Oran en alerte : l’incendie à l’hôpital des enfants de Canastel, une catastrophe évitée de justesse

Redaction

Oran en alerte : l’incendie à l’hôpital des enfants de Canastel, une catastrophe évitée de justesse

Oran, 9 septembre – Lundi matin, alors que les rues d’Oran étaient plongées dans le silence de la nuit, un incendie a éclaté dans l’un des lieux les plus sensibles de la ville : l’hôpital des enfants de Canastel. À 1 h du matin, une épaisse fumée noire a commencé à envahir le sous-sol de l’établissement hospitalier, semant la panique parmi le personnel et les familles présentes. Le pire semblait inévitable, mais, contre toute attente, aucune victime n’a été signalée. Une catastrophe évitée de justesse, laissant planer des questions sur la sécurité des infrastructures publiques dans l’Algérie moderne.

Un feu maîtrisé, mais des questions en suspens

La rapidité d’intervention des pompiers a certainement joué un rôle crucial. Selon les déclarations du wali d’Oran, Said Sayoud, présent sur les lieux, « l’incendie a été maîtrisé en un temps record, au bout d’une heure ». Une cellule de crise a immédiatement été mise en place, et les autorités locales, avec l’aide des services de la Protection civile, ont pris des mesures rapides pour sécