La surconsommation, le gaspillage, ajoutés au comportement incivique des citoyens et le laisser-aller des autorités, vous allez avoir une capitale qui croule sous les déchets.
Les ordures, partout des ordures. C’est le décor qui s’installe dans la capitale et sa banlieue après le f tour. Des milliers de sachets de déchets sont entassés devant des bennes à ordures trop exiguës. Cette situation qui est déjà remarquable les autres mois de l’année, s’aggrave pendant le mois de Ramadhan avec le gaspillage et la surconsommation. Le jeûne fait que les consommateurs ont les yeux plus «gros» que le ventre. Ils font donc dans la surconsommation et achètent tout, ce qui a comme résultat logique le gaspillage ! Les poubelles sont en effet gavées de… nourriture. Vous avez dû le remarquer, les sachets d’ordures ménagères deviennent pendant le Ramadhan des couffins à provisions! Aucun aliment n’échappe à la poubelle. Le pain reste toutefois, l’aliment le plus gaspillé pendant le Ramadhan. Les foyers achètent toutes sortes de pain, en quantité, qui pourraient nourrir des bataillons mais malheureusement, la majeure partie de ce pain est finalement jetée à la poubelle. L’Union nationale des commerçants et artisans algériens (Ugcaa) a même fait une estimation de cette nourriture jetée à la poubelle pendant le mois de la «Rahma» (Miséricorde). Cette association des commerçants algériens parle de 500.000 quintaux de légumes, sur les 10 millions de quintaux achetés pendant le mois de Ramadhan, qui sont mis dans des sachets en plastique destinés à la décharge. L’ Ugcaa estime que c’est en millions que se comptent le gaspillage des baguettes de pain et les litres de lait.
Outre la nourriture, les emballages et bouteilles en plastique font déborder nos poubelles.
En effet, avec le mercure qui fait des siennes, les consommateurs se ruent sur les boissons pour la plupart contenues dans des bouteilles en plastique. Ajoutez à cela les emballages de produits alimentaires et les sacs plastiques et vous allez avoir des poubelles bondées!
Mais le fait que le volume des déchets double pendant le mois de Ramadhan, n’est pas la seule raison qui fait qu’Alger croule sous les poubelles après le f tour. Car, il ne faut pas compter que les déchets ménagers, mais aussi ceux de promeneurs. Des milliers sortent en effet en soirée, ils n’adoptent pas toujours des comportements civiques. Certains jettent par exemple leurs gobelets de thé ou café n’importe où. D’autres, les emballages des produits qu’ils consomment durant la «Sahra»… En parlant de comportements inciviques on ne peut pas ne pas citer celui des citoyens qui sortent leurs poubelles à n’importe quelle heure ou qui les jettent n’importe où! Néanmoins, cela n’est pas totalement de leur faute. Car, il faut dire que les collectivités locales n’informent pas les citoyens des horaires de ramassage des ordures, et surtout les bacs à ordures mis en place sont disproportionnés par rapport au nombre d’habitants et déchets qu’ils produisent. Cela en plus de la négligence et du laisser aller dont ils font preuve dans le ramassage des ordures et le nettoyage des quartiers. Bref, c’est une responsabilité partagée qui fait qu’Alger devient pendant le mois de Ramadhan, la capitale des…ordures.
13 millions de tonnes de déchets produits par an en Algérie
A défaut d’industrie, on produit des déchets. L’Algérie produit 13 millions de tonnes de déchets par an. C’est la déclaration faite par la secrétaire d’Etat auprès du ministre de l’Aménagement du territoire, de l’Environnement et de la Ville, Mme Dalila Boudjemaâ, mardi, lors d’une rencontre de sensibilisation avec les mourchidate. Mme Boudjemaâ a souligné que «ces 13 millions de tonnes de déchets par an, générant aux collectivités locales des coûts très exorbitants». Les coûts de la pollution de l’environnement qui englobe toutes sortes de déchets, y compris les déchets industriels et hospitaliers, ont été «réduits à 1,8 milliard dollars/an, soit à plus de 50%, contre 3,5 milliards de dollars en 2002 et ce, grâce au Programme national de protection de l’environnement et au plan national de gestion intégrée des déchets», a-t-elle ajouté. Lors de cette rencontre, Mme Boudjemaâ a appelé les mourchidate à la nécessité de sensibiliser les femmes, et par conséquent la société tout entière au rôle «efficace qui leur est sien dans la protection de l’environnement, et notamment pendant le Ramadhan, période durant laquelle le volume des déchets augmente».
Walid Aït Saïd