Grande mosquée d’Alger : l’état défend son projet

Redaction

Les autorités algériennes se mobilisent pour défendre le projet de Djamaa el Djazair, ciblé par de nombreuses critiques depuis plusieurs mois. L’Algérie convaincra-t-elle l’opinion publique de l’utilité d’un chantier qui coûtera presque 1,5 milliard de dollars au pays?

La Grande Mosquée d'Alger devrait créer 10 000 emplois pour les Algériens / DR

Il a réponse à tout. L’état algérien défendra coûte que coûte la plus grande mosquée du maghreb face aux nombreuses critiques que le projet titanesque reçoit de la part des Algériens. Lundi dernier, les autorités algériennes par la voix de l’Anargema ( l’agence nationale pour la construction et la gestion de la Grande mosquée d’Alger), ont profité d’une conférence de presse pour répondre aux remarques contre Djamaa el Djazair, actuellement en construction sur le site de Mohammedia.

Un projet culturel et touristique

« Le projet n’est pas une simple salle de prière comme il en existe des milliers en Algérie mais un complexe culturel touristique et scientifique », a tenu à préciser le directeur de l’agence nationale pour la construction et la gestion de la Grande mosquée d’Alger, Mohamed Alloui, lors de la conférence de presse.

La Grande Mosquée d’Alger a en effet prévu de nombreux espaces : elle comprendra une salle de prière d’une capacité de 120.000 fidèles, une bibliothèque de 2.000 places dotée d’un million d’ouvrages, une salle de conférence, un musée d’art et d’Histoire islamiques et un centre de recherche sur l’Histoire de l’Algérie. Le lieu de culte deviendrait plutôt un lieu de vie culturel et un monument. La déclaration vient répondre aux rumeurs évoquant le projet marquant le règne de Bouteflika, ou encore celle d’une vieille concurrence entre l’Algérie et le Maroc, tous deux jouant à la course au plus grand minaret.

Fin de polémique sur la sécurité

Mohamed Allouane a également tenu à recadrer des experts qui avaient critiqué le choix du lieu pour la construction estimant que le terrain choisi se trouvait « dans une zone sismique qui ne peut pas supporter un minaret haut de 270 mètres ». Les craintes étaient justifiées puisque le nord de l’Algérie est une zone à forte sismicité. Il faut rappeler qu’en mai 2003, Alger et sa région, avaient été les victimes d’un fort séisme. Le bilan humain de cette catastrophe naturelle avait été terrible : 2300 Algériens avaient trouvé la mort. L’Anargema a toutefois tenu à rassurer la population algérienne en assurant qu’ « une étude de sismicité du site d’une superficie de 20 hectares a prouvé que le sol était ferme et qu’il ne contenait pas de faille. »

Les détracteurs restent nombreux

Malgré ces multiples justifications, beaucoup de citoyens algériens ne décolèrent pas, et estiment que l’urgence n’est pas dans une mosquée. Depuis fin août, une pétition réclamant l’arrêt de la construction de cette mosquée circule sur Facebook ou encore le site Change, recueillant, à l’heure actuelle 1599 signatures. Les opposants à la mosquée estiment que sa construction, dont le coût avoisine, selon eux, les 2 milliards de dollars, n’est « pas une nécessité nationale comme les autres infrastructures et investissements nécessaires ». La somme, selon les signataires, pourrait servir à la construction de « 100 000 logements, 10 hôpitaux CHU ou 20 opéras ou grands théâtres ».

En réalité, le projet, confié par le gouvernement à la société chinoise China State Construction Engineering Corporation (CSCEC), n’a été évalué qu’à un milliard d’euros par des sources officielles. Cette Grande mosquée, dont la construction a débuté en mai, devrait être achevée d’ici trois ans. En contre-partie, Djamaa el Djazair, devrait créer 17.000 emplois dont 10.000 pour des Algériens selon les autorités.

AB