L’Algérie attire de plus en plus les investisseurs chinois. Selon une enquête de la fondation Heritage, un think tank américain, elle est même devenue leur deuxième destination préférée sur le continent africain.
S’il y a encore une dizaine d’années les exportations chinoises vers l’Algérie étaient insignifiantes, aujourd’hui la présence chinoise en Algérie est des plus impressionnante. Une tendance que le think tank américain Heritage confirme dans un recensement des investissements chinois en Afrique. Pour la première fois, l’Algérie se classe deuxième. Le Nigéria (1er) et l’Afrique du Sud (3ème) complètent le podium. Ce classement prend en compte huit catégorie d’investissements : l’énergie, les mines, les transports, l’immobilier, l’agriculture, la finance et les technologies, excluant les prêts, les achats de bons du trésor et autres opérations financières.
Tous les secteurs algériens sont une mine d’or pour les Chinois
Travaux publics, bâtiment, tourisme, hydrocarbures, pétrochimie, hydraulique, téléphonie… les Chinois sont absolument partout en Algérie. Depuis 2005, l’Empire du Milieu a investi plus de 10,5 milliards de dollars en Algérie dont 8,8 milliards dans les transports et 1,3 milliard dans l’immobilier. Grâce à des coûts ultra-concurrentiels, les entreprises chinoises réussissent à rafler de nombreux marchés. Parmi eux, la construction de l’hôtel Sheraton, les cités AADL (pour Agence nationale de l’amélioration et du développement du logement) ou encore le nouveau terminal de l’aéroport d’Alger.
« L’Algérie ne manque pas de liquidité »
Chercheur au Centre national de la recherche scientifique français (CNRS), Thierry Pairault n’est pas « étonné » par le renforcement du partenariat sino-algérien. D’après ce spécialiste de la Chine-Afrique, la relation entre la Chine et l’Algérie n’est toutefois pas comparable à la nature des rapports entre la puissance chinoise et la majorité des Etats africains. « Contrairement à d’autres Etats africains, comme le Soudan par exemple, l’Algérie ne manque pas de liquidité. C’est un pays relativement riche en Afrique. Elle ne procède donc pas un échange de ses ressources contre la construction d’infrastructure », explique-t-il.
Si les investissements chinois contribuent grandement à la croissance économique algérienne, elle n’est toutefois pas une solution à la crise de l’emploi que traverse le pays. « On peut reprocher à l’Algérie de ne pas suivre la voie empruntée par la Chine au moment de son décollage économique. Quand la Chine a fait appel aux investisseurs européens, elle insistait pour fournir une main d’oeuvre locale. C’était à ses conditions. Mais quand ils viennent en Algérie, les investisseurs chinois apportent tout, y compris une main d’oeuvre formée et pas chère. Ils n’embauchent jamais sur place », explique Thierry Pairault. Ainsi, près de 45 000 Chinois sont salariés d’une entreprise chinoise en Algérie. Une immigration seulement temporaire. « Il s’agit de travailleurs contractuels envoyés pour un chantier spécifique. Une fois leur mission terminée, ils rentrent en Chine », conclut Thierry Pairault.