Au cours du dernier semestre de 2014, plus de 275 opérations d’importations ont été recensées en Algérie. Pas moins de 323 opérations de surfacturations ont été également établis par le « fichier des fraudeurs » qui vient d’être établi communément par la direction générale des Douanes Algériennes en collaboration avec l’association Professionnelle des Banques et des Etablissements Financiers (ABEF). Dimanche, Algérie-Focus a consulté ce fichier qui regroupe les noms d’une soixantaine d’importateurs véreux.
Selon ce fichier, les 275 opérations frauduleuses sont, en réalité, des marchandises abandonnées au port puisqu’elles n’ont aucune valeur marchande ! Ces marchandises ont été importées en Algérie via des fausses déclarations douanières.
A travers ces procédés, des importateurs mafieux ont réussi à faire évader plus d’un milliard de dollars de nos capitaux à l’étranger. Et encore ce fichier des fraudeurs s’appuie uniquement sur les saisies opérées par les inspecteurs des Douanes Algériennes. Ce qui ne reflète guère la réalité du « terrain » où les opérations d’importations sont, surtout, régies par des pratiques de surfacturations. Plusieurs sources bancaires qui travaillent sur les dossiers des financements des importations ont confié dimanche à Algérie-Focus que le montant de ces surfacturations peut atteindre facilement les 3 milliards de dollars si l’on « analyse correctement certaines évolutions de la balance de paiement », assurent nos sources.
Le plus étrange dans cette situation demeure le silence et la passivité de la Banque d’Algérie qui n’a toujours pas communiqué la moindre instruction aux banques algériennes. En dépit de toutes ces fraudes signalées par les douanes, la Banque d’Algérie n’a adressé aucun « fichier des interdits de domiciliation ». Et pourtant, l’article 8 et 8 Bis de l’ordonnance 96-22 relative à la Répression de l’infraction à la réglementation des changes permet aux gestionnaires de la Banque d’Algérie d’imposer des « interdictions d’importations » à ces importateurs véreux cités dans le fichier des fraudeurs. Aujourd’hui encore, parmi cette soixantaine d’opérateurs malhonnêtes, de nombreux importateurs continuent de travailler le plus normalement possible en bénéficiant de lignes de crédits pour accomplir leurs importations. Et pour cause, les banques algériennes ou étrangères installées en Algérie n’ont été destinataires d’aucune instruction de la Banque Algérie pour leur demander de « balck-lister » ces opérateurs. Ces banques disposent uniquement « du fichier des fraudeurs » des douanes et de l’ABEF pour se guider dans la pénombre des importations de la mafia algérienne…