Béjaïa: Le rail de la discorde

Redaction

Les citoyens de la vallée de la Soummam qui rejettent le tracé actuel du projet de réhabilitation et de modernisation des installations ferroviaires de la ligne Beni Mansour – Béjaïa ne savent plus à quel saint se vouer. En effet, près d’un an après l’entame de leur mouvement d’opposition à ce projet qu’ils qualifient de véritable « tsunami » aux conséquences désastreuses sur la région, les pouvoirs publics ne semblent pas trop s’en soucier, à en croire les initiateurs.

« Nous ne sommes pas contre le dédoublement et la modernisation de la voie ferrée, mais nous rejetons le tracé actuel. Si on le laisse en l’état, pas moins de 1600 habitations, 32 usines, 7 cimetières, 4 mosquées et 3 ou 4 établissements scolaires seront démolis. A cela s’ajoute une catastrophe environnementale, car le lit de l’oued Soummam, sera ravagé », souligne de prime abord le président de l’Association de défense des intérêts des citoyens, opérateurs et industriels de la Soummam.

Aït Braham Khodir soupçonne une volonté délibérée de « sabotage » de cette région de Kabylie. Car, argumente-t-il, « il y avait un premier tracé, réalisé en 2010 par deux bureaux d’études, un espagnol et l’autre algérien, qui ne représentait pas beaucoup de contraintes. Mais, en 2013, on l’a remplacé par celui en cours, qui constitue un véritable tsunami aux conséquences sociales, économiques et environnementales fâcheuses ». Pourtant, estime notre interlocuteur, « on aurait pu suivre un tracé parallèle à la pénétrante autoroutière ».

rail train

Le comble, s’indigne M. Aït Braham, les pouvoirs publics ne daignent même pas prendre au sérieux les préoccupations des milliers de citoyens issus des différentes communes touchées par cette ligne de 87 km. « Fin mars dernier, nous avons tenu deux réunion. La première avec le DG de l’Anesrif (Agence nationale d’études et de suivi de la réalisation des investissements ferroviaires, NDLR) et la seconde avec des hauts responsables du ministère des Transports, dont l’inspecteur général et le directeur en charge des transports aériens et ferroviaires. Il a été convenu qu’une délégation des deux institutions en question, des représentants de la société civile ainsi que les élus aux APC concernées, se rencontreraient sur les lieux pour désamorcer la crise, mais, malheureusement, un mois après, il n’y a toujours pas eu de suite », se révolte notre interlocuteur. Et de rappeler que « plusieurs rassemblements de protestation avaient été organisés depuis le lancement du mouvement, mais face à la sourde-oreille affichée par les pouvoirs publics, les citoyens ont dû recourir à la fermeture de la voie ferrée, il y a un mois, au lieudit Riki, à Akbou ».

M. Aït Braham indique ainsi qu’un « rassemblement général des citoyens est prévu pour samedi prochain, à Akbou, pour décider de la suite à donner au mouvement ». Il souligne toutefois que « notre mouvement restera toujours pacifique et nous ne voulons que du bien pour la Soummam ».

A noter que les travaux de réalisation ne sont toujours pas entamés en raison de cette opposition citoyennes, en dépit des annonces répétées de plusieurs hauts responsables, dont le ministre du secteur, d’un « début imminent ». « Seules les travaux de bases de vie ont été lancés », affirme M. Ait Braham. A souligner enfin que toutes nos tentatives de joindre l’Anesrif, maître d’oeuvre, sont demeurées vaines durant la journée de ce mercredi 22 avril.