Alors que le tourisme tunisien est en chute libre, « l’invasion des plages » promise par les Algériens, semble être la solution à court terme pour rester à flot.
« La Tunisie, le pays qui te va très bien ». C’est le slogan d’un spot publicitaire de la télévision nationale pour inciter les Algériens à se rendre sur les plages tunisiennes, en solidarité avec les attaques terroristes qui ont secoué et affaibli le pays frontalier. Dernier en date, l’attentat de Sousse, le 26 juin dernier, a fait 38 victimes, principalement des touristes étrangers. Une mobilisation populaire, soutenue notamment par des Algériens via les réseaux sociaux, avait suivi. Solidaires, certains Algériens avaient même promis« d’envahir les plages tunisiennes », cet été. Une promesse apparemment tenue, puisqu’ils sont 481.299 visiteurs algériens de plus qu’en 2014, soit une augmentation de 8 % selon le département du tourisme tunisien. Au contraire des Européens, qui eux ont annulé en masse leurs réservations. Ainsi le marché français et italien a reculé, respectivement de 24 % et 48, 7 % entre 2014 et 2015, selon la même source.
Des plages et des hôtels bondés d’Algériens
À El Kantaoui, la station balnéaire où a eu lieu l’attentat de juin, le nombre de touristes algériens, tunisiens, et libyens à augmenter depuis la fin du Ramadan. Assurant 85% du taux de remplissage des hôtels. Habib Ammar, ex-directeur général de l’Office National du Tourisme Tunisien (ONTT), a déclaré, « la visite des touristes algériens aidera la Tunisie à surmonter la plus grave crise du secteur touristique de son histoire. »
Face à l’impact économique de l’attaque de Sousse, qui devraient atteindre au moins un milliard de dinars (plus de 450 millions d’euros), l’arrivée en masse des vacanciers algériens semble être la solution à court terme, dans un contexte d’économie touristique malmenée depuis 2010. Le tourisme est un secteur névralgique de l’économie du pays puisqu’il représente 7 % du PIB tunisien et 12 % des emplois de la population active, comme l’indique l’agence financière Fitch.
Un tourisme solidaire à bon prix
La chute libre du tourisme tunisien a forcé ses institutions à mettre en place des mesures exceptionnelles pour relancer le secteur. Parmi elles, une baisse sensible des tarifs saisonniers. Lors d’une conférence de presse tenue, le 29 juin 2015, la ministre tunisienne du Tourisme Selma Elloumi Rekik a déclaré que les Algériens pourront séjourner une semaine dans des hôtels 4 et 5 étoiles pour moins de 150 euros.
Tout est donc fait pour chouchouter les touristes algériens en Tunisie et les récompenser ainsi de leur solidarité envers un peuple voisin affecté par le terrorisme. La fréquentation algérienne devrait continuer à augmenter étant donné le renforcement des lignes aériennes entre les deux pays. La Tunisie et l’Algérie ont effectivement signé un accord, le 28 juillet, permettant de passer à 42 vols par semaine et de tripler ainsi le nombre de passagers. Une solution pour pallier la chute du trafic aérien en Tunisie, qui a connu une perte de 3, 768 millions voyageurs, ces trois derniers mois.
Sara Grar