Interview. Nabni / « L’Etat doit s’engager à réduire ses dépenses »

Redaction

 

Mais qui sont donc ces « jeunes universitaires » du collectif Nabni qui au cours des dernières années sont parvenus à faire bouger les lignes en renouvelant le débat sur la nécessaire modernisation de l’économie algérienne ? Après avoir décrit en 2013 un système rentier menacé par  la proximité d’un « iceberg », ils reviennent à la charge ces dernières semaines en publiant, cette fois, un « plan d’urgence » pour la période 2016-2018 qui met de nouveau la pression sur les pouvoirs publics.  

Pour en savoir plus, Algérie Focus a décidé de les interroger sur leurs motivations et leurs méthodes de travail. Rostane Hamdi est l’un de ces experts du think tank algérien qui a tiré la sonnette d’alarme sur la situation d’une économie algérienne en panne de réformes profondes et l’implication insuffisante de la génération post-Indépendance. Âgé aujourd’hui de 40 ans, il  est né à Alger. Bachelier en 1992 et des études supérieures  en France (Diplômé du Chapitre des Grandes Ecoles de Commerce et DEA de Stratégie à l’Université Paris Dauphine), il a exercé des activités de conseil en stratégie et en management au profit de nombreuses institutions en Algérie mais aussi en Europe et dans plusieurs pays africains. Entretien.

Algérie-Focus : Vous faites partie des experts qui accompagnent Nabni depuis sa création. Pouvez vous nous expliquer dans quelles circonstances et en réponse à quelles préoccupations est né votre collectif ?

Rostane Hamdi : NABNI (Notre de Algérie Bâtie sur Nouvelles Idées) est née début 2011 suite à un constat : la nécessité de changements profonds en Algérie, l’implication insuffisante de la génération post-Indépendance et le besoin de fonder l’action publique sur des bases participatives et modernes. Des discussions se sont engagées avec des Algériens et Algériennes en Algérie et à l’étranger pour concrétiser cette idée. Le noyau initial s’est étendu et un groupe d’une trentaine de personnes s’est formé en quelques semaines. Ce groupe était prêt à apporter sa contribution à une réflexion collective autour de solutions concrètes liées aux difficultés et défis de court terme de l’ensemble de la société (logement, chômage, cadre de vie, économie). L’intérêt portait aussi sur des propositions de plus long terme concernant le développement économique et social du pays pour les prochaines décennies. L’objectif était de lancer une initiative citoyenne, indépendante, participative, non-partisane et mobilisatrice. NABNI a comme principal objectif de contribuer au débat public en formulant des propositions constructives et concrètes pour relever les défis de l’Algérie.

Nabni existe officiellement depuis le 13 avril 2011 avec le lancement dès la première semaine des 10 premières mesures sur le site Nabni2012.org. Aujourd’hui Nabni s’appuie sur une soixantaine de membres actifs et plus de 7000 soutiens et adhérents à l’initiative (via les pages facebook et twitter et, le site Nabni.org).

L’une des particularité de Nabni dans le paysage intellectuel algérien est sa capacité à travailler en groupe et rassembler des compétences venues d’horizon divers. Quels sont les méthodes et les instruments de travail  qui vous permettent d’arriver à ce résultat ?

Nabni est composé d’Algériens et Algériennes aux profils divers, en Algérie et dans le monde. Ce sont des personnes travaillant dans le secteur privé, le secteur public, l’enseignement, des organismes internationaux ou le consulting. Ce sont souvent des praticiens ou des experts, qui ont eu envie de mettre cette expertise au service de leur pays.

Ces personnes sont toutes porteuses d’idées, d’expérience et d’optimisme pour contribuer et proposer des solutions concrètes en Algérie. Nabni reste un groupe ouvert à toutes les bonnes volontés qui veulent contribuer sur le terrain du concret, des idées et de l’avenir et avec la volonté d’inclure toujours plus de personnes, qui veulent donner de leur temps, loin des querelles idéologiques ou partisanes.

