La Banque d’Algérie complice indirecte des scandales financiers ?

Redaction

La Banque d’Algérie a-t-elle le pouvoir d’arrêter les dépassements en matière de finances ? Oui, selon l’expert judiciaire en opérations financières et bancaires, Nabil Djemaâ, qui dénonce un laisser-aller de la part de l’institution, et permet ainsi un grand nombre de cas de fraude financière.

Dans une interview accordée au quotidien El Watan, Nabil Djemaâ, expert judiciaire en opérations financières et bancaires, agréé par le ministère de la Justice revient sur les pouvoirs de la Banque d’Algérie et son influence sur la régulation des finances en Algérie. Il est très critique avec la Banque d’Algérie (BA) garante du système bancaire en Algérie.

« La Banque d’Algérie, appelée auparavant Banque Centrale, demeure ostensiblement passive par rapport à tout ce qui se passe comme graves dépassements dans les banques en Algérie. Pas d’audit, pas de contrôle de la vraie destination de l’argent octroyé souvent à des pseudo-investisseurs, pas de suivi du taux de recouvrement… Il ne faut pas oublier que l’ex-BCA est la banque des banques. Mais elle n’assume pas son rôle d’autorité et de contrôle. Résultat : les détournements d’argent sont légion dans le pays », déplore l’expert dans les colonnes du quotidien El Watan.

Ce dernier dénonce l’incapacité de la BA à assurer son rôle d’arbitre. Les banques algériennes deviennent ainsi, d’après lui, des établissements « caractérisées par une flagrante défaillance et on essaye de camoufler les défauts avec l’argent provenant de la rente pétrolière. On peut facilement s’attendre à une multitude de scandales, du moment que le chef d’orchestre se fait absent. »

Quels sont les blocages ?

Quelles sont ces défaillances ? Pour l’expert elles sont bien trop nombreuses, il s’agit aussi bien du transfert de grosses sommes d’argent sans contrôle au placement des responsables. Tout ce petit monde fermerait trop les yeux sur des manigances financières.

La nomination des responsables « qu’il faut à la place qu’il faut », reste l’un des problèmes les plus graves au sein de la Banque d’Algérie d’après Nabil Djemaâ. « Vu la médiocrité des services de nos banques publiques, je ne cesse de me demander à qui profite le blocage et sur quelle base nomme-t-on les PDG de ces banques et les membres du fameux Conseil de la monnaie et du crédit. Une chose est sûre, ils sont placés sur la base de plusieurs critères, sauf ceux liés à la compétence », s’interroge le spécialiste des finances.

Les conséquences de ces défaillances sont terribles puisque « les scandales bancaires en Algérie, franchement ce n’est pas ça qui manque. Toutes les banques, surtout publiques, en sont touchées au quotidien. A la BNA, comme à la Badr ou à la BDL, les détournements d’argent sont légion. Mais on ne fait rien, en contrepartie, pour éviter ce phénomène inquiétant et ô combien préjudiciable pour l’économie nationale », déplore-t-il.

Il rappelle alors le plus grand scandale financier qu’a connu l’Algérie : l’affaire Khalifa. « Le scandale Khalifa Bank est le résultat de la défaillance du système de contrôle au niveau de la Banque d’Algérie, qui reste archaïque à ce jour », explique-t-il, rappelant que nous ne sommes pas à l’abri de nouveaux scandales, puisque la BA n’a pas appris de cette leçon.

Quelles solutions ?

Comment révolutionner le système bancaire algérien et éviter que l’histoire se répète ? « Personnellement, je préconise qu’il y ait un fichier national où seraient mentionnés les noms de tous ceux qui ont contracté de grosses sommes auprès des banques. La Banque d’Algérie doit les suivre. Elle doit veiller à instaurer un climat de transparence dans toute transaction bancaire », préconise M. Djemaâ.  Et d’ajouter, « la réglementation bancaire algérienne doit carrément changer pour être en harmonie avec le contexte financier actuel. Certaines lois sont dépassées, notamment la loi sur la monnaie et le crédit, puisque les textes concernant la domiciliation datent de 1958. »

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