L’Algérie, l’un des pires pays pour faire des affaires

Redaction

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Le classement « Doing Business » de la Banque mondiale a été publié lundi. Il dépeint une Algérie qui peine à convaincre dans le monde des affaires.

« Doing Business » comme « Faire des Affaires ». Tel est le nom du rapport annuel de la Banque Mondiale qui permet de se faire une idée sur les pays les plus accueillants pour les entrepreneurs. Pour y arriver, la Banque Mondiale passe au crible dix indicateurs parmi lesquels le cadre réglementaire, l’accès au crédit, le raccordement à l’électricité, l’obtention de prêts, le paiement des impôts, etc.

Le rapport « Doing Business » fournit une cartographie plutôt complète du monde des affaires, puisqu’il examine la situation de 10.000 professionnels dans 189 pays. Le quinté de tête n’a pas bougé depuis six ans : Singapour, Hong Kong, la Nouvelle-Zélande, les Etats-Unis et le Danemark. L’Algérie fait peine à voir : elle figure au 153e rang et perd deux places en un an.

L’Algérie en recul sur presque tous les indicateurs

A l’heure où le Projet de Loi de Finances 2014 (PLF) veut attirer davantage d’investisseurs en Algérie, le « Doing Business 2014 » sonne comme un sérieux désaveu. L’Algérie est en recul sur neuf des dix indicateurs comme l’atteste cet extrait du rapport :

Algérie Doing Business 2014

Sur la facilité de créer une entreprise, l’Algérie perd cinq places en un an. En cause : les procédures administratives trop nombreuses (14 en Algérie contre 8 en moyenne en Afrique et au Moyen-Orient et 5 dans les pays de l’OCDE). Notre pays pèche aussi côté délais : comptez 25 jours pour créer une entreprise contre moins de 20 dans les pays de la même zone et 11 dans l’OCDE.

Plus compromettante : la performance algérienne pour l’obtention d’un permis de construire. Sur ce seul critère, l’Algérie perd 11 rangs en un an !!! Là, ce n’est pas temps le nombre de procédures que le temps pour obtenir le précieux sésame qui nous coule. Il faut 241 jours, soit une centaine de plus que les autres économies du classement.

Autre critique sévère des lenteurs algériennes sur le critère du raccordement à l’électricité. Selon la Banque Mondiale, la situation a empiré en un an. Alors qu’il faut moins de 90 jours pour obtenir une ligne dans les autres pays, l’institution estime à 180 jours – six mois – le délai nécessaire pour avoir des prises fonctionnelles pour une entreprise. Long, trop long, et souvent décourageant pour les entrepreneurs.

Le rapport note des défaillances sur d’autres points. Sur l’obtention de prêts par exemple, le « Doing Business 2014 » relève l’absence de registre privé d’information sur le crédit. Les seuls registres sont publics et ne couvrent que 2,4% des adultes. Or, dans les pays de l’OCDE, c’est le privé qui relève la moyenne puisqu’il constitue une source d’information sur 66,7% de la population.

L’Algérie est-elle un paradis fiscal pour les entreprises ? Non, répond la Banque Mondiale. Il y a plus d’impôts qu’ailleurs, et à des taux moins intéressants comme le résume ce tableau (cliquer pour agrandir) :

Impôts en Algérie

Timide amélioration sur l’insolvabilité

Seul critère en hausse : le règlement de l’insolvabilité. L’Algérie gagne même une place dans le « Doing Business 2014 » sur ce seul indicateur ! Le rapport souligne que le délai est plus court en Algérie que dans les autres pays d’Afrique et du Moyen-Orient : 2,5 années pour notre pays, 3,2 ailleurs.

Idem en ce qui concerne le taux de recouvrement, plus de 40% supérieur chez nous ! Il est de 41,7 cents par dollar en Algérie, contre 29,44 dans les pays de la même zone.

Un classement contesté

Loin de faire l’unanimité, le classement de la Banque Mondiale demeure fortement contesté, notamment par la Chine qui remet en cause les « méthodes erronées » utilisées pour le réaliser. Une critique venue de la bouche du vice-représentant chinois à la Banque mondiale lors d’une intervention publique fin 2012. A l’époque, le président de la Banque mondiale Jim Yong Kim avait commandé un audit externe sur le « Doing Business ». Ses conclusions, sans appel, ont pointé des faiblesses méthodologiques.

L’édition 2014 ne devrait pas échapper à de nouvelles critiques chinoises puisque la deuxième puissance économique mondiale a été reléguée de la 91e à la 96e place.

Dans le Maghreb, c’est la Tunisie qui sort grande gagnante du classement. 51e au niveau mondial, elle demeure le pays maghrébin le plus performant pour les entrepreneurs. Le Maroc est 87e, la Mauritanie 173e et la Libye 187e.

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