La particularité est que Nabni est un groupe qui s’est composé autour de personnes qui ne se connaissaient pas forcément (on continue encore à échanger par mails et travailler sans se connaitre directement pour certains). Le point essentiel est qu’on se fait confiance et qu’on débat de manière ouverte des différents sujets traités. Chaque sujet ou thème proposé donne lieu à des dizaines ou parfois des centaines de mails d’échange entre nous (le mail reste notre outil principal de communication interne).  Ajouter à cela des conférences téléphoniques, des réunions de travail à Alger et vous avez là, les instruments de travail qui fonctionnent au sein de Nabni depuis plus de quatre ans.

L’autre particularité réside dans les divergences d’approche et d’analyse entre membres sur des sujets, que l’on arrive à faire converger au final dans une voie commune et partagée. Ainsi pour chaque sujet, une ou deux personnes sont en charge de compiler les échanges et avis afin de proposer une version finale du document qui est validée par l’ensemble des membres pour publication.

On est un exemple concret de ce qui s’appelle en gestion de projet la « méthode Agile » ou « Scrum » : on applique sans le savoir les piliers de cette méthode de travail en mode projet.

A savoir : 1- Transparence (tout est discuté et présenté), 2- Inspection (tout le monde donne son avis même si tout le monde n’est pas forcément expert), 3- Adaptation (on revoit plusieurs fois le document afin d’avoir une version finale dont les éléments sont partagés).

Pour exemple lors de l’exercice de publication du Rapport Nabni 2012 avec 10 mesures proposées en débat et discussion chaque semaine via notre site web nabni.org et la page Facebook, nous réalisions un vote interne des 10 mesures parmi les 15 à 20 mesures finalisées. Dans le choix des propositions faites, nous avons essayé de combiner, sur un thème donné, les propositions des internautes qui nous rapportaient des problèmes vécus et leurs propositions d’amélioration, et la réflexion collective du groupe qui s’ est enrichi toutes les semaines de la diversité des profils des membres  (médecins, enseignants, universitaires, cadres du secteur privé, chefs d’entreprises, fonctionnaires… ) et enfin la consultation d’experts pour nous aider à identifier les solutions les plus simples pour régler les problèmes des citoyens.

Pour tous les documents nous réfléchissons en amont à des canevas ou guideline pour permettre une structuration commune de toutes les contributions. En aval, on prévoit les publications presse, les rencontres et débat avec les personnes en charge de la partie communication au sein de Nabni. Dans la mesure du possible on essaie de proposer des formats différents selon les sujets.

Au final ce qui fait qu’on arrive à travailler ensemble peut se résumer en 4 mots : humilité (nul n’est omniscient), « nya » (confiance entre nous), rythme (on réagit en 1 ou 2 jours sur chaque version) et rigueur (fond et forme sont vus et revus). Et tout cela de manière bénévole et totalement indépendantes : l’ensemble des dépenses sont financés par les contributions et implications des membres.

Voici un peu plus de deux ans la publication du rapport Algérie 2020 avait contribué à attirer l’attention du public algérien sur la nécessité d’un programme de réformes économiques ambitieuses. Comment ce rapport a-t-il été accueilli par les pouvoirs publics ?

Cela est arrivé après la publication et la remise début juillet 2011 du rapport Nabni 2012 « Cents mesures pour l’émergence d’une Algérie nouvelle au 5 juillet 2012» qui n’avait pas eu de résonance significative au niveau des pouvoirs publics. Ce rapport avait pour objectif de proposer des mesures réalisables dans le court terme, améliorant le quotidien des citoyens, rétablissant la confiance et préparant l’avenir.

Malgré le peu de résonance du rapport Nabni 2012, nous avons poursuivi notre travail pour préparer le rapport Nabni 2020. Ce rapport ambitionnait de marquer l’année du Cinquantenaire de notre indépendance en proposant à nos concitoyens, aux élus, aux cadres, aux universitaires, aux responsables politiques et des institutions, ainsi qu’à tout ce que compte notre pays comme acteurs de la société civile et de forces vives, où qu’elles se trouvent dans le monde, un Projet, une vision et un ensemble de « Cinquante chantiers de rupture pour bâtir l’Algérie de 2020 »

Ainsi, suite à la publication en janvier 2013 du rapport Nabni 2020 « Cinquantenaire de l’indépendance : enseignements et vision pour l’Algérie de 2020 » nous avons été invité pour rencontrer le Premier Ministère en février 2013 à qui nous avons remis une note présentant une synthèse des rapports Nabni 2020 et Nabni 2012.  Ce rapport a été accueilli par les pouvoirs publics de manière positive et intéressée.

