Le passé troublant du nouveau PDG de Sonatrach/ Le retour en force de la « Chakib Khelil connection »

Redaction

C’est un véritable séisme. Contre toute attente,  le ministre de l’Énergie, Noureddine Boutarfa a réuni ce lundi matin le Conseil d’Administration de Sonatrach et a procédé à l’installation de M. Abdelmoumen Ould Kaddour en qualité de PDG de Sonatrach en remplacement de M. Amine Mazouzi. Le communiqué du ministère de l’Energie est laconique, mais son effet est digne d’une véritable bombe nucléaire.

Et pour cause, ce limogeage intervient dans des conditions très troublantes. Sonatrach a amélioré sa production et s’est lancée dans de nouveaux projets ambitieux comme l’exploitation de l’énergie solaire. Certes critiqué par certains de ses cadres de l’intérieur de la compagnie, Amine Mazouzi faisait tout de même unanimité au sommet de l’Etat. C’est du moins ce que toutes les sources les mieux renseignées affirmaient.  Et soudain, c’est la rupture ! En réalité, l’identité du nouveau PDG de Sonatrach suffit pour comprendre les évolutions secrètes au sein de l’establishment de Sonatrach.

Abdelmoumen Ould Kaddour est un proche de Chakib Khelil, l’ancien ministre de l’Energie dont la réhabilitation est en cours depuis plusieurs mois. Ould Kaddour est l’ancien patron de la controversée BRC, une filiale créée en 1994 par Sonatrach et le géant américain Halliburton, à travers sa filiale britannique KBR. Spécialisée dans l’ingénierie pétrolière, BRC était chargée de la réalisation de plusieurs projets pour le compte du ministère de la Défense nationale et de la compagnie Sonatrach. Celle-ci détenait 40 % des actions de la BRC,  11% des actions étaient détenues par le Centre de recherche nucléaire de Draria (CNRD) et les 49 %  restants revenaient à KBR. Dissoute en 2007, cette société est mêlée à plusieurs dossiers scandaleux qui n’ont toujours pas livré leurs secrets.

En 2006, un énorme scandale éclate impliquant plusieurs hauts cadres du pays dont l’actuel nouveau PDG de Sonatrach, à savoir Abdelmoumen Ould Kaddour. Ce dernier fera partie près des 45 personnes qui ont été entendues, dans le cadre de l’enquête entreprise par le tribunal de Bir Mourad Rais sur les violations et la surfacturation dans les transactions de cette compagnie avec les ministères de l’Energie et des Mines et de la Défense, la valeur de ces transactions a atteint  5700 milliards de centimes avec le ministère de l’Energie et 13000 milliards de centimes avec le ministère de la Défense. 

Autre faits troublants. En même temps, la justice militaire s’active et convoque  Abdelmoumen Ould Kadour ainsi que d’autres haut responsables de l’Etat, dont des officiers dans l’armée et un nombre de civil notamment un directeur de compagnie d’assurances privée située à Hydra, pour répondre à plusieurs graves chefs d’accusation. En effet, l’accusation principale en question était «espionnage pour le compte d’un pays étranger et atteinte à la sécurité de la Nation ».

En clair, l’actuel nouveau PDG de Sonatrach était accusé de faire partie d’un réseau  d’espions travaillant pour le compte des autorités américaines en fournissant des renseignements classés confidentiels sur l’Algérie. Abdelmoumen Ould Kadour avait même été détenu entre 2006 et 2007. Il avait passé plusieurs mois en prison, jusqu’à prés d’une année, avant d’être réhabilité. Selon nos sources, après avoir été accusé et traînée dans la boue par le DRS, il sera réhabilité par une enquête du DRS. Mais la vérité ne sera jamais dite sur le scandale BRC. Qu’a-t-on découvert sur les affaires d’Ould Kadour et les autres officiers de l’armée ? Personne n’a voulu dire la vérité aux Algériens.

Concernant cette nouvelle nomination, des sources très fiables affirment qu’ils s’agit d’une mesure prise dans le sillage du retour en force de la « Chakib Khelil Connection ». Abdelmoumen Ould Kadour est un proche de l’ancien ministre de l’Energie et partage sa vision de la gouvernance du secteur économique et énergétique. Il parle couramment anglais et connaît très bien les partenaires américains de l’Algérie. Ce retour signe ainsi un repositionnement stratégique de l’Algérie en faveur d’un rapprochement éminent avec les intérêts américains. Il sera chargé de piloter une nouvelle feuille de route économique à laquelle a beaucoup contribué Chakib Khelil. Mais l’Etat algérien sera rapidement confronté, dans les heures à venir, à la nécessité de fournir des explications sur le passé troublant d’Ould Kadour et devra enfin révéler la vérité sur l’affaire BRC. Sans cette démarche, cette nouvelle nomination sèmera le trouble au sein de l’opinion publique.

 

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