Plus de 56% des intoxications alimentaires en Algérie sont causées par des commerçants. Mais, face à la multiplication des cas d’intoxication, le ministère du Commerce n’a pas trouvé mieux que de diffuser un communiqué où il rappelle des évidences.
Le communiqué, rédigé en arabe et en français, est destiné aux commerçants qui disposent de registres de commerces. Mais le département de Amara Benyounès a peut-être oublié un détail : les contrôleurs des services de la concurrence ne s’adressent jamais aux commerçants activant dans l’informel. Or, ce sont souvent ces derniers qui exposent leurs marchandises à même le sol, sous le soleil et sans aucune règle de l’hygiène.
Il suffit de faire un petit tour dans les marchés de la capitale pour se rendre compte que des choses anormales se passent : absence d’hygiène, et surtout, absence des autorités. Exemple : à Bab-El-Oued, des jeunes vendent du pain par terre, devant des décharges, dans des endroits souvent infestés par des rats, sous le regard passif des policiers. Inutile alors de s’adresser aux agents chargés du contrôle de la qualité. « Nous ne verbalisons que les commerçants qui disposent de registres de commerce », répond un fonctionnaire interrogé sur le sujet.
Pire, dans beaucoup de cas, les fonctionnaires de l’État ferment les yeux, parfois pour gagner quelques dessous de tables, parfois par pure négligence. Et pourtant, selon le bilan dressé par les services du Ministère du Commerce durant le 1er semestre 2014, pas moins de 951 cas d’intoxication alimentaire sont d’origine commerciale, parmi lesquels 691 ont été causées par la pâtisserie. Ainsi, 56,60% des intoxications alimentaires en Algérie sont causés par des commerçants peu respectueux des normes de l’hygiène.
Face à cela, le ministère du Commerce préfère prêcher dans le désert qu’entamer des actions concrètes. « Les denrées alimentaires ne doivent en aucun cas entrer en contact direct avec le sol, ni être manipulées dans des conditions qui risquent de les contaminer telles que la vente sur la voie publique des produits alimentaires sensibles », indique ainsi le ministère, qui précise que « les denrées prêtes à la vente doivent être stockées ou exposées à la vente dans des conditions appropriées pour éviter leur altération ou leur contamination ». Mais, dans bien des cas, les commerçants ne répondent qu’à leurs propres lois.
Essaïd Wakli