Au delà de cette sollicitation, nous avons participé également à la tripartite en octobre 2013 où nous avons présenté une synthèse du rapport Nabni 2020 en axant notre intervention sur le « Cap sur la diversification : une nouvelle approche pour amorcer le long virage ».

Enfin nous avons été convié par Mr Ouyahia sur la révision de la constitution en juin 2014 pour donner notre avis. Nous avons présenté une contribution « Bâtir le socle d’une voie nouvelle : pour un changement profond de la constitution qui intègre les fondements de la bonne gouvernance ».

Ce qui est étonnant est que nous avons depuis 2013, présenté et argumenté l’urgence du virage à entamer pour éviter de prendre l’iceberg de plein fouet[1].

Nous avons été entendu et invité à participer à différentes réflexions qui n’ont pas abouti à ce jour à des résultats concrets en terme de virage à entamer. La réaction des pouvoirs publics face à la crise n’augure pas d’une prise de conscience de la gravité de la situation.

Notre postulat était de dire que l’Algérie avait, en 2011, 2012 et 2013, la capacité à engager les réformes et les virages économiques et sociaux nécessaires pendant (tant) que les finances publiques le permettaient. Depuis 2014, la situation a évolué défavorablement pour notre pays.

Il nous reste une fenêtre d’actions très réduite : quelques mois encore pour entamer les transformations nécessaires et indispensables car le problème n’est pas conjoncturel et il faut obtenir des résultats tangibles d’ici les trois prochaines années.

Nabni revient à la charge ces dernières semaines avec un « plan d’urgence pour la période 2016-2018 ». Pourquoi un plan d’urgence ?

Parce qu’aujourd’hui nous n’avons malheureusement perdu la marge de manœuvre qui existait entre juillet 2012 (publication du 1er rapport Nabni 2012) et aujourd’hui. Et Malheureusement, concernant les réformes, l’Histoire semble pour le moment vouloir se répéter : aucune mesure de fond n’est annoncée, aucune ambition de changement profond n’est affichée.

Nous sommes face à un risque majeur de crise dans les prochaines années du fait de notre inertie et de notre faiblesse à engager les réformes nécessaires : nous aurions pu les faire de manière « sereine » depuis 3 ans en s’appuyant sur une période d’aisance financière qui semble prendre fin. Nous sommes aujourd’hui contraint de les réaliser dans l’urgence et pourtant rien n’est encore initié face à ce risque majeur.

Face à l’inertie ambiante et face à l’ampleur des virages à entamer, nous avons posé l’équation de manière différente : comment proposer un changement réalisable en 2 à 3 ans et qui puisse être efficace et réalisable ? Ce plan porte l’Urgence dans les choix et les actions à mettre en œuvre. Nous ne souhaitons pas que la crise économique et sociale survienne à nouveau et qu’on soit obligé de réagir à posteriori.

Le plan d’urgence proposé s’appuie donc sur des chantiers à lancer dans les 12 prochains mois. 12 chantiers car nous avons pris en compte les capacités limitées de l’administration à en porter plus.

Nommé «Abda», ce plan d’urgence propose que tous les efforts soient concentrés sur une liste restreinte de douze chantiers prioritaires qui s’articulent autour de quatre lignes directrices avec comme leitmotiv de commencer petit mais commencer quand même ! Ces 12 chantiers prioritaires visent à générer un choc positif pour faire, enfin, démarrer la diversification économique, d’engager les finances publiques et le commerce extérieur vers un retour à la soutenabilité et d’améliorer la gouvernance publique.

Quel est le diagnostic de Nabni sur l’état de nos équilibres financiers et budgétaires ?

Avec des recettes budgétaires dont près de 60% repose sur la fiscalité pétrolière et un baril qui a perdu près de 50% de sa valeur, les finances publiques ont été très vite fortement impactée.

