrale : « la faiblesse de l’intermédiation bancaire au profit des ménages». Conclusion du régulateur du secteur bancaire, l’accroissement des dépôts « doit être appuyé par une amélioration soutenue des services bancaires de base à la clientèle dans l’objectif d’une inclusion financière accrue ». Signalons enfin que les missions du FMI en Algérie recommandent depuis 2 ans le rétablissement du crédit à la consommation en le conditionnant à la mise en place d’une centrale des risques des crédits aux particuliers.
Centrale des risques : La Banque d’Algérie se hâte lentement
Puisque tout le monde semble d’accord, la question est de savoir ce qu’on attend pour décider du rétablissement d’un instrument qui provoque une telle unanimité ? La réponse est également fournie par le ministre des finances : « la protection des ménages en termes d’endettement, grâce à une centrale des risques sur les ménages », est l’autre condition du retour au crédit à la consommation ». La propension des ménages algériens à ne pas rembourser les crédits bancaires inquiète en effet fortement les pouvoirs publics. Elle a déjà été la cause principale, bien que non affichée, de la suspension du crédit auto. D’où la nécessité pour la Banque d’Algérie de moderniser sa vieille centrale des risques qui ne déclare jusqu’à présent que les crédits supérieurs à 2 millions de dinars.
Un nouveau règlement a été publié dans ce sens en juin 2012 qui prévoit que les banques et les établissements financiers « sont tenus d’adhérer à la centrale des risques de la Banque d’Algérie et de déclarer l’identité des bénéficiaires de crédit, les plafonds de crédit et les encours de crédit qu’ils accordent à leurs clients, quel qu’en soit le montant, de même que les garanties prises pour chaque type de crédit, ainsi que les montants non remboursés de ces encours de crédits ». Les banques déclarent mensuellement tous les concours qu’ils octroient à leur clientèle d’entreprises et de particuliers, Les crédits accordés à leurs personnels par les banques sont également déclarables à la centrale des risques .
Malheureusement ce nouvel instrument n’existe pas encore et attend toujours l’identification de l’entreprise qui aidera la Banque centrale à le mettre en place. M. Laksaci avait évoqué en juin dernier l’échec d’une première entreprise retenue en 2012 dans le but de mener à bien le projet. Un deuxième appel d’offre a été lancé voici à peine quelques jours pour sélectionner un autre prestataire en mesure de l’exécuter.
Hassan HADDOUCHE