Elles contrôlent 90% du trafic aérien entre la France et l’Algérie/ Comment Air Algérie et Aigle Azur manipulent les prix des billets

Redaction

Le juteux marché du transport aérien entre la France et l’Algérie est partagé entre 2 compagnies « amies » : Aigle Azur et Air Algérie. Les deux compagnies contrôlent à elles seules près de 90% du trafic aérien entre la France et l’Algérie. Elles sont présentent d’une manière exclusive sur plus de 92% des aéroports internationaux algériens.

En termes de prix du billet d’avion, l’accord bilatéral Franco-Algérien  relatif aux services de transport aérien exclut toute concurrence déloyale, les prix sont fixés entre les compagnies au moins trente (30) jours avant la date prévue pour leur entrée en vigueur  (voir article 14 du dit accord), il est clair et évident que les deux compagnies sont les principaux décideurs du prix du billet entre les deux pays, prix qui atteint les 600 euros en période estivale.

La « concurrence bridée« , qui ne représente que 10% du marché, ne peut alors que s’aligner sur les tarifs imposés par le véritable duopole « Air Azur » (Air Algérie – Aigle Azur) et en profitent à leur tour des passagers méprisés. Le « concurrence bridée » ne dessert principalement que l’aéroport d’Alger, une ou deux des autres compagnies peuvent desservir celui d’Oran et les autres aéroports restants ce sont les « KASSAMATES » du couple « Air Azur ».

Aucun des aéronefs récemment acquis par la compagnie Air Algérie ne l’a été sur fond propre, ils sont l’objet de dotations astronomiques du budget de l’Etat algérien ou plutôt l’argent du peuple algérien, car le pouvoir algérien lui aussi n’a jamais engendré un centime de bénéfices : il veut basculer du pompage des puits de pétrole au pompage des poches des algériens.

Et pourtant, malgré une part de marché de près de 54% pour Air Algérie dans le trafic entre la France et l’Algérie, et un quasi-monopole au niveau des lignes intérieures, la compagnie Air Algérie ne dégage aucun bénéfice, pire même, elle enregistre des pertes colossales et reste toujours déficitaire.

Mais pour éviter que ces pertes ne soient rendues publiques, il faut « bidouiller les chiffres » comme l’a annoncé récemment monsieur le ministre des transports lors d’un nouvel épisode de chaise musicale maquillé en « éviction » du dernier PDG pour tromper les algériens. En effet, Mohamed Abdou BOUDERBALA n’a pas eu à présenter son bilan, ni même à expliquer son échec. Son prédécesseur Mohamed Salah BOULTIF non plus n’a pas présenté son bilan. Pire encore, il est parti avec un chèque d’un milliard de centimes et une voiture de fonction !

Les caisses de la compagnie nationale qui devraient déborder sont vides …. Hélas Air Algérie n’a pratiquement jamais été gérée normalement ! Air Algérie n’a jamais su profiter de cette manne que lui offre son imposante part de marché.

La comptabilité analytique est inexistante chez Air Algérie et les bilans financiers de la compagnie ne sont même plus rendus publics depuis bien longtemps, les dégâts sont trop colossaux. Le dernier bilan publié date de 2009 et ne faisait qu’une seule page (un petit diagramme qui ne permet pas de vérifier le détail) !

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Sans scrupules, le premier ministre Abdelmalek SELLAL et le ministre Boudjemaa TALAI déclarent à la télévision que chez Air Algérie deux salariés sur 3 sont inutiles. Même chose chez Tassili Airlines. Désormais, l’expression algérienne devient : WAHED YAHLAB W-RAB3IN Y’CHEDOU EL-MAHLAB (Un trait la vache et quarante autres tiennent le pot du lait). Ensuite, au lieu d’annoncer un plan d’actions pour sortir la compagnie du chaos, le ministre-candidat aux législatives rassure les 6500 pensionnaires d’Air Algérie et rajoute : « Nous allons encore en embaucher ! ». Pire encore, il y a quelques mois, il annonçait sur la chaine TV Al-Bilad la fin du parachutage, hélas quelques temps après cette déclaration, il plaçait ses deux nièces chez Tassili Airlines. Le CCTA n’attend pas une simple démenti du ministre TALAI. Seul un audit réalisé par des experts indépendants pourra démentir/confirmer cette information.

La compagnie Air Algérie présente tous les symptômes du chaos :

1-      Plombée par une masse salariale, qui dépasse les 10.000 salariés, et handicapée par des agences commerciales en surnombre (34 à l’étranger dont 7 en France, 30 agences rien qu’à la wilaya d’Alger),

2-      Des parachutés ingérables : par exemple, au comptoir d’Air Algérie à l’aéroport de Lille, le fils du député Djamel BOURAS a agressé un passager. Au comptoir d’Air Algérie à l’aéroport d’Orly, une salariée a tabassé un passager. A l’agence de Paris, la fille du président du Sénat Abdelkader BENSALAH est un véritable atome libre sur lequel le directeur fantoche n’a plus aucun pouvoir, où aussi la belle-sœur de Said BOUTEFLIKA arrive souvent dans un état second en agence, mais personne n’ose parler ….

3-      Des salaires prohibitifs pour certaines catégories de personnels (salaires et avantages colossaux pour les agents dans les agences à l’étranger ;

4-      Des salaires annuels de 3 milliards de centimes pour les commandants de bord,

5-      Des billets entièrement gratuits distribués à plusieurs catégories de fonctionnaires ;

6-      Une gestion opaque des ressources financières ;

7-      Une absence totale de transparence des ressources humaines et notamment en termes de recrutement,

8-      Maintien de nombreuses lignes déficitaires à l’international pour le confort de privilégiés ;

9-      Vols de bagages et d’objets dans les bagages

10-  Un chantage des syndicats du pouvoir qui empêche Air Algérie de se moderniser

11-  Etc. …

Même si la valse des PDG fait croire en l’expression d’une volonté de « faire mieux », aucun PDG, même sélectionné parmi les meilleurs au monde, ne pourrait dans l’état actuel de la compagnie, faire sortir Air Algérie de son chaos.

La crise que traverse Air Algérie n’est pas conjoncturelle, mais bien structurelle, car elle est liée aux fondements même de son organisation et son fonctionnement.

L’intérêt des algériens (qui se soit des consommateurs ou des simples citoyens) est d’en finir immédiatement avec les subventions étatiques qui ne vont jamais transformer une entreprise familiale sociale en une entreprise commerciale. 

Les algériens de l’Algérie profonde souffrent actuellement du chômage, de l’inflation, de la crise, de l’austérité, d’un niveau de vie très bas, alors qu’une caste de privilégiés d’Air Algérie continue à se dorer la pilule avec largent du peuple.

 

Pour le collectif CCTA, il est temps que les autorités algériennes ouvrent les espaces aérien et maritime à la concurrence réelle sans exclure les compagnies low-cost étrangères afin de favoriser et développer les échanges économiques, culturels et familiaux à l’intérieur même de l’Algérie et entre l’Algérie et les autres pays. Mais aussi relancer le secteur de tourisme en Algérie.

Une contribution du Collectif Contre la Cherté des Transports vers l’Algérie (CCTA)