De notre correspondant en Kabylie ANNARIS AREZKI
Entre le nom d’une fleur, celui d’un poisson et celui de la rencontre des vents, la signification du terme : « Azeffoun », oscille. Certains optent pour le premier nom, d’autres pour les deux autres. Moi, quoique la mer qui borde cette ville n’est pas pauvre en poissons et n’empêche pas les quatre vents de s’y rencontrer, je préfère l’acception du terme fleur. Les romains l’ont appelé ROZASUS, les français PORT GUEYDON, mais le nom originel résistant au temps et au colonialisme, parce que il n’a jamais quitté la mémoire de ses authentiques enfants, reprend sa place à chaque indépendance.
L’épanouissement de cette fleur a tardé à venir, car quelque part il y avait manque d’ingrédients. Ces ingrédients, confisqués par on ne sait qui, n’arrivaient pas à trouver la main du bon jardinier. Azeffoun, malgré sa nature touristique (30 Kms de côte au moins), et sa situation géographique (clé entre les wilayas de Béjaia et Tizi-Ouzou), occupe le rang des communes les plus démunies .Telle une mère qui nie sa progéniture, auparavant, elle ne laissait jamais ses unités économiques prendre de la longévité. Des trois unités économiques qu’elle a connues, avant l’entrée en vigueur du libéralisme et de la démocratie, aucune d’elles n’a pu garder son identité initiale.
1-C’est en siège de Daïra qu’a été transformé l’unité de pêche.
2- L’usine de fabrication de bouchons de pipes s’est transformé en souk el fellah, puis en siège de la sécurité nationale (police).
3-L’entreprise communale des travaux de bâtiment n’a pas atteint l’âge de dix ans lorsqu’elle a déposé son bilan.
Un autre espoir est né à Azeffoun, dont le berceau est le port. Entamées juste après l’indépendance, les semailles n’ont pu donner les premiers germes qu’en 1989.
C’est à une entreprise nationale, SONATRAM, qu’est revenu l’honneur de réaliser ce vœu, en démarrant les travaux du port en 1989. Ce port sera la source du développement de notre commune, espéraient les Azeffouniens. Il permettra à notre fleur de libérer ses pétales en quelque sorte. Actuellement, ce port est opérationnel, mais il est loin de remplir l’espoir qu’il a suscité au début de ses travaux. Il ne permet ni le déchargement de la marchandise importée, ni le chargement de la marchandise exportée. Et les azeffouniens qui veulent voyager par mer sont obligés, comme d’habitude, de le faire à partir d’Alger ou de Bejaia. Mais, en tant que port de pêche, il remplit convenablement son rôle. C’est une fonction importante quand même.
Actuellement, aucune unité de production étatique n’existe au niveau de la commune. Dans la zone destinée à l’activité, seules trois (03) unités de productions fonctionnent.
-1/ Une usine de fabrication de biscuits (BISCAL), appartenant à un particulier, médecin de formation originaire et résident d’Azeffoun, qui emploie plus de deux cents (200) personnes et qui exporte ses produits vers les pays voisins (Libye, Tunisie…).
2/ Une unité assurant la fabrication et la réparation navale. Pour les petits bateaux évidemment Le local abritant cette unité, louée à un particulier, appartient à l’APC.
3/ une minoterie.
Il y a aussi, dans cette même zone, une usine de yaourt, qui a cessé ses activités après un court fonctionnement. Normalement, dans un proche avenir, une usine de production d’aliments de bétail se mettra en marche. A sept kilomètres à l’ouest du chef lieu de la commune, au lieu dit TAGHZA LABHAR, est érigé un parc d’aquaculture, qui est aussi opérationnel.
En matière d’infrastructures hôtelières, Azeffoun est doté de cinq (05) hôtels : Le Marin et le Marin bis, le Méditerranée, le Littoral et un nouveau né dont le nom n’est pas encore choisi.
Concernant les établissements scolaires, outre les écoles primaires existant dans la quasi-totalité des villages de la commune, Azeffoun compte aussi trois (03) collèges d’enseignement général , deux (02) lycées et un centre de formation professionnelle..
En matière de santé, en plus de l’ancien hôpital existant depuis l’ère coloniale, et quelques unités de soin , implantées dans certains villages, cette année un autre hôpital(60 lits), construit par une entreprise chinoise, entrera en fonction prochainement. Théoriquement, à l’instar de toute l’Algérie, Azeffoun n’est pas pauvre en ETB (entreprises de travaux de bâtiment), mais réellement, sans amoindrir le mérite de celles qui ont édifié les bâtiments qui jonchent la zone de la route menant vers TIFREST, pour permettre l’extension de la ville, elles sont rares celles qui peuvent réaliser une école primaire dans les délais voulus.
Quoique le propriétaire de l’une des plus grandes entreprises de travaux publics au niveau national, ETRHB, est originaire d’Azeffoun. Mr HADDAD en l’occurrence. Les hôtels le Marin et le Marin bis, cités ci haut, lui appartiennent. Sincèrement, jusqu’à présent, depuis l’instauration du libéralisme en Algérie, le vrai sens de l’entreprise, celui de l’E.T.B surtout, est noyé dans la pléthore de registres de commerces dont la majorité peuvent être assimilées à de contenants qui ne reflètent pas la nature de leurs contenus.
Parler d’Azeffoun sans parler de pêche, c’est évoquer la mer sans penser à l’eau et au poisson qui y baigne. Effectivement, depuis la reconstruction du port, des pêcheurs de métier y exercent leur fonction d’une manière la plus convenable. Du poisson y est proposé dans toute sa variété. De la sardine à la crevette en passant par l’espadon.
En évoquant la mer, le tourisme s’invite devant l’imagination d’une manière automatique. En effet, Azeffoun, littorale qu’elle est (pas moins de 30 km de côte), attire de nombreux visiteurs en été. Ils viennent de toutes les régions du pays. Faute d’infrastructures, en quantité suffisante, les touristes d’autres nationalités (le terme étranger est caduc) sont très rares. Beaucoup d’estivants algériens, habitant loin d’Azeffoun et voulant y passer leurs vacances en familles, hébergent chez des particuliers moyennant location ou bien dans les camps de toile qu’un privé installe pour la circonstance. Le nombre de places disponibles dans les cinq hôtels existants ne peuvent pas répondre à l’intense demande estivale. Quoiqu’ en hiver, il y a plus de chambres vides que d’occupées.
En guise de projet de grande envergure, Azeffoun bénéficiera prochainement de l’une des cinq (05) stations thermoélectriques prévues sur tout le territoire national. Le principe est adopté et le lieu de son implantation est choisi au niveau de la zone d’activité.
Le tourisme et la culture étant si proches, qu’on peut considérer l’un pour l’autre, on ne peut pas citer Azeffoun sans penser à ses artistes et hommes de culture. On peut citer: Boudjemaa Elankis et Chercham (chanteurs chaabi), Djaout Tahar , l’illustre et célèbre écrivain :Fellag Mohammed, le grand humoriste mondialement connu ; les Hilmi Said et Mohamed, comédiens ; Hnifa (chanteuse) ; Ifticene Mohamed , le réalisateur cinématographique et Ifticene Younes , entraineur de football ; Mustapha Badie ( Berkouk de son vrai nom) réalisateur cinématographique ; Mohamed Alloua (jeune chanteur Kabyle)Ourais Achour , acteur de cinéma ; Ouazib Mohand Ameziane ( chanteur en kabyle), Rouiched le grand acteur ; El Hadj Mohamed El Anka, le plus grandeur chanteur Chaabi algérien ; Mohamed Iguerbouchene , le musicien universel ; Issiakhem (artiste peintre) ;Sahel (flûtiste) . Yacef Saadi (auteur de la bataille d’alger). A ces personnalités artistiques, on peut ajouter : Yacef mOar (dit ; petit Omar), le plus jeune chahid algérien ; Didouche Mourad (colonel tombé au champ d’honneur) ; Said Sadi( psychiatre, militant de la cause berbère, écrivain , fondateur et président du parti RCD )… concernant les infrastructures culturelles, on y trouve : – Une salle de fêtes ,héritée du colonialisme ( butin de guerre pour paraphraser le grand Kateb Yacine) – Un centre culturel baptisé au nom de TAHAR DJAOUT- Une auberge de jeunes- Une bibliothèque de proximité en phase d’achèvement .
Pour ce qui est du sport, Azeffoun est dotée d’un terrain de football communal où évolue l’équipe locale ESA (étoile sportive d’Azeffoun). Ce stade, en tuf, sera bientôt doté de tribunes dont il était dépourvu jusqu’à présent. A côté de ce stade se trouve une salle omnisport où se pratiquent diverses activités sportives. S’agissant des femmes qui veulent pratiquer du sport, une salle, assez spacieuse, réservée pour le sport féminin, entrera en fonction dans les prochaines semaines.
Pour un touriste qui veut allier l’utile à l’agréable, il peut visiter les sites archéologiques se trouvant à Azeffoun Haut et au village Ait Rehouna.
Politiquement parlant, depuis l’avènement du pluralisme, en 1990, la commune d’Azeffoun, qui compte 48 villages, est administrée par la majorité FLN lors des premières élections municipales multipartistes en juin 1990. Deux ans après, une fois le FIS, qui géraient la majorité des mairies algériennes, est interdit d’activité, toutes les APC étaient dissoutes et remplacées par des DEC (Délégation Exécutive Communale) jusqu’à l’année 1997. Depuis cette date, c’est le FFS qui a gouverné l’APC pendant cinq (05) ans après avoir remporté la majorité absolue. En 2002, le FFS, récidive en gérant les affaires de la commune. Mais cette fois ci la légitimité est si réduite qu’elle avoisine le néant. Suite à l’appel au boycott du mouvement l’ARROUCHE, le taux de participation aux éléctions communales et wilayales au niveau de la kabylie était très insignifiant Ce qui a obligé l’état à organiser des élections locales partielles au niveau de la kabylie en octobre 2005. Un scrutin qui a permis au RCD de prendre les règnes de l’APC pendant les dix huit mois restants au mandat normal, en remportant les quatre sièges sur les neuf possibles.
Le 29 novembre 2007, il récidive en remportant la majorité absolue (5 sièges sur 9) après les élections locales organisées sur tout le territoire national. Actuellement, jusqu’à 20012, le maire qui est à la tête de la commune d’Azeffoun est d’obédience RCD (Rassemblement pour la Culture et la Démocratie). D’ailleurs sur les trois autres communes, que compte la daïra d’Azeffoun, seule la mairie de AKERROU (TIFRIT N’AT LHADJ réellement) est administrée par le RND, les deux autres (Aghribs et Ait Chaffa) sont gouvernés par le RCD. Officieusement, on parle de la promotion de AZEFFOUN en wilaya déléguée lors du prochain découpage administratif. Elle est dotée de critères nécessaires pour accéder à ce statut.
L’ouverture officielle de la saison estivale se fera demain le dimanche, 14/06/2009, lors de la visite qu’effectuera le wali de Tizi-Ouzou dans cette région. Il visitera les deux plages principales : Le CAROUBIER de la commune d’Azeffoun et LE PETIT PARADIS de la commune d’Ait Chaffa.
En principe, à partir du mois de juillet, la ville d’Azeffoun sera animée en diurne et en nocturne. Si les prévisions épousent les réalisations, il y aura un tournoi de football inter villages et des galas artistiques (chants, théâtre …). Même un festival cinématographique, d’envergure internationale, sera organisé le mois d’août prochain et sera parrainé par CANAL ALGERIE en collaboration avec l’APC. Le simple citoyen aura l’occasion de côtoyer de grands acteurs qu’il voyait qu’à travers les écrans. C’est peut être une occasion de relancer la culture et l’art au niveau de cette région. Il est vrai qu’ailleurs, on ne peut pas parler d’Azeffoun sans penser à ses artistes, mais, avouons le, que c’est à Alger que la majorité de ces artistes est formée. Donc pour que cette commune mérite le qualificatif de ville d’art et d’artistes, il appartient aux autorités d’encourager les activités artistiques et culturelles.
Ainsi, les jeunes en s’occupant positivement, auront l’occasion de développer leurs dons, s’éloigneront des fléaux modernes (drogue, alcool.) et serviront de courroie de transmission de la culture pour les générations futures. Sans culture, Azeffoun ne quittera jamais le début de son éclosion. Mais si la culture est prise en considération, elle a tous les atouts pour bien éclore et devenir une jolie fleur.
A.A