Le ministre du Commerce, Bakhti Belaïb, est une nouvelle fois monté au créneau. Lors d’une conférence de presse animée mardi soir, le membre du gouvernement a raconté une histoire singulière qui illustre le poids de la mafia dans le pays.
Il a en effet évoqué le cas d’un importateur qui a déclaré avoir acheté des produits alimentaires avant que les douaniers ne découvrent que les containers ne contenaient que des pièces de rechanges d’origine inconnue. «Ce monsieur a des « k’taf » (épaules -NDLR) comme on dit », explique le ministre. «Des cargaisons n’étaient pas homogènes. Il y avait des pièces détachées pour véhicules dont on ignorait totalement l’origine. Donc on a dit non», précise le ministre qui poursuit que l’importateur s’est présenté au ministère et a menacé les cadres. «Je vais faire rentrer ces produit», a indiqué M. Belaïb qui a précisé qu’effectivement, la marchandise a fini par être dédouanée et l’homme a récupéré ses pièces de rechange.
Le ministre a même annoncé avoir mis fin aux fonctions de certains cadres pour avoir aidé des trafiquants. «Je suis accusé d’être le ministre qui a chassé le plus grand nombre de cadres de mon secteur. Que les gens qui m’accusent sachent que si j’avais décidé de mettre fin aux fonctions de quelques cadres, c’est parce que j’avais toujours des arguments et des preuves tangibles. Je n’ai jamais agi pour faire du tort», selon ses propos rapportés par Liberté.
Plus, le ministre a même insinué qu’il risque de perdre son poste à cause de ses déclarations. «Ma devise est claire : celui qui n’applique pas les lois et les règlements, qu’il prenne ses affaires ! Désormais, ma carrière est derrière moi et si je dois quitter demain mon poste de ministre, je voudrais bien le quitter la conscience tranquille», a-t-il dit, selon toujours la même source.
La veille, le ministre avait confié que c’était des lobbies qui avaient poussé à l’interdiction d’importation des voitures de moins de trois ans. Des déclarations qui risquent de créer un séisme dans un secteur massivement investi par de gros bonnets.
Essaïd Wakli