2016, l’année prochaine, les transferts sociaux en Algérie vont augmenter de 7,5 %. Malgré la crise financière qui frappe à nos portes, l’Etat algérien a décidé de reconduire la même politique, à savoir dépenser des milliards et des milliards de dollars pour subventionner des produits importés afin de maintenir la paix sociale.
Des milliards de dollars pour subventionner des produits presque tous importés. Un budget énorme qui aurait pu profiter davantage à la production nationale s’il était réinvesti dans le soutien aux entreprises et entrepreneurs nationaux. Mais, au lieu de cela, les autorités algériennes préfèrent donner des subventions tous azimuts sans réfléchir à leur impact au niveau des couches sociales les plus défavorisées. Celles-ci ont-elles besoin d’un sachet de lait ou d’une baguette de pain pour s’épanouir ou d’un emploi stable et d’un salaire digne qui lui garantit de quoi vivre dignement ? Personne au sommet du pouvoir en Algérie ne se pose cette question. L’essentiel, encore une fois, est de nourrir les bouches de ces Algériens afin qu’ils ne protestent pas dans la rue. Voici les chiffres exacts de ce que l’Algérie va dépenser en 2016 pour subventionner les produits de première nécessité et maintenir en vie des services publics
- L’Algérie dépensera près de 4,77 milliards de dollars pour le soutien à l’habitat à travers la construction de plusieurs milliers de logements sociaux et AADL. Et en dépit de tous ces logements, l’accès à la propriété demeure un luxe que seul les nantis peuvent se permettre.
- Près 4,46 milliards de dollars seront accordés l’année prochaine pour « le soutien aux familles », selon la terminologie des pouvoirs publics dont 2,22 milliards de dollars pour les subventions des prix des produits de base (céréales, lait, sucre et huile).
- Près de 3,165 milliards de dollars pour le soutien à la santé publique. Et malgré ce budget conséquent, la qualité des soins dans notre pays demeure catastrophique. Où va donc tout cet argent ?
Il est à signaler, en outre, que les subventions indirectes vont coûter à l’Algérie plus de 15 milliards de dollars, consistant en:
– 6,30 milliards de dollars de différentiel entre les prix réels des carburants y compris les quantités importées, et le prix de leur cession dans les stations de services.
– Plus de 7,50 milliards de dollars de différentiel entre le prix réel du gaz naturel et son prix de vente aux consommateurs.
– Et 1,54 milliards de dollars de subvention d’équilibre à la société Sonelgaz.
Ces chiffres hallucinants prouvent que les transferts sociaux en Algérie pèsent énormément sur le budget de l’Etat. Permettent-ils réellement de réduire les inégalités et la pauvreté en Algérie ? Pas vraiment, puisque ces subventions ne réduisent en rien la paupérisation de larges couches populaires. Mal-gérées et mal-distribuées, elles génèrent, au contraire, des frustrations et des déceptions. Et si tout cet argent avait été consacré à l’industrialisation et au développement d’une véritable économie moderne, quelle aurait été le visage de l’Algérie d’aujourd’hui ?