Face aux prévisions alarmantes de nombre d’experts affirmant le recours imminent de notre pays à l’endettement extérieur pour faire face à la crise, le ministre des Finances, Abderrahmane Benkhalfa, sort de sa réserve et contre-attaque.
« L’Algérie n’a pas besoin de l’endettement extérieur, elle a besoin de l’argent des Algériens, de ses ressources internes qu’elle veut intégrer dans le circuit bancaire et ce n’est pas une opération conjoncturelle, mais une démarche qui s’inscrit dans la durée », a indiqué, hier dimanche, le ministre des Finances, Abderrahmane Benkhalfa, cité par l’APS.
Pour intégrer les fonds informels dans le circuit formel, le gouvernement semble miser sur le dispositif de « conformité fiscale volontaire », lancé à la mi-août dernier, permettant aux barons de l’informel de blanchir leur argent en le plaçant dans le circuit bancaire. En contrepartie, ces derniers devront s’acquitter d’une taxe forfaitaire libératoire de 7% au profit de l’administration fiscale.
Un tel chantier est bien évidemment très difficile à réaliser, voire utopique. Et pour cause, d’une part, une bonne partie de l’argent informel, s’élevant à des milliards en monnaie forte, a déjà été transférée, durant les quinze dernières années, au delà de nos frontières ou blanchie par divers procédés à l’intérieur du pays. En la matière, les chiffres officiels et les scandales portés à la connaissance de l’opinion publique ne sont que la partie visible de l’iceberg. D’autre part, le pouvoir qu’ont les barons de l’informel sur la décision politique, du fait de la connexion entre les deux milieux, qui est un secret de polichinelle, les met à l’abri de toute poursuite et leur garantit de poursuivre leurs affaires sans s’acquitter d’une quelconque taxe, ne serait-ce d’un dinar symbolique.
Le gouvernement sait, évidemment, que sa démarche n’a aucune chance d’aboutir. D’ailleurs, le premier argentier du pays a souligné que l’Algérie « ne compte pas sur la taxe de 7% pour avoir des ressources, mais veut juste impliquer le milieu des affaires dans le développement ». Reprenant le discours emphatique auquel nous ont habitués nos dirigeants, M. Benkhalfa verse, à son tour, dans la démagogie et le populisme en rabâchant que l’Algérie « n’est pas en position de malaisance financière ». Pourtant, tous les signaux sont au rouge et nombre d’éminents experts ne cesse de tirer la sonnette d’alarme depuis belle lurette. Le temps a fini par leur donner raison. Mais pas nos gouvernants.
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