En conséquence, au rythme actuel, le Fonds de Régulation des Recettes s’épuisera autour de 2017, de même que les réserves de change qui fondraient à $9 milliards dans quatre ans si le baril chutait à $50. Le solde de la balance des paiements est devenu négatif en 2014. Le budget de l’Etat présente une composante incompressible importante, notamment du fait d’un budget de fonctionnement qui n’a cessé de croître (salaires), et les subventions ont également connu une croissance importante pour représenter aujourd’hui près de 30% du PIB.

Le constat est que l’Etat dépense beaucoup mais très mal. Si on ne rationalise pas les dépenses, surtout pour atteindre une plus grande efficacité, et si l’Etat refuse de toucher aux subventions (notamment à la pompe, mais également le renflouement perpétuel d’entreprises publiques déficitaires), alors il faudra toucher aux dépenses d’investissement.

Mais c’est justement ce qu’il ne faut pas faire aveuglément, au risque d’étouffer un moteur important de la croissance. Nous vous renvoyons à notre plan « ABDA » sur notre site pour comprendre comment nous pouvons agir rapidement pour inverser la tendance.

Est-ce que la stratégie de relance de l’industrie nationale, annoncée et mise en œuvre par les pouvoirs publics au cours des trois dernières années, vous semble de nature à permettre une diversification réussie de l’économie nationale ?

Non, les chiffres en attestent. Le secteur privé n’a pas été dynamisé en particulier via le secteur bancaire qui est censé irriguer une économie marchande. De plus, le foncier demeure le blocage essentiel.

Il n’y a pas aujourd’hui de stratégie Industrielle en Algérie : on ne connaît pas quels sont les secteurs stratégiques à protéger et ceux à ouvrir à la concurrence. Il n’y a aucune réflexion stratégique, aucune échéance sur des engagements et des actions concrètes à mi-étape et surtout pas de vision partagée et discutée de là on l’on veut aller et arriver.

La stratégie industrielle qui a été présentée n’est qu’une réflexion encore trop « court –termiste » sur des actions permettant de sécuriser la situation actuelle. On n’a pas d’actions volontaristes avec des engagements et des approches sectorielles impliquant l’état, les acteurs privés et les corps sociaux intermédiaires.

Ce qui est inquiétant est notre manque de vision et d’anticipation qui est de plus en plus anachronique en comparaison avec des pays qui sont partis de plus loin que nous et qui ont effectués les virages de la diversification de leur économie notamment via leur secteur manufacturier ou leur secteur des services.

Ainsi mis à part l’Afrique du Sud ou le Kenya, de nouveaux pays ont réussi à diversifier leur économie et commencent à fortement augmenter le nombre de produits exportés : l’Ouganda (6,3% de croissance avec une exportation de produits agricoles), le Rwanda (7,5% de croissance avec une exportation de l’agro-industrie, ou l’Ethiopie (8,5% de croissance avec une industrie spécialisée en textile et cuir).

Nous sommes à la traîne et risquons d’être parmi les derniers… Tant que le pétrole irrigue l’économie, nous réussirons à garder la tête hors de l’eau. Une fois que le pétrole ne permettra plus de maintenir notre économie rentière à flot, le bateau Algérie risque de prendre l’eau de tout bord et le mécontentement social sera certainement pire que lors de la crise du milieu des années 1980.

Une stratégie de relance de l’industrie est indispensable et doit être coordonnée avec d’autres stratégies ou réformes : nous devons nous engager dans de profondes transformations visant à asseoir une vision économique moderne au travers de nombreux chantiers structurants.

Dans le rapport Nabni 2020, nous avions proposé des mesures ambitieuses pour la politique industrielle, et avions notamment proposé de revoir la gouvernance des politiques publiques. Ce dernier point est critique car nous avons un réel problème de gouvernance en général, et de gouvernance économique en particulier. Le chiffre de 13 milliards de dollars en appui au secteur public industriel circulait dans la presse. C’est presque le poids de l’industrie dans le PIB !

Une politique industrielle ce n’est pas « des dépenses », c’est une vision et une stratégie pour notre développement industriel. La réforme de la gouvernance des entreprises publiques est une nécessité absolue, et avec elle la réforme de l’Etat actionnaire et régulateur. Par ailleurs une politique industrielle ne se pense pas isolément, elle doit être élaborée en cohérence avec la réforme, impérieuse, des autres secteurs comme le système bancaire, le climat des affaires, etc. En somme, nous devons impérativement repenser un modèle de développement global qui intègre toutes les réformes à mettre en œuvre.

