Le paysage politique algérien s’agite dans la perspective de l’élection présidentielle. Tandis que les appareils FLN et RND tentent désespérément d’éviter l’implosion, de retrouver un équilibre et de se remettre en ordre de marche pour porter une «candidature de consensus», les partis islamistes prennent soin, eux, d’accorder leurs violons à temps.
L’entreprise s’avère difficile vu les divergences qui minent ce courant islamiste en Algérie. Les partis islamistes en Algérie tentent de s’unifier en prévision de l’élection présidentielle de 2014.
Un test que les islamistes algériens ne veulent pas rater après avoir échoué de rééditer le «Printemps arabe» lors des précédentes élections législatives. Les partis islamistes commencent déjà à faire leurs petits calculs.
Ainsi, les deux dirigeants les plus en vue de ce courant, à savoir Abderrezak Mokri et Abdallah Djaballah se sont rencontrés, récemment à Alger en vue de «se concerter pour la prochaine élection présidentielle».
Les deux dirigeants islamistes se rencontrent pour la première fois depuis 20 ans. Aucune action concrète n’est sortie de cette rencontre. Les deux hommes (et leurs partis politiques respectifs) ont eu des parcours différents. Le chef du parti Al-Adala n’a d’ailleurs jamais apprécié la politique de l’extrémisme prônée par ses amis de Hamas.
Autre signe d’un rapprochement entre les formations politiques de la mouvance islamiste : le colloque international consacré à Mahfoud Nahnah organisé, il y a deux jours, par les deux partis issus de l’ancien hamas, à savoir le MSP et le «Front du changement» de Abdelmadjid Menasra. Pour cette occasion, le parti désormais dirigé par Abderazak Mokri, adversaire de la ligne participationniste, a mis les petits plats dans les grands.
Et cela en invitant des grandes figures de l’islamisme algérien mais aussi des étrangers et pas des moin-dres. En plus des chefs des trois partis de l’Alliance Algérie Verte (AAV), étaient présents Abdelmadjid Menasra et Amar Ghoul, deux dissidents du parti qui ont préféré lancer leurs propres formations politiques, après d’insurmontables divergences avec Aboudjera Soltani.
Ne figurait pas au premier rang des invités que Djaballah qui, a-t-on assuré, dans l’entourage des organisateurs «avait un empêchement personnel». Parmi les étrangers, Rached El Ghanouchi, le chef du parti tunisien Nahda, en invité vedette, était accompagné par le conseiller du président Bouteflika, Sid Ali Boughazi.
A ses côtés le Pakistanais Abderachid El-Tourabid, le Koweitien Nour Sanaâ, secrétaire adjoint du Congrès islamique mondial, Oussama Hamdane du Hamas palestinien, cheikh El- Djabri du Liban, le représentant du parti turc des frères musulmans et un invité du Soudan.
Amar Ghoul, qui a accepté de venir à cette rencontre en hommage à Cheikh Nahnah dont il revendique une partie de l’héritage, s’est montré moins emballé par les slogans islamistes affirmant que son parti est nationaliste et ouvert à tous ceux qui veulent servir l’Algérie quelles que soient leurs obédiences. Mokri candidat ?
Si il y a une personnalité qui sort du lot lors de cette rencontre à Sidi Fredj, c’est incontestablement le tout nouveau chef du MSP, intronisé en leader qui veut rassembler la mouvance islamiste algérienne. Son but, non déclaré pour le moment : être son candidat à la présidentielle de 2014.
D’ailleurs, il a lancé des messages dans ce sens tant au président de la République et aux «décideurs», les invitant à «oeuvrer de sorte à faire de la prochaine présidentielle une occasion à ne pas rater pour permettre au pays une sortie de crise pour sauver l’Algérie.
Arrêtez les fabrications du laboratoire !» Pour Mokri, désormais «le rêve est possible». «On doit nous unir. Cette occasion n’est qu’une première étape pour concrétiser ce grand rêve. Nous appelons les différents représentants de partis à rejoindre notre action pour réunifier nos rangs […]. Rien ne nous empêchera de réaliser ce projet d’union.
On doit profiter de ce vent de réconciliation pour concrétiser ce projet tant attendu par nos prédécesseurs », a déclaré Abderazak Mokri.
«Le premier pas a été franchi avec l’Alliance de l’Algérie verte, mais mon grand souhait est d’élargir ce mouvement vers les autres partis nationalistes qui partagent avec nous les mêmes idées ; je ne parle pas seulement du parti TAJ de Amar Ghoul et du Front du changement de Abdelmadjid Menasra. Mais notre initiative sera élargie vers les autres formations», a-t-il ajouté. Mokri a rappelé que Djaballah n’a pas fermé la porte à une réconciliation.
Après avoir précipitamment déserté «l’Alliance présidentielle » sous pression de leur base militante, le MSP travaille désormais à la recomposition de la mouvance islamiste en Algérie. Il veille surtout à resserrer les rangs, convaincu qu’une fenêtre de tir s’apprête à s’ouvrir dans un avenir proche, notamment après la diffusion d’images révélant objectivement les difficultés physiques du chef de l’Etat, son incapacité indiscutable à assumer ses lourdes fonctions.
L’hypothèse d’une candidature islamiste dans la lancée des expériences des voisins maghrébins et de la Turquie, s’installe et séduit jusque dans des milieux insoupçonnés, plutôt proches du pouvoir, notamment avec le concours très attendu de la manne financière du Qatar et de l’Arabie saoudite.
Malgré un contexte régional favorable à l’émergence d’un courant islamistes fort, ambitieux à accéder aux mannettes du pouvoir et le soutien de certains pays à cette mouvance, l’union des islamistes, s’avère laborieux en Algérie. Car ce qui sépare ces islamistes est beaucoup plus important que ce qui les rassemble.
Lu sur Le Jour d’Algérie