Le Ministre du Commerce, Mustapha Benbada vit-il réellement en Algérie ? C’est la question que de nombreux algériens se posent sérieusement après avoir écouté ses déclarations sur la chaîne de télévision privée Dzaïr TV. Le ministre avait affirmé, dimanche, que les commerces « étaient majoritairement ouverts pendant les jours de l’Aïd à travers le territoire national ».
Une affirmation qui en a étonné plus d’un tant elle contraste avec l’ambiance générale de ces jours de l’Aïd où la pénurie de pain et de lait a frappé de plein fouet toutes les grandes villes du pays. Il ne s’agit d’un constat visible que tous les Algériens ont pu dresser. Le Ministre a ajouté qu’il «n’y avait aucun problème» à signaler à ce sujet. En d’autres termes, à l’entendre, les pénuries n’ont pas été constatées en Algérie pendant ces deux à trois jours. Et pourtant, Hadj Tahar Boulenouar, le président de la très «active» Union générale des commerçants et artisans algériens (UGCAA), a reconnu lui-même que «moins de 50 % des commerces à Alger ont respecté la permanence durant l’Aïd».
Cela signifie clairement que presque la moitié des commerçants ont baissé leur rideau. A Alger, à titre d’exemple, certains quartiers n’avaient pas enregistré l’ouverture d’un seul commerce alors que l’UGCCA, comme chaque année, avait lancé des appels aux commerçants, ses membres, pour respecter la réglementation en vigueur. En vain. Pour dire que finalement, en dehors de la défense des intérêts des commerçants, l’UGCAA n’offre pas de contrepartie pour le consommateur. Cet Aïd a montré, encore une fois, que l’Etat n’arrive toujours pas à imposer quoi que ce soit dans un secteur, en l’occurrence le commerce, qui lui échappe complètement en dépit de la réglementation claire. De fortes amendes financières, allant jusqu’à 30 millions de centimes, ont été instituées pour sanctionner ceux qui sont de permanence et n’ouvrent pas durant ces fêtes. Chose qui n’inquiète apparemment aucunement les commerçants algériens. Le Ministre aura beau affirmer le contraire, cela ne persuadera guère le citoyen qui, chaque Aïd, peine à s’approvisionner normalement. Les «contre-vérités» ne feront qu’exacerber les frustrations que ressentent les Algériens.
Elyas Nour