Est-ce que les mesures annoncées ces derniers jours par la presse nationale à propos de la prochaine loi de finance complémentaire vous paraissent aller dans le bon sens ?

Nous n’avons pas en main la prochaine loi de finance complémentaire donc nous ne pouvons pas à ce stade nous engager factuellement et de manière détaillée.

Les médias rapportent que la révision de l’IBS pour les activités hors production de biens et BTP sera de 27% : cela revient à affirmer que l’Algérie ne peut ou doit produire que des biens matériels. Il s’agit malheureusement d’une vision économique dépassée dans la mesure où les biens immatériels (services en général mais plus particulièrement les télécoms ou plus largement les TIC) sont des éléments clés de la modernisation d’une économie. La différentiation du taux d’IBS selon que l’activité est une activité d’importation ou de production marque une volonté de favoriser la production. Mais ca ne suffit pas, il faut aller vite en matière d’amélioration du climat des affaires par un choc de simplification comme nous le proposons dans le plan d’urgence ABDA.

La TAP telle que définie actuellement n’est pas efficace. Pour palier à la baisse des recettes locales, nous avons proposé de mettre en place un certain nombre d’instruments de fiscalité locale, non douloureux (nous vous renvoyons  aux trois axes de la réforme fiscale du chapitre économie du rapport Nabni 2020 pour plus de détails).

Le relèvement de la taxe sur la fortune dont le plafond passerait de 50 à 100 M DZ ne semble pas avoir un impact en terme de rationalisation des dépenses de l’Etat et d’optimisation des recettes fiscales. Surtout si d’un autre côté des biens de large consommation sont plus taxés. Cela risque d’augmenter la distorsion entre riche et pauvre.

Le gouvernement semble prendre conscience de la nécessité de revoir les subventions au carburant, mais ce qui est annoncé ne nous paraît pas une bonne idée. La rationalisation des subventions sur les carburants doit être précisé aussi bien en terme de modalités pratiques qu’en terme d’objectifs quantifiables d’économie attendues : outre la difficulté à gérer un dispositif de cartes, cela risque de générer de la corruption, et la fixation du seuil de subventionnement risque d’être arbitraire, et sans doute de ne pas impacter suffisamment la demande. Nabni propose une solution plus simple et plus efficace, une hausse progressive des prix.

Le plafonnement des importations de véhicule est également une solution très imparfaite, il faut agir sur les prix (augmenter les taxes sur les véhicules) et le marché se corrigera de lui-même. Tout comme les licences d’importations qui sont également une fausse bonne solution. Cela risque simplement d’augmenter les marges des importateurs à qui l’on aura accordé une licence. Là encore, la meilleure façon de procéder et d’agir sur les tarifs douaniers.

Pour revenir sur une dès mesure phare du rapport Nabni 2020, la loi de finance doit s’inscrire dans une contrainte budgétaire impliquant l’engagement de l’Etat à réduire ses dépenses et à bloquer une partie des recettes du FRR pour les générations futures.

La réaction des pouvoirs publics face à la crise n’augure pas d’une prise de conscience de la gravité de la situation. Aujourd’hui cela n’a plus aucun sens d’établir un budget sur un baril à 37 dollars, il est maintenant temps de faire le budget sur la base d’un prix du baril prévisionnel plus proche de son cours réel.

Il est plus facile d’ouvrir le robinet des dépenses que de le fermer : nous devons repartir les économies de manière juste et équitable. Jusqu’à aujourd’hui on savait redistribuer, il faut maintenant savoir réduire les dépenses publiques, rationaliser les investissements et prendre conscience des capacités de l’état. Cela ne se décrète pas, cela ne s’improvise pas.

On le sait, le plus dur dans les réformes c’est de concevoir des architectures d’ensemble, leur donner plus de cohérence. Aujourd’hui la transformation est au cœur des politiques économiques. Elle exige une vision, du leadership et surtout de l’organisation. Il s’agit donc d’aller vers une transformation structurelle.

Un proverbe Chinois dit «lorsque souffle le vent du changement, certains construisent des murs, d’autre des moulins ».

Propos recueillis par Hassan Haddouche