La situation financière de l’Algérie ne cesse de se dégrader. Après avoir connu depuis quelques années un déficit dans le budget de l’Etat, l’écart entre les exportations et les importations se resserre dangereusement. L’excédent du commerce extérieur a chuté de près de 50% en une année.
Les chiffres donnés avant-hier par le CNIS (Centre d’informatique et des statistiques) relevant des Douanes donnent en effet froid dans le dos. Car, les exportations des hydrocarbures qui ont constitué le matelas financier du pays chutent pour atteindre des chiffres alarmants. Le pays a donc réalisé durant les 11 premiers mois de l’année en cours un excédent commercial de 10,22 milliards de dollars (mds usd), contre 20,42 mds durant la même période de 2012, en baisse de 49,95%. Un choc.
Les chiffres de cette institution officielle contredisent ainsi le discours, trop optimiste, du gouvernement. Puisque malgré les intentions affichées par Abdelmalek Sellal et son activisme en faveur d’une économie diversifiée, le constat reste le même : près de 97% des exportations sont constituées d’hydrocarbures. Et la situation ne change pas depuis l’indépendance, malgré les satisfécits des partisans d’un quatrième mandat de l’actuel chef de l’Etat.
La situation est tellement alarmante que même le Gouverneur de la Banque d’Algérie, Mohamed Laksaci, a été obligé de le reconnaître devant la représentation nationale. Mais la reconnaissance, elle, ne suffit pas. Et les responsables sont obligés de se ressaisir avant que ce ne soit trop tard.
Pourtant, les économistes et autres observateurs de la scène économique locale ne manquent pas de tirer la sonnette d’alarme. C’est ce que fait, par exemple, Abdelhak Lamiri. L’homme, réputé pour être partisan d’une économie libérale, estime qu’il n’est pas encore trop tard si le pays saisit les chances qui se présentent à lui. « Il faut se donner de l’espoir. Avec les ressources financières dont nous disposons et nos capacités d’endettement on peut réussir. Si on rate cette décennie, je ne peux imaginer quel sera l’avenir de nos enfants », a dit l’expert lors d’une conférence. Le professeur propose notamment une économie décentralisée et une politique orientée vers le savoir. Ce qui semble une évidence pour tous, sauf au gouvernement. Ne dit-on pas qu’en Algérie, « on peut tout dire, sauf que personne ne vous écoute ». C’est cela le vrai problème !
Essaïd Wakli