Algérie-Focus a obtenu une nouvelle fois des documents exclusifs concernant un marché accordé par l’opérateur de téléphonie mobile, Djezzy, à la SAS SOREC une entreprise française qui était… en liquidation judiciaire. Un marché d’un montant qui dépasse les 1,1 million d’euros pour une opération qui consistait à importer depuis la France du mobilier et des équipements de bureaux pour les agences commerciales de Djezzy.
Conclu le 24 juillet 2016, ce marché tourne rapidement au scandale puisque, désormais, Djezzy a entamé, depuis le 04 avril dernier, des poursuites judiciaires à l’encontre de cette entreprise française, au niveau de la section commercial 3 du tribunal d’El-Harrach comme le démontre un document exclusif en notre possession.
Officiellement, d’après le procès-verbal dont nous détenons une copie, Djezzy déplore la « non-conformité » de la marchandise livrée par l’entreprise française SAS SOREC. Dans sa requête introductive, l’avocat d’Optimum Télécom Algérie, l’entité juridique qui détient Djezzy, explique que la société française a manqué à ses engagements contractuels. Et pourtant, Djezzy a débloqué une première tranche de 223 mille euros pour payer les premiers biens importés dont un premier versement de 92 mille euros a été opéré par Djezzy via la BNP Paribas comme le démontre ce document exclusif que nous avons obtenu suite à nos investigations :
Depuis le marché a été entièrement bloqué car l’opérateur algérien a constaté la « non-conformité » de la marchandise livrée au regard du cahier des charges, comme cela est clairement expliqué dans un autre document en notre possession.
Djezzy, dirigé par Vicenzo Nesci, s’est donc rendu compte que cette entreprise française n’était fiable. Et pourtant, c’est bel et bien la SAS SOREC qui a été sélectionnée par la direction de Djezzy à la suite d’un appel d’offre national et international.
Le choix de la SAS SOREC suscite l’étonnement et soulève de nombreuses interrogations. Et pour cause, au moment où Djezzy avait décidé d’accorder ce marché en juillet 2016 à cette entreprise française, la SAS SOREC était tout simplement en redressement judiciaire depuis juin 2016 et avant cela elle faisait l’objet d’une procédure de sauvegarde, au moins, depuis mai 2016. Cela signifie qu’il s’agit d’une entreprise qui peine à payer ses fournisseurs, ses employés et ne présente aucune garantie de performance. Dans ce document du tribunal de commerce de Nevers, il est clairement expliqué que la SAS SOREC est une société en grande difficulté financière et qui fait l’objet d’une offre de reprise.
En sa qualité de PDG, Vicenzo Nesci savait-il que cette entreprise étrangère à laquelle Djezzy a accordé un juteux marché de plus d’un million d’euros, était une entreprise en redressement judiciaire ? Est-il normal d' »offrir » un tel marché à une entreprise dans ce genre de situation ?
Mais pourquoi recourir à une entreprise étrangère pour s’équiper en mobilier de bureaux ? Au moment où la crise financière touche de plein fouet notre pays, Djezzy est partie jusqu’en France pour acheter en devises un matériel de bureau qu’on peut facilement trouver en Algérie. Algérie-Focus s’est procuré toutes les factures concernant les meubles commandés par Djezzy…en France.
Effectivement, pour de simples lampes, vitrines, des supports pour flyers, Djezzy est parti ouvrir une ligne de crédit pour renflouer les caisses d’une entreprise française…en faillite. Ce document exclusif explicite une partie de la marchandise commandée par l’opérateur de téléphonie mobile algérien. Une marchandise qu’il est possible de trouver en Algérie car pour commercialiser ou fabriquer des vitrines ou des lampes, il ne faut guère un savoir-faire sophistiqué.
Une entreprise étrangère en faillite et une marchandise qui coûte plus d’un million d’euros mais qui aurait pu être commandée ici en Algérie et en dinars, un parfum de scandale qui entoure ce « marché » devrait faire réagir rapidement nos autorités car, rappelons-le en dernier lieu, l’Etat algérien est l’actionnaire majoritaire de Djezzy.