Jeudi, le ministre algérien de l’Agriculture et du Développement rural, Abdelwahab Nouri, a affirmé depuis Bouira, au centre du pays, que la valeur de notre « production agricole nationale a atteint 35 milliards de dollars en 2014, ce qui permet de satisfaire les besoins du pays à 72% ». Pour vérifier le bien fondé de cette affirmation très optimiste, nous sommes partis dans des marchés et supermarchés à Alger pour constater de nos propres yeux les produits qui sont commercialisés et achetés par les Algériens.
Des produits algériens agricoles existent bien évidemment. Mais ils ne sont guère disponibles en grande quantité, comme le prétend notre ministre, ni à des prix abordables. Dans ce contexte, les consommateurs algériens se retrouvent obligés d’aller acheter des produits de base…importés ! A titre d’exemple, il faut vraiment sillonner plusieurs marchés pour trouver des artichauts algériens dont le prix a atteint les 140 Da le kilo. En revanche, des fonds d’artichauts surgelés importés d’Egypte, oui d’Egypte SVP, sont disponibles dans presque toutes les supérettes ! 250 Da le sachet. « Ils s’épuisent rapidement de nos rayons », reconnaît un vendeur dans une supérette située dans la banlieue d’Alger. Les petits pois, introuvables dans nos marchés car ce n’est pas encore leur saison, sont toutefois disponibles massivement dans les rayons des produits surgelés. Mais, eux-aussi, ils sont importés de l’étranger et d’Espagne plus exactement et sont proposés à la vente au même prix que les fonds d’artichauts, à savoir 250 Da le kilo.
Des produits importés avec des devises précieuses dont l’Algérie a cruellement besoin en ce moment. Des produits qui sont, pourtant, cultivés ici en Algérie dans plusieurs de nos régions. Mais contrairement à ce que nous apprend Abdelwahad Nouri, ces produits agricoles sont très difficiles à trouver dans nos marchés. Sinon, leurs prix dépassent les capacités du portefeuille des algériens modestes. Preuve en est, l’huile d’olive made in Turquie fait rage dans nos supermarchés ! Alors que l’Algérie est réputée mondialement pour son huile d’olive de très haute qualité, les algériens sont réduits à consommer de l’huile d’olive vierge extra importée de Turquie. Elle est écoulée dans nos magasins d’alimentation générale à 650 Da. En revanche, l’huile d’olive vierge extra algérienne est proposée à 1200 Da ! Et il faut faire des recherches pendant longtemps pour la trouver en vente. Par conséquent, de nombreux algériens, pour manger, ils recourent aux produis importés qui nous coûtent des devises en euros et en dollars. Alors monsieur le ministre, qu’est-ce qui a amené l’Algérie à importer des artichauts d’Egypte au moment où notre production agricole, d’après vous, bat des records ? Est-ce toujours la faute du lobby des importateurs ? Ou est-ce le symbole de l’inefficacité de notre agriculture ?