La Bourse d’Alger qui se réveille et son DG impatient qui s’en va

Redaction

Au cours des dernières semaines le marché financier algérien, si discret depuis sa création voici plus de 15 ans, a commencé a sortir de sa léthargie et à faire parler de lui. En bien et en mal.

Au chapitre des bonnes nouvelles, c’est demain, jeudi 9 mai, que s’achève l’ouverture  du capital de NCA Rouiba. Depuis quelques jours on sait déjà qu’elle sera un succès. La bonne nouvelle, c’est surtout que  l’opération a finalement intéressé beaucoup de monde. Les actions vendues avaient déjà  été  achetées par près de 1400 personnes et 36 entreprises privées à trois jours de la fin de l’opération. Elle devrait  permettre de collecter  sans trop de peine les 850 millions de dinars proposés au public. Ses  résultats sont donc un bon signe pour les prochaines introductions en bourse. Le traitement  réservé par la Bourse d’Alger au fond  Africinvest, qui sort du capital de NCA Rouiba dont il détient un peu plus du tiers,  en cédant ses actions, sera également  bien accueilli  par les fonds d’investissement étrangers qui ont commencé à s’intéresser  de près aux PME algériennes.

Un programme de relance ambitieux

La première cotation du titre de NCA Rouiba est prévue le 9 juin prochain. L’entreprise dirigée par Slim Otmani rejoindra ainsi les 3 titres déjà cotés en bourse. Un premier pas vers la réalisation de l’ambitieux programme de relance de la Bourse d’Alger dévoilé  au cours des derniers mois. Il devrait permettre, «dans un délai de 5 à 8 ans», de faire passer le nombre de sociétés cotées de 3 à 38, et à la capitalisation boursière de grimper à 10 milliards de dollars. Dans une perspective de plus long terme, la cible retenue est de parvenir à 25% du PIB et un objectif de 150 sociétés présentes en Bourse.

Pour atteindre de tels  objectifs , l’entrée en Bourse de quelques entreprises privées ne suffira pas. La quasi-totalité des spécialistes en sont convaincus : Il faut initier à la Bourse d’Alger  «un flux d’émissions permettant d’atteindre la taille critique de capitalisation boursière». On doit, pour  certains d’entre eux, lancer  un plan de «privatisation par la Bourse de toutes les entreprises publiques éligibles immédiatement ou à terme». A commencer par les banques et les établissements financiers ainsi que le secteur des télécommunications dont les sociétés doivent  ouvrir leur capital en Bourse.

Le CPA , Mobilis  et Cosider à la Bourse d’Alger ?

Et c’est ici qu’intervient la deuxième bonne nouvelle et elle est de taille ! Karim Djoudi, qui participait, la semaine dernière, à un séminaire organisé par la Cosob sur le thème des «avantages de l’entrée en Bourse»,  a fait une annonce spectaculaire  en révélant que le gouvernement a «saisi certains départements ministériels consécutivement à une instruction du Premier ministre en vue d’une identification des entreprises publiques éligibles à une introduction en bourse. Une fois identifiées, ces entreprises seront présentées en Conseil de participation de l’Etat (CPE) qui décidera de leur introduction en bourse ou pas».  Le  processus, qui risque quand même de durer un certain temps, concernerait d’abord une liste d’entreprises  parmi lesquelles figurent, selon certaines indiscrétions, quelques fleurons du secteur public comme le CPA, la CAAR, Mobilis et Cosider. Même si le gouvernement envisage des ouvertures du capital  d’entreprises publiques  à un niveau qui ne dépasse pas les 20% et rejette l’idée d’une «privatisation» de ces entreprises, ces annonces  constituent incontestablement une avancée importante.

 L’ «impatience» de Mustapha Ferfara

Les mesures annoncées ces derniers jours  par M. Djoudi semblent traduire de bonnes dispositions  des pouvoirs publics qui restent encore à inscrire dans les faits. Le message extrêmement positif transmis par le ministre des finances «sur instruction du premier ministre», qui préside également le Conseil des participations de l’Etat, ce qui semble de bon augure pour la suite des opérations, est en effet brouillé par la marginalisation de certains cadres du secteur qui intervient paradoxalement  au moment même ou les idées qu’ils défendent depuis plusieurs années semblent se concrétise. Le non renouvellement du mandat de M. Nouredine Ismail à la tête de la Cosob aussi bien que la démission évoquée ces derniers jours par la presse de Mustapha Ferfara, le jeune  directeur de la Bourse d’Alger, soulèvent des interrogations qui semblent  porter sur le rythme et l’ampleur du processus amorcé par les pouvoirs publics. Lundi dernier  Slim Othmani  estimait  que la démission du directeur général de la Bourse d’Alger, Mustapha Ferfara, constitue un «mauvais signe». Pour lui,  l’ex-DG de la Bourse d’Alger est un «impatient» de l’Algérie qui n’a pas pu tenir longtemps face aux «lourdeurs de l’administration».