MENA Economic Forum : L’Algérie, le pays de tous les possibles

Redaction

Updated on:

Le MENA Economic  Forumqui s’est tenu  à Marseille les 7 et 8 novembre a dressé un bilan et les objectifs à atteindre à long terme dans la zone Moyen-Orient et Afrique du Nord (MENA). Ainsi, l’Algérie n’a pas été oubliée et a eu toute sa place dans les débats, grâce à la voix des intervenants algériens mais également à l’analyse de spécialistes du monde entier. La plupart en sont arrivés à la même conclusion : tout est possible en Algérie. 

Le MENA Economic Forum co-organisé par le Think Tank CapMena et la Kedge Business School dans le cadre de la semaine économique de Marseille, a offert un discours optimiste et surtout réaliste de la situation en Algérie. Le pays qui a été représenté par de nombreux intervenants, tels que Chérif Rahmani, l’ex ministre de l’Industrie, ou Issad Rebrab, président du groupe Cévital, a soulevé le débat. L’Algérie au gigantesque potentiel suscite de fortes attentes dans tout le bloc MENA, mais ne parvient toujours pas à y répondre. Pourquoi ? D’après la plupart des experts présents au MENA Economic Forum, elle pourrait s’offrir un avenir fait de développement et de croissance, à la condition de passer du « vouloir » au « pouvoir ». Parmi les 70 intervenants de ce forum international qui offrait sa 3e édition, certains ont permis de souligner les failles du système algérien mais aussi les ambitions que doit avoir l’Algérie.

Ouverture et facilitation

Les intervenants algériens ont été les premiers à dresser un bilan de l’Algérie. Présent au MENA EconomicForum, Issad Rebrab, le président du groupe Cévital, dont l’intervention sur le thème de la croissance et du développement durable, a été très suivie, a estimé de son côté que le développement en Algérie était possible de différentes manières. Le potentiel, les ressources de l’Algérie sont pour lui deux richesses qu’il faut absolument exploiter. Seul bémol pour le patron de Cevital, les blocages administratifs et les limites imposées par les autorisations d’exploitation et de production dans certains secteurs. Une critique que l’homme d’affaires avait déjà faite dans le passé. Pressé, Issad Rebrab, craignait que l’Algérie ait un train de retard. « Nous serons 50 millions d’habitants et nous aurons probablement épuisé nos réserves de pétrole. Il ne nous restera plus alors beaucoup de temps pour diversifier notre économie. Il y aura 10 millions de nouveaux demandeurs d’emplois d’ici 2020, ce qui nous oblige à créer 1,2 million de postes de travail par an ». Sans changement de la part de l’Etat algérien, l’homme d’affaire poursuit sa route et préfère désormais investir à l’international qu’en Algérie.

Le doigt a également été mis une fois de plus sur les problèmes de la bureaucratie, que beaucoup d’intervenants ont identifié comme frein principal au développement d’activités en Algérie. Ahmed Tibaoui, directeur du World Trade Center Algeria, membre du FCE, a d’ailleurs souligné l’handicap que représente la lenteur et les complications administratives en Algérie. Ce dernier estime qu’elle est « le principal verrou pour le développement du secteur privé en Algérie ». Ahmed Tibaoui estime qu’il est indispensable « de développer toute une intelligence autour des outils administratifs offerts aux entrepreneurs ». Sans réaction de l’Etat algérien, les entrepreneurs algériens pourraient bien prendre le large. Mais combien de projets vont échapper à l’Algérie avant que les dirigeants réalisent qu’ils doivent les retenir ?

Investir mieux…

Outre une un allègement administratif, sur lequel le gouvernement travaille actuellement, que faire ainsi pour encourager entrepreneuriat et le développement d’activités ? Un investissement à long terme selon Ahmed Tibaoui. Ce dernier reconnaît également que l’Algérie ne parvient pas encore tout à fait à développer sa ressource humaine.  « Le grand problème est que les groupes privés étrangers viennent en Algérie, remportent des marchés, et investissent dans le pays, et repartent ce qui est bien. Mais de cette manière ils ne permettent pas le transfert de connaissances. C’est pourquoi il faut développer des partenariats, opter pour les consortiums, comme pour General Electric ou Alstom. Ils se sont installés sur la durée, et permettent de développer la compétitivité. Il y a beaucoup à faire avec les entreprises européennes, par exemple « reconnaît, le directeur du World Trade Center Algeria.

… et explorer de nouvelles pistes

L’Algérie a donc tout intérêt à renforcer son accompagnement des entrepreneurs, à ouvrir l’investissement et faciliter le développement du privé. Autre impératif pour l’économie algérienne : la diversification. Un objectif sans cesse rappelé par tous les experts en économie. Le pays à l’or noir ne pourra pas se contenter des revenus de ses hydrocarbures infiniment. Certes, comme le reconnaît Ahmed Tibaoui, ces revenus ont permis de développer une panoplie d’infrastructures, telles que les transports, les ports et par extension d’offrir de l’emploi et développer des activités parallèles. Le pays aux 220 milliards de dollars de réserves de change cache finalement sa fortune en bons de trésors américains, et dispose ainsi d’une fausse sécurité et doit donc s’alarmer au plus vite.

C’était en tout cas l’avis de nombreux intervenants du Mena Forum Economic : l’Algérie ne doit pas se croire au-dessus de l’économie mondiale et doit s’adapter aux mutations qu’elle subit. Jean-Louis Reiffers, Président du conseil scientifique à l’Institut de la Méditerranée a estimé lors de son intervention que l’Algérie dispose de trop d’argent et ne sait pas le rentabiliser.  « C’est d’ailleurs pourquoi l’Algérie ne peut pas entrer à l’OMC, elle serait dans l’obligation par exemple d’aligner ses prix du carburant aux prix mondiaux, afin de ne pas concurrencer ses voisins. Chose inconcevable en Algérie, même si ça ne lui ferait pas de mal », estime Jean-Louis Reiffers. En effet pour voir à long terme l’Algérie doit envisager des sacrifices pour être gagnante à long terme.

« Ce pays doit également revoir son modèle de croissance et son modèle social, qui ne sont pas bons. L’Algérie doit absolument opter pour une « croissance à produit », à l’heure actuelle, pour 15 % d’investissement, elle a 5% de produit. Ce n’est pas assez », a expliqué Jean-Louis Reiffers. Ce dernier appelle également à explorer d’autres pistes et à relancer des secteurs facilement accessibles à l’Etat algérien comme le tourisme, ou à encourager le retour des immigrés, pour récupérer les compétences parties à l’étranger.

L’Algérie a donc du travail pour exploiter son potentiel, il ne reste plus qu’à engager les réformes adéquates. Prêts pour le changement ?

Quitter la version mobile