Décryptage/Pourquoi la Bourse d’Alger va décoller en 2016

Redaction

Depuis quelques temps, les « observateurs » annoncent chaque année le décollage de la Bourse d’Alger. Bonne nouvelle, cette année c’est sûr, 2016 sera bien  l’année de la Bourse.

En 2016, le marché financier algérien, si discret depuis sa création voici plus de 15 ans va commencer  à sortir de sa léthargie et à faire parler de lui. Un ambitieux programme d’introduction en bourse d’une quarantaine d’entreprises avait  été annoncé voici près de 3 ans. Un programme qui a tourné au ralenti au cours des dernières années .Pourquoi les choses seront-elles différentes cette année ? Parce qu’un nouveau contexte financier est en train de s’installer. Il sera  marqué de façon croissante  par les besoins de financements considérables  de l’Etat qui devrait conduire à  la réduction des fonds prêtables des banques. C’est ce nouvel environnement financier qui va pousser les entreprises, publiques et privées,à regarder du côté de la Bourse et qui  plaide aujourd’hui clairement en faveur d’une relance du marché financier national .

Biopharm donne l’exemple

 

Pour relancer la Bourse d’Alger  en 2016 , C’est une entreprise privée, Biopharm, qui   donne l’exemple. L’entreprise dirigée par la famille  Kerrar mettra en vente, à compter du 13 mars, plus de 5 millions d’actions, correspondant à une part de 20% de son capital social, en vue de son entrée en Bourse. Biopharm deviendra ainsi  la cinquième entreprise à être cotée à la Bourse d’Alger après El Aurassi, Saidal, NCA Rouiba et Alliance Assurances.

Tout de suite après, c’est le secteur public qui prendra le relai grâce à  la cimenterie de Aïn El Kebira. L’entreprise qui appartient  au Groupe industriel des ciments d’Algérie (GICA) a obtenu le visa de la Cosob  il y a quelques semaines pour  ouvrir 35% de son capital aux investisseurs du grand public.

Aux dernières nouvelles, deux autres dossiers d’entreprises publiques sont quasiment prêts  pour leur entrée en Bourse cette année. Il s’agirait  des dossiers de Mobilis et d’une filiale de Cosider. Les cas de la Compagnie algérienne d’assurance et de réassurance (CAAR) et celui du Crédit populaire d’Algérie (CPA), également retenus par les pouvoirs publics pour une entrée en Bourse, prendront plus de temps. L’assureur public est en phase d’évaluation  tandis que l’entrée en Bourse du CPA nécessite un ajustement de la réglementation bancaire. Du côté des entreprises  privés, l’entreprise ADdisplay (ex Avenir Décoration), très présente dans l’affichage public dans nos grandes villes,   prépare également son introduction en Bourse dans les prochains mois.

Un programme de relance ambitieux

Ces différentes entrées en Bourse ne constitueront encore qu’un premier pas vers la réalisation de l’ambitieux programme de relance de la Bourse d’Alger dévoilé  voici déjà quelques années. Il devrait permettre, «dans un délai de 5 à 6 ans», de faire passer le nombre de sociétés cotées de 4 à 40, et à la capitalisation boursière de grimper à 10 milliards de dollars. Dans une perspective de plus long terme, la cible retenue est de parvenir à 25% du PIB et un objectif de 150 sociétés présentes en Bourse.

Pour atteindre de tels  objectifs, l’entrée en Bourse des quelques entreprises déjà retenues par les pouvoirs publics  ne suffira pas. La quasi-totalité des spécialistes en sont convaincus : Il faut initier à la Bourse d’Alger  «un flux d’émissions permettant d’atteindre la taille critique de capitalisation boursière». On doit, pour  certains d’entre eux, lancer  un plan de «privatisation par la Bourse de toutes les entreprises publiques éligibles immédiatement ou à terme». A commencer par les banques et les établissements financiers ainsi que le secteur des télécommunications dont les sociétés doivent  ouvrir leur capital en Bourse.

Les obligations aussi

Cette relance du marché financier  ne va pas concerner uniquement le département « actions » de la Bourse d’Alger. Le budget de l’Etat qui finançait généreusement les investissements des entreprises publiques  au cours des décennies écoulées  est désormais  à court de ressources. De nombreuses entreprises , publiques notamment , vont donc  être conduites à s’adresser à la Bourse d’Alger pour financer une partie de leurs programmes d’investissement en y réalisant des emprunts obligataires. On sait déjà que Sonelgaz sera la première entreprise publique à réaliser cette année une telle opération. Elle devrait être suivie par beaucoup d’autres de ses consoeurs .

Les particuliers et les investisseurs institutionnels

L’ampleur de l’appel à l’épargne que ces nombreuses entreprises vont effectuer risque d’être considérable au regard de la taille actuelle du marché financier algérien.  En dépit de ses ambitions élevées, les chances pour ce programme de trouver un écho favorable auprès des épargnants ne sont cependant pas négligeables à condition , soulignent nos interlocuteurs, que « les opérations soient bien menées ». On s’attend d’abord à ce que le Trésor « instruise les investisseurs institutionnels » pour jouer le rôle de locomotive et ouvrir la voie à l’épargne des particuliers.  « Les banques et les compagnies d’assurances publiques mais également les caisses de retraite ou d’assurance chômage ont un rôle essentiel à jouer dans l’animation du marché financier pour lequel elles n’allouent aujourd’hui aucun montant ;leurs excédents de trésorerie étant placés en totalité en Bons du Trésor notamment depuis l’affaire Khalifa ».

L’expertise nationale est disponible

Pour accompagner les entreprises vers leur admission  en Bourse, beaucoup de spécialistes expriment le souhait que les pouvoirs publics fassent  appel en priorité  à l’expertise financière nationale qui est aujourd’hui bien présente dans le secteur. C’est notamment le cas d’un expert comme Liès Kerrar qui  défend cette idée avec vigueur en estimant  qu’il est aujourd’hui « très important de faire appel à l’expertise nationale qui est disponible et qui a déjà fait ses preuves » . L’entreprise qu’il dirige  a d’ailleurs notamment accompagné beaucoup d’entreprises publiques dans les nombreux emprunts obligataires réalisés au milieu  de la dernière décennie . Le patron d’Humilis Finance considère qu’une telle démarche « permettra de consolider les firmes locales  existantes comme le montre l’expérience  de la  Tunisie ou du  Maroc ».

 Hassan Haddouche

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