Rabah Aït-Hamadouche : le travail dans la peau, les récompenses à flots

Redaction

Updated on:

Rabah Aït-Hamadouche est un journaliste Franco-Algérien qui ne cesse de monter jusqu’à toucher les étoiles. Reporter pour le JT de la première chaîne française,  TF1, il vient d’être nommé chevalier des arts et des lettres, une haute distinction en France. Retour sur un parcours parsemé de succès…

Son secret ? Sur le terrain ou derrière un micro, Rabah Aït-Hamadouche se donne toujours à fond. Labeur et persévérance ont été les mots d’ordre de ce jeune Franco-algérien qui a réussi à bâtir une brillante carrière journalistique. Désormais journaliste rédacteur pour le service « News » du JT de TF1, le journal le plus regardé d’Europe, Rabah a dû faire ses preuves à de nombreuses reprises avant d’arriver à cette consécration

En faire toujours plus…

« Mon parcours est un parcours méritocratique. J’ai fait de longues études en plusieurs temps, notamment trois cursus universitaires en parallèle en sciences politiques, en histoire et en sociologie jusqu’au niveau doctoral. Puis j’ai fait plusieurs écoles de journalisme. Tout d’abord j’ai intégré l’Institut France Presse (IFP) et j’ai fait un DUT à l’Institut de Journalisme de Bordeaux (IJBA), une école reconnue par la profession  où il très difficile de rentrer, il y avait  18 places pour 600 postulants, enfin 18 places pour 600 bac+4 », raconte Rabah.

Son parcours riche et diversifié était une nécessité pour se démarquer des autres. Chaque année ils sont des milliers à tenter les concours aux écoles de journalisme et des centaines à vouloir intégrer des rédactions en France. « Il faut faire beaucoup plus en France pour y arriver, et notamment dans le domaine du journalisme, où il y a beaucoup de concurrence », reconnaît-il.

Le journalisme était presque son rêve d’enfant, et il a su le réaliser à force de ténacité et surtout de travail. « J’adore ce métier, parce que je suis curieux, je n’aime pas rester en place. C’est impossible de planifier les choses, ses rendez-vous, notre vie est toujours chamboulée par ce métier. Le journalisme est un sacerdoce », confie-t-il, les yeux brillants. Cela ne fait pas de doute, son métier le fait toujours rêver.

La course à la réussite

Les diplômes en poche, le plus dur commençait pour Rabah. Il débute sa carrière par « des stages non rémunérés, puis parfois payés dans plusieurs rédactions ». Le plus important est de se faire remarquer, peu importe les conditions, il faut frapper à toutes les portes.  Être bon n’est plus suffisant, Rabah se donne l’objectif d’être l’un des meilleurs. « J’ai commencé par des petits stages, un peu partout. J’ai réussi à intégrer  LCI à l’époque en stage non rémunéré. Puis j’ai dû plaire parce que je suis revenu mais cette fois en tant que stagiaire rémunéré.» Ensuite, il enchaine les piges dans différentes rédactions. Touche à tout, il voyage dans les médias, de la presse écrite à l’audiovisuel. Sa première pige est un reportage politique, qu’il publie dans le quotidien Le Monde, se rappelle-t-il, fier de cette première réussite. « J’ai pu faire des piges un peu partout, au Figaro, à L’Express, au Nouvel obs. J’ai également travaillé pour l’agence de presse audiovisuelle CAPA, l’une des plus grandes ou encore Tony Comiti productions. Je suis également passé par France 3 régions, une très bonne école, à Marseille, en Picardie… » et la liste est encore longue. Puis, progressivement Rabah commence à intégrer les rédactions TV nationales dont celles de France 3, ou encore M6 pour finalement revenir à ses premières amours : TF1. En 2004, il intègre la chaîne nationale, en tant que journaliste titulaire. Désormais il travaille au pôle News, un service excitant et palpitant, où il traite tous les sujets : des événements sportifs aux catastrophes naturelles. « C’est un service très utilisé, nous sommes demandés de toute part », explique Rabah.

Grand est devenu le jeune reporter ambitieux…

C’est ainsi que sa carrière décolle, il couvre des évènements majeurs, comme l’enterrement de Yasser Arafat, les attentats en Algérie. Rabah s’est également distingué des autres en remportant une série de prix et de récompenses. Alors qu’il n’est encore qu’étudiant en journalisme, il est le lauréat des Espoirs François Chalais du journalisme, un prix prestigieux récompensant les jeunes journalistes en formation. Puis, il remporte le prix du public du concours INA du reporter. Enfin, il a été décoré par la République française, en recevant récemment la médaille de chevalier des arts et des lettres. Ces récompenses ont marqué Rabah, mais il s’enorgueillit pas. « J’ai été surpris, de recevoir cette distinction aussi jeune. Et j’ai forcément ressenti un peu de fierté par rapport à mes origines, à ce que je représente. Je suis issu d’un milieu ouvrier, d’immigré, c’est une victoire d’en arriver là. Et j’ai été fier pour ma famille…»

Algérien de cœur, journaliste de métier

Journaliste, français et… algérien.  En France, Rabah n’avait pourtant pas choisi des voies faciles, pour réussir. Il est souvent difficile de mettre en avant ses compétences, lorsque l’on s’arrête à un nom de famille. Mais notre journaliste en a fait fi, et n’a jamais joué la carte de l’Algérien. Il ne supporte pas cette appellation facile que l’on donne à tous les fils d’immigré qui ont réussi, « l’arabe de service ». « Je n’ai jamais tenu à faire référence à mes origines algériennes. J’ai existé sans y faire appel, je n’ai jamais travaillé pour des médias communautaires. Je ne me vis pas comme un porte-drapeau », confie-t-il. Il y a donc plusieurs Rabah, le français d’aujourd’hui,  l’Algérien attaché à son origines, et le journaliste amoureux de son métier.

Dans un milieu fermé comme le journalisme français, il lui a été indispensable de prouver sa valeur au travail, plutôt qu’espérer un coup de pouce. « Le journalisme est un milieu de cooptation, « de fils de ». Personne ne m’a aidé, à part l’éducation que m’a donnée ma famille. »

Il reste toutefois très attaché à l’Algérie, pays de sa famille, de ses origines. « L’Algérie c’est mon père et ma mère, c’est ma maison », estime-t-il. L’Algérie est même devenue au fil des ans, un terrain de reportage pour lui, il y a déjà couvert plusieurs événements, dont les répercussions de l’affaire Merah, son dernier reportage qu’il a effectué en Algérie.

Créer sa chance

Malgré sa réussite, Rabah estime qu’il n’a pas vraiment pas de conseil à donner aux jeunes qui souhaitent réussir. Il souhaite vivement que la jeunesse algérienne réalise ses rêves tout comme lui. « J’espère vraiment qu’elle connaîtra un souffle nouveau», nous confie Rabah, et il reste persuadé que des talents se cachent en Algérie.  «Si je devais leur dire une chose c’est  de toujours persévérer contre vents et marées. La persévérance,  c’est tout ce que j’ai à conseiller », lance-t-il avant d’ajouter : « il faut savoir créer sa chance. Elle ne viendra pas seule. La chance on la provoque.» Alors prêts pour la course à la chance ?

Quitter la version mobile