Fin observateur de la scène politique et économique de notre pays, l’analyste financier Ferhat Aït Ali revient, dans cet entretien, sur les questions de l’heure et propose des pistes de relance. Il milite pour « des orientations réalistes et rationnelles ».
Algérie Focus: La chute des cours du brut depuis juin 2014 était-elle prévisible avant cette année?
Ferhat Aït Ali: Le cours des hydrocarbures, au même titre que ceux de n’importe quelle matière première, sont sujets à des fluctuations dues à une multitude de facteurs dont les plus importants sont évidemment l’offre et la demande, qui sont eux-même la résultante d’autres facteurs plus complexes à gérer pour un fournisseur même majeur.
De ce fait, la ruée vers les hydrocarbures de schiste aux Etat-Unis, et leur production qui allait crescendo depuis 2007, transformait de facto un client principal sur le marché, en client semi-autonome pour le pétrole et quasi autonome pour le gaz, et ne pouvait pas passer sans produire un séisme sur le marché mondial, surtout avec une stagnation de la consommation, induite par le ralentissement de l’économie mondiale, mais aussi par les avancées techniques dans le domaine des énergies alternatives.
Le marché étant mu par des réflexes irrationnels, il ne faut pas un grand déséquilibre entre l’offre et la demande, pour faire évoluer le cours dans les limites d’un coefficient de trois ou quatre, en réaction à un excès ou manque de 2 ou 3% des quantités disponibles.
Ainsi, la situation était prévisible avant 2014 et même à partir de 2011, par simple analyse des courbes de production américaines et canadiennes, et de puits forés à la faveur des cours anormalement haut du pétrole que rien ne justifiait aussi. Ces courbes permettaient d’imaginer qu’en 2014, l’excédent d’offre sur le marché était prévisible pour 2014 ou au plus tard début 2015, et nous y avons fait référence en 2012.
La facture des importations n’a pas réellement baissé, et des produits considérés comme « inutiles » pour l’économie sont toujours importés. Quelle lecture en faites-vous?
Pour maintenir un certain équilibre de la balance de paiements, et pas seulement de la balance commerciale, de manière à maintenir en l’état le réserves de change, il faudrait avoir les moyens, d’agir en amont, sur la nature des besoins de l’appareil économique restant actif et de la société, mais aussi une base de données de nature à renseigner sur les détails de nos importations en nature, en quantité/qualité et prix, pour juguler et les importations inutiles ou superflues et les surcoûts et surfacturations induites par des politiques et des textes mal étudiés ou mal orientés, ou par manque de perspicacité chez les décideurs du moment, comme les concepteurs de la Loi de finances complémentaire 2009.
Le second problème, vient du fait que pour maintenir en l’état ou faire croître les rentrées fiscales de l’Etat, en dehors de la rente pétrolière, il faut tenir compte de la structure même de la fiscalité ordinaire nationale, qui ne produit dans les fait que 25% de ses recettes à partir de l’IRG prélevé sur les redistributions de l’Etat, ou forme de salaires et autres pensions.
Tout le reste est directement induit par ces importations qui génèrent 42% directement à partir du port, sous forme de TVA sur les importations et de droits de douanes, et le reste sur les plus-values, bénéfices et revenus directement induits par la revente ou la transformation de ces importations, mais surtout sur leurs reventes.
Par conséquent, toute réduction des importations de moitié, pour maintenir une balance commerciale excédentaire et une balance de paiements équilibrée, ne peut être conséquente, sans représenter la même incidence sur la fiscalité ordinaire interne dans la même proportion, moins les 25% d’IRG sur salaires.
A titre d’exemple, on peut estimer qu’au cours actuel du dinar, une réduction des importations de l’ordre de 50% entraînera une réduction de la fiscalité ordinaire de l’ordre de 40%, soit 1100 milliards de dinars sur les 2600 prévus initialement.
Le seul moyen de juguler en partie ce manque à gagner, serait de renégocier ou rompre les différends accords de libre-échange avec L’Union européenne (UE) et la Zone arabe de libre échange (ZALE), ou la réorientation des importations vers des zones taxables comme l’Asie ou les Amériques du Nord et du Sud. Ce qui me parait difficile et même porteur de risques dans d’autres domaines.
Il ne faut pas aussi perdre de vue que l’orientation de l’essentiel du PIB national vers les ports durant les 10 dernières années, aura des conséquences immédiates et sur ce PIB et sur une pléthore d’activités qui n’auront aucun moyen de perdurer ou de se recycler dans l’immédiat, comme les transporteurs de marchandises, les revendeurs et même les grossistes, entraînant dans leur sillage d’autres segments qui se nourrissent en partie des revenus de ces franges de la populations jusque-là considérées comme au sommet du pouvoir d’achat local, par la perversion même de notre économie
Les importations utiles et inutiles, restent à définir et à estimer en qualité et montants, avant de penser à leur limitation ou interdiction, pour en calculer les incidences tant sur la balance devises que sur les segments concernés par cette activité de revente de futile et de superflu qu’il aurait fallu juguler au départ même.
Il s‘agit donc de ne pas opérer dans la panique, en créant les instruments de remplacement des produits importés utiles, ainsi que de véritables sources de revenus pour les ménages et de fiscalité pour l’Etat, avant de penser serrer en amont et pressuriser en aval, un circuit mal orienté au départ.
Les réserves de changes et le Fonds de régulation de recettes (FRR) s’amenuisent. Pensez-vous qu’à ce rythme, ces deux fonds s’épuiseront totalement ? Si oui, à quelle échéance ?
Pour ces deux fonds, qu’il ne faut pas confondre, le FRR, a perdu a vocation d’épargne publique à partir du premier prélèvement pour combler le déficit du Trésor public, et est de ce fait devenu une simple caisse de transit pour les prélèvements mensuels de fiscalité pétrolière convertis au cours du jour de leur arrivée à la Banque d’Algérie, et les déficits à prendre en charge des dépenses supérieures non seulement à la fiscalité budgétisée, mais à l’intégralité de la fiscalité de l’exercice à partir de 2009.
Son encours actuel, déclaré de 3400 Milliards de dinars, ne tient à ce niveau que grâce au financement d’une partie des déficits de 2012 à 2014, sur la dette publique et les emprunts internes, autrement son véritable solde à ce jour, ne dépasserait pas les 1600 milliards de dinars, et serait intégralement absorbé par le déficit de 2015, en laissant même une dette publique conséquente.
Mais du fait qu’il a été utilisé en partie, avec en relais des émissions d’obligation et autres titres du Trésor et du marché financier, on peut tabler que sauf réduction drastique des dépenses de l’ordre de 2500 milliards de dinars par an, il tiendra encore 2015 et 2016, en partie, sauf si l’Etat oriente le financement de tous ses déficits vers la sphère financière ou l’épargne locale par émission de bons ou obligations du Trésor pour lesquelles il faudra trouver preneur sans émissions supplémentaires ou assèchement des banques publiques locales comme il se propose de le faire.
En ce qui concerne les réserves de change, dont personne ne connaît ni la consistance exacte en monnaies étrangères ni les conditions et encore moins les établissements ou elles sont placées en dehors de la réserve fédérale américaine, c’est une autre chose.
Cette épargne, dégagée plus par l’augmentation des cours des hydrocarbures depuis 2006 que par une politique d’épargne bien réfléchie, représente la garantie quasi unique de la monnaie locale, en dehors d’autres sources de revenus capables de générer l’équivalent de cette monnaie, en vue de les renouveler ou de les laisser au moins en l’état.
Leur unique chance de maintien étant dans l’augmentation hypothétique des cours du pétrole et du gaz ou dans la réduction des importations de l’ordre de 50 à 60%. Si on compte les services importés, elles sont appelées à se réduire avec une moyenne de 30 à 35 milliards de dollars par an, si les balances devises restent en l’état, et ne pourront pas tenir plus de quatre ans.
Le gros problème est que les effets de leur réduction n’attendront pas leur entière liquidation pour se faire sentir de manière dramatique, mais que chaque ponction sera compensée par une dévaluation du dinar, de nature à en équilibrer la contre-valeur dinar à l’actif avec les dinars précédemment émis et impossibles à éponger du passif de la Banque d’Algérie.
Nous aurons donc un dinar régulièrement dévalué en fonction des soldes de ces réserves, sans pouvoir en fixer le cours par un artifice quelconque, le seul moyen étant de fermer les ports au gros des revenus locaux, en limitant les importations de manière autoritaire, ce qui ne peut se faire sans avoir les effets cités plus haut.
Dans l’absolu, il nous faut soit trouver un moyen de ne plus les épuiser sans mettre le pays en panne, soit trouver un autre pour en prélever le nécessaire pour préparer le pays à produire ce qu’il devra ne plus importer faute de moyens.
Pensez-vous qu’à ce rythme, il y a risque de révolte sociale, puisque les principaux produits (semoule, sucre, carburants…) peuvent ne plus être subventionnés?
Pour les subventions, il y a lieu de préciser, que ces produits cités ici, ne sont pas les principaux produits subventionnés et que la politique des subventions est mal orientée depuis le début, et de nature à induire même les populations sur les véritables bénéficiaires de ces subventions qui sont tout sauf des défavorisés, qui eux n’assument dans les faits que la charge morale symbolique de ces aides, que leur colle ce statut de défavorisés, que les subventions n’ont pas atténué à première vue.
La société algérienne, comme toute autre société, soumise à des politiques anarchiques et contre productives, est de facto éclatée dans ses valeurs initiales et ses fondement, et le simple fait de penser que des subventions sur quelque produits phares sont un garant de cohésion sociale, sans lequel rien n’est garanti, est en soi même une négation du vocable de société, car une société ne raisonne pas ainsi et ne réagit pas à des situations matérielles obligées mais à des situations morales imposées.
Confondre la justice sociale ou la justice tout court, avec des aides non ciblées et qui ne touchent que les plus vulnérables de la société quand elles disparaissent et nourrissent les plus aisés quand elles perdurent, est à mon sens indigne d’une société logique au 21ème siècle.
Il n’y aura aucun risque de troubles sociaux, si les mesures qui devront être prises de toute façon, graduellement maintenant ou brusquement demain, étaient compensées envers les plus touchés par une politique d’emplois réels et de salaires cohérents à moyen et long terme et des compensations justes et ciblées à court terme.
Dire que certains segments de la société qui tirent directement profit de cette politique de subventions anarchiques, mais à coup de milliards ou même de millions de dinars, ne vont pas essayer de résister par tous les moyens y compris les plus démagogiques et même les moins licites à cette remise en ordre, serait un excès d’optimisme de ma part, mais admettre que ce chantage à la stabilité, monnayée par le pillage organisé des caisses publiques par des réseaux bien rodés, est un motif pour maintenir les chose en l’état ; le temps qu’il n’y ait plus ni de quoi subir ni de quoi refuser le chantage, est à mon sens une mauvaise politique.
La population théoriquement victime de l’arrêt des subventions est la moins bénéficiaire et la moins portée sur les troubles et manipulations en tout genre, ayant la principale victime des précédentes manipulations sanglantes des années 90, et ayant vu ses souffrances passées et présentes profiter aux dépouilleurs de cadavres politiques qui se présentent sous l’habit de bon samaritains là où il y a un marché pour la surenchère.
Que recommandez-vous pour éviter un scénario de révolte populaire ?
Il n y a pas d’antidote universelle contre les révoltes dites « populaires », certaines finissent en changement vers le pire ou vers le mieux en fonction de la conjoncture, des acteurs et des interférences, mais la majeure partie, finit en jacqueries sans lendemain avec des pertes conséquentes et des résultats soit minimes soit aux antipodes des espérances affichées ou supposées des uns et des autre.
Je ne pense pas qu’il soit logique de diriger une nation avec l’idée de taire ou d’éviter les révoltes, en vivant avec cette hantise qui n’habite que des États pas très surs de leur ligne directrice, ni du bien fondé de leurs politiques et encore moins de leur légitimité.
Le terme populaire étant assez élastique pour y inclure tous les segments d’une population, on peut sans aucun problème donner à toute action d’un segment mécontent de la population le titre d’action populaire sans avoir à consulter le reste du peuple, on l’a vu en Égypte ou deux forces antinomiques ont réussi chacune à son tour à donner le qualificatif de populaire à deux actions antagoniques, en l’espace de 20 mois. Et à ce jour, chacune des deux se réclame du même peuple pour deux formes de dépassements issus de la même pensée politique qui n’en rien à faire du peuple une fois l’objectif de caste ou de secte atteint.
Alors que présenter à la population un programme clair et une ligne directrice, ainsi que des acteurs exécutants et décideurs, à travers lesquels tous les segments de la population des plus sages aux plus aventureux verront l’expression d’une certaine logique, de sincérité dans les faits et les dires, ainsi que d’une volonté d’avancer vers le mieux pour toute la nation, et de briser toute aventure quel que soit ses acteurs ou justifications, et la paix sociale se maintiendra grâce à la population plus qu’à la manipulation de ces populations.
Il faut donc être aussi clair avec ceux qui cherchent une solution, que ferme avec ceux qui cherchent à profiter d’un problème ou d’une faiblesse pressentie. La solution passant elle-même par un auto nettoyage du système de gouvernance dont certains segments portent en même temps autant de germes de provocations que de faiblesses, souvent dans les mêmes personnes.
Que préconisez-vous pour la relance d’une véritable économie algérienne ?
Un système économique, n’est ni viable ni fiable, tant qu’il ne crée ni richesses locales ni autonomisation pour son peuple en matière de moyens de survie parmi les nations.
Et sous cette optique, nous n’avons pas d’économie algérienne, l’embryon d’économie naissante ayant été laminé par les politiques criminelles suivies entre 1980 et 1988, et qui ont réduit une ambition économique nationale à une fumisterie spéculative générale.
Les politiques des années 70 ont vu la mise en place d’une politique agricole illogique et inefficace, dans l’immédiat, pour cause de rejet social du collectivisme et de la bureaucratie dans un secteur réactif par sa nature, mais aussi l’émergence d’un tissu industriel public, reposant plus sur un impératif logique de construction d’une société moderne que sur un impératif de rentabilité immédiate au sens capitaliste du terme.
Avec ses faiblesses inhérentes aux multiples obstacles sociaux, culturels et techniques à surmonter en même temps, cette politique d’implantation parfois empirique et souvent judicieuse d’ensembles industriels publics, dans tous les domaines de l’industrie, de manière à répondre à l’essentiel de besoins du pays, tout en formant une main d’œuvre qualifiée et en même temps une nouvelle société tournée vers l’industrie et la manufacture, n’avait pas pour vocation d’enrichir ni l’Etat dans l’immédiat ni encore moins les parasites qu’il portait en son sein depuis sa genèse.
En même temps, la nature bureaucratique du système, et son autoritarisme excessif et répressif, ont freiné ses ambitions pour une société moderne à créer par l’industrialisation des masses précédemment rurales en majorité.
Cela a poussé le pouvoir du moment à entrer en conflit avec toutes les parties critiques sur ses politiques, au lieu d’essayer d’en discerner les plus logiques des plus enclines à défendre des intérêts de classe ou de caste, et n’a de ce fait pas réussi à inscrire son ambition industrielle, dans un plus grand ensemble ou chacun aurait eu un espace pour d’autres ambitions saines dans le même sillage et la même optique de construire une nation.
Aujourd’hui et en dehors de toute logique conjoncturelle, il s’agit de définir une stratégie économique, dans laquelle, le tissu industriel lourd, doit être réhabilité et mis en position de fournir le reste de l’industrie de transformation locale, en position de se fournir en interne au meilleur rapport qualité prix en matières premières de qualité, dans les produits ferreux, les dérivés pétrochimiques, les engrais et autres produits miniers.
En même temps, on doit favoriser et soutenir, le maintien en vie et la création d’investissements dans tous les secteurs productifs capables de répondre à la demande interne et exporter si possible, avec le moins de besoins en produits importés possibles, en modulant et les financements et la fiscalité sur cet impératif de taux d’intégration et un autre impératif d’utilitarisme. Un producteur de sucettes glacées ne pouvant être pris au même régime qu’un producteur de pièces usinées pour l’industrie.
L’ANP ayant déjà pu s’autonomiser en partie en matière d’usinage, de production et montage d’une multitude d’équipements qui lui sont destinés ou peuvent avoir une usage civil économique, il y a lieu de profiter de cette opportunité , pour étendre le domaine de compétences de l’armée à des partenariats avec le public et le privé, pour tout ce qui est de l’industrie mécanique ou de précision, de manière à faire profiter les uns et les autres des qualités intrinsèques des civils et des militaires, sans fusion ni mélange des genres, les uns pouvant être aussi bien les clients et les fournisseurs des autres, selon des cahiers de charges bien établis.
Cette formule ayant entre autre comme avantage d’orienter une partie de la dépense militaire obligée, vers le PIB national, et de financer l’industrie militaire par la commande civile interne en même temps, selon la nature du flux.
La politique entrepreneuriale doit être orientée vers la revivification ou le maintien des investissements existants, après recensement de tout ce qui est viable et utilisable comme matériel et foncier, avant de chercher à en créer d’autres qui connaîtront le même sort que les précédents.
Il est déraisonnable de créer à tour de bras des entités économiques pour les couler ensuite, et essayer d’en créer d’autres, essayons de savoir combien de foncier industriel avec bâti est laissé à l’abandon, combien d’équipement sont en train de pourrir sur site ou hors site, et combien d’investissement coûteux sont à l’arrêt, par faute de contentieux souvent préfabriqués ou répondant à une logique capitaliste qui nous échappe dans tous ses tenants et aboutissant, dans l’état actuel de notre perception de l’économie.
Il y a donc lieu de prendre des dispositions politiques pour trouver des solutions raisonnables à toutes les situations de blocage et de contentieux touchant des investissements nationaux existants en imposant aux organismes financiers locaux une logique de gestion de la richesse nationale et des emplois pérennes, en lieu et place de la rentabilité rapide induite par la spéculation et les importations qui nous ont mené là où nous sommes aujourd’hui.
Dans le domaine de l’agriculture et de la pêche, il faut considérer que ce qui a été consenti à ce jour comme aides, financements ou équipements, ne représente strictement rien par rapport à ce qui a été consenti en aide aux importations sous couvert de soutien des prix et de détaxes, qui ont permis à titre d’exemple à une vache néo-zélandaise déjà aidée chez elle, de bénéficier d’une aide algérienne de 60 dinars par litre de lait, alors que la vache algérienne finit à l’abattoir parce qu’on lui refuse plus de 12 dinars par litre de lait, et ceci est valable pour toutes le filières alimentaires.
Cet entretien ne suffira pas pour développer toutes les tares et avatars du système actuel ni toutes les voies et moyens de changer de cap, sans trop de dégâts, mais c’est une bonne partie de ma vision des choses.
Entretien réalisé par Mehdi Bsikri