L’Algérie a décidé de reprendre son quota de thon rouge cette année. Le titre figure en bonne place de la presse algérienne cette semaine. L’évènement y est : la tenue, à Agadir au Maroc, de la conférence de Commission internationale pour la conservation des thonidés de l’Atlantique (Cicta). L’organisation regroupe plusieurs pays, dont ceux de l’Union européenne, les Etats-Unis, le Japon, le Canada, le Brésil, la Turquie et les pays du Maghreb.
Si les médias parlent de reprise, c’est parce que l’Algérie a abandonné son quota depuis 2009. Ce sont des pays comme la Libye, l’Egypte, le Maroc et l’Italie qui se partagent ces quantités estimées à plus de 680 tonnes par an. En 2011, des thoniers algériens ont récupéré 148 tonnes. Mais on est loin du compte.
En 2009, l’Algérie devait participer à la réunion de la Cicta qui devait se tenir à Paris. Mais à la surprise générale, les représentants du ministère de la Pêche étaient absents. « Ils n’ont pas pu obtenir de visa à temps », justifie-t-on du coté des autorités. « Faux », répondait alors le consulat général de France à Alger. Selon ces derniers, le ministère s’y était prêté en retard. Quoiqu’il en soit, l’Algérie n’était représentée que par un représentant de l’ambassade de Paris. Insuffisant pour défendre les intérêts du pays dans une rencontre qui compte la crème des spécialistes mondiaux en la matière. Et au moment de distribuer les quotas –exigés à cause de la menace qui pèse sur l’espèce- l’Algérie ne comptait plus ! « Qui part à la chasse, perd sa place », et le thon que devaient pêcher des Algériens étaient pris dans des filets de thoniers d’autres nationalités.
Pis, l’Algérie s’est retrouvée en face d’un autre dilemme : le pays ne dispose pas de thoniers professionnels pour une telle prise. Pourtant, une solution existe dans ce genre de situations. L’Algérie pouvait bien vendre son quota à d’autres pays qui disposent de moyens adéquats pour ce genre d’opérations.
Plus grave, certains responsables du ministère de la Pêche avaient même lâché une bombe qui n’avait fait aucune victime. Des Algériens pêchaient, de manière clandestine, le thon relevant du quota de l’Algérie. Mais, bizarrement, l’argent de la vente allait ailleurs qu’en Algérie.
Malgré une possible reprise de son quota, l’Algérie ne pourra probablement jamais récupérer les quantités perdues lors des années précédentes. D’autant plus que la surveillance n’est pas franchement le point fort des autorités algériennes. A préciser que depuis 2010, l’Algérie dispose de 4 thoniers professionnels appartenant à des privés. Deux sont au moins opérationnels.
Le thon rouge est une espèce menacée de disparition. Les spécialistes sont cependant optimistes, puisque les réserves se sont reconstituées ces dernières années après l’instauration des quotas de pêche.
Essaïd Wakli