LFC 2015/ Ces nouvelles taxes qui vont plumer les Algériens

Redaction

La polémique soulevée par la ministre de L’Education Nationale, Nouria Benghabrit-Remaoun, a quelque peu fait oublier aux Algériens les nouvelles dispositions prévues par la loi de finances complémentaire 2015 (LFC). La violente campagne médiatique contre de cette ministre a réussi à faire mettre en sourdine les nouvelles taxes décidées par cette loi. 

Les Algériens devront, en effet, payer de nouvelles taxes alors qu’aucun travail de pédagogie du gouvernement n’a été accompli pour leur expliquer le bien-fondé de ces nouvelles mesures. Pis, une amnistie fiscale au profit des barons du marché informel a été décrétée sans qu’elle ne fasse l’objet d’un débat national auquel devrait être associée la société civile. Les Algériens polémiquent, s’entre-déchirent, s’insultent et guerroient sur les réseaux sociaux et les médias autour d’une simple proposition, alors que leurs portefeuilles seront prochainement touchés par des taxes auxquelles ils ne semblent pas comprendre grande chose.

En effet, la LFC 2015 oblige, désormais, les Algériens à s’acquitter d’une taxe mirobolante lors de l’achat d’un véhicule neuf.  « Le tarif de la taxe des véhicules neufs importés ou acquis localement qui est fixé entre 80.000 DA et 250.000 DA pour les véhicules de tourisme moteur-essence (en fonction du cylindrage), avec un abattement de 20.000 DA pour les véhicules équipés de GPL/C, à l’exception des véhicules dont le cylindrage est égal ou supérieur à 2.500 cm3 », nous apprend ainsi la LFC, publiée au Journal officiel n° 40, sans qu’elle ne suscite le moindre débat.

Les taxes  sur les véhicules neufs sont substantiellement plus élevées pour plusieurs catégories de véhicules. Effectivement, cette taxe  est entre 120.000 DA et 400.000 DA pour les véhicules de tourisme diesel (en fonction du cylindrage) et entre 200.000 DA et 350.000 DA pour les véhicules de transport de personnes. L’objectif premier de ces taxes est de réduire la facture très salée des importations de véhicules.

Un objectif en soi louable, mais, depuis 2009, les Algériens paient des taxes sur les véhicules neufs et cette facture ne baisse toujours pas. En 2014, cette facture était de 6,5 milliards de dollars. En 2013, cette facture avait dépassé les 7 milliards de dollars. Les taxes n’avaient donc pas freiné les importations de véhicules pour la simple raison que les transports publics sont toujours  presque inexistants dans les villes algériennes. Les projets de métros et de tramways tardent à voir le jour et ne répondent pas aux besoins des Algériens. Dans plusieurs régions, notamment à l’intérieur du pays, où la croissance démographique des villes et agglomérations est exponentielle, il est pratiquement impossible de se déplacer pour vaquer à ses occupations quotidiennes sans voiture.

Pourtant,  85% des taxes sur les véhicules neufs sont reversés au Fonds spécial pour le développement du transport. Qu’a-t-on fait de l’argent de ce fonds ? Personne ne le sait. Sa gestion est opaque et échappe à tout contrôle. Il faut dire que le sort de cet argent ne semble pas intéresser les Algériens qui s’enflamment uniquement contre Nouria Benghabrit et se murent dans une étrange indifférence, lorsqu’il s’agit de questions stratégiques pour l’avenir du pays.

Cette même LFC 2015 institue une nouvelle taxe annuelle d’habitation, qui sera prélevée par Sonelgaz « , sur tous les locaux à usage d’habitation ou professionnel, et dont le montant annuel est fixé entre 300 et 1.200 DA dans l’ensemble des communes, et entre 600 et 2.400 DA dans les communes des wilayas d’Alger, Annaba Constantine et Oran », indique le Journal Officiel. Cette information importante est passée quasiment inaperçue.

La fiscalité, l’économie et ses conséquences concrètes sur la vie des Algériens, ne sont-ils pas des sujets suffisamment importants pour qu’ils méritent l’attention des Algériens et de leurs médias ? La question se pose avec acuité surtout lorsqu’on sait que les autorités algériennes et leurs relais médiatiques sont très habiles dans la diversion afin de détourner l’attention du public des problèmes importants et des mutations décidées. 

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