Révélation « Offshore leaks » : les fraudeurs algériens sont bien difficiles à démasquer

Redaction

Deux mois après les révélations surnommées « offshore leaks », en référence à Wikileaks, la base de données, compilées pendant quinze mois par le Consortium indépendant des journalistes d’investigation, est ouverte depuis vendredi au public. Et ceux qui attendaient de connaître l’identité des détenteurs algériens de comptes bancaires et de sociétés offshore vont être déçus. Quasiment aucun nom n’est divulgué.

Il voulait faire trembler le monde des affaires, le Consortium indépendant des journalistes d’investigation (ICIJ) et sa montagne de données collectées accouchent finalement d’une souris, du moins en ce qui concerne les mouvements frauduleux algériens. Contrats, photocopies de passeport, livres de comptes… quelques 2,5 millions de documents, dont environ 2 millions de courriers électroniques, ont été assemblés par l’ONG, constituée d’une équipe de 86 journalistes provenant de 46 pays différents. Et pendant plus de quinze mois, l’ICIJ a épluché ces données.

Un travail de longue haleine mis à la disposition des internautes depuis vendredi. Dans ce labyrinthe de données, d’adresses et de noms à consonance majoritairement asiatique, ils peuvent constater qu’il existe au moins une société écran dirigée par des Algériens. En effet, en saisissant « Algeria » sur le moteur de recherche de la base données de l’ICIJ, trois adresses apparaissent : Cité Lasnam et Cité Chouhada à El Oued et Rue Vieux Moulin à Douera (Alger). Et ces trois adresses renvoient à une seule et même entreprise : la Alpha Bright Entreprise limited, dont le siège social se situe à Samoa. D’après une recherche succincte sur le web, l’entreprise en question, spécialisée dans le transport d’équipement médicaux, de machine d’impression et de matériaux de moulage destinés aux marchés africains, est dirigée par la famille Haddana.

En suivant le fil d’Ariane, on se rend très vite compte que cette entreprise est rattachée à d’autres noms et d’autres sociétés offshore, implantées notamment en Asie. Ainsi, l’une d’entre elles s’appelle Portcullis TrustNet (Samoa) Limited. Basée à Singapour, cette société possède une vingtaine de représentations dans les îles Caïman, aux Seychelles, à Hong Kong et à Pékin.

Des adresses, des lieux, des pistes mais aucun nom connu ne sort de cette liste. Les révélations de l’ICIJ ne satisfont pas toutes les attentes. « Il reste que l’exploitation de ces données est très difficile voire impossible car les détenteurs affichés de ces biens offshores ne sont pas nécessairement des personnes corrompues et peuvent tout aussi bien n’êtres que des prêtes noms à de gros bonnets », explique Maghreb Emergent.

Mais, même si pour l’heure aucun nom fiable n’a été révélé par les Offshore leaks, l’ICIJ a au moins le mérite de présenter dans sa complexité la toile d’araignée et ses ramification discrètement tissée par les paradis fiscaux, les banques, les cabinets spécialisés en conseil fiscal et les réseaux d’affaires depuis des années. Une toile qui leur permet depuis si longtemps de blanchir de l’argent, sans jamais avoir peur d’être inquiétés.

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