C’est aujourd’hui dimanche 17 avril que les autorités algériennes ont officiellement lancé l’opération de l’emprunt obligataire. En quoi cela consiste ? Les citoyens algériens peuvent prêter de l’argent à leur Etat en achetant des actions avec 50 000 dinars à 5% de taux d’intérêt pour un prêt de 3 ans. Le taux sera de 5,75% pour une durée de plus de 3 ans. « Il s’agit d’obligations qui bénéficient de la garantie de l’Etat, une opération qui durera six mois », a expliqué à ce propos le ministère des Finances.
Mais est-ce une bonne affaire ? Non, loin s’en faut. Et pour cause, de l’avis de plusieurs banquiers établis à Alger, le taux d’intérêt proposé par les autorités algériennes pour ce prêt n’est guère rentable. « Avec la dévaluation du dinar et l’augmentation de l’inflation, un taux d’intérêt d’à peine 5 % ne rapportera presque rien d’ici 3 ans aux Algériens qui vont prêter de l’argent. Avec ce taux, il vaut mieux garder son argent dans un dépôt bancaire classique », nous explique un banquier algérois qui a requis l’anonymat. Un autre responsable d’un établissement financier étranger installé en Algérie confirme cette lecture et indique que les calculs faits par le ministère des Finances n’obéissent à aucune logique économique sérieuse.
« Ce taux d’intérêt ne correspond pas à la réalité économique de l’Algérie. Et dans ces conditions, cet emprunt obligataire va pousser les banques à revoir à la hausse leur taux d’intérêts pour les autres offres et produits financiers. Le ministère des Finances va bousculer le marché des autres dépôts bancaires. Pour que ce prêt soit rentable et efficace, le taux d’intérêt doit être beaucoup plus élevé que les 5 % annoncés par les autorités », argue notre interlocuteur. D’autre part, de nombreux banquiers reprochent aux autorités algériennes de ne pas avoir explicité les projets économiques qui seront financés par l’argent collecté. « C’est la première fois qu’un emprunt obligataire est lancé sans que personne ne nous explique à quoi il va servir », déplore un expert en finances. « Dans le monde entier, des Etats lancent des emprunts obligataires pour financer des projets économiques concrets comme des infrastructures ou des participations dans des entreprises performantes. En Algérie, personne ne veut nous dire ce qu’on va faire de cet argent qu’on demande aux citoyens », regrette-t-il en dernier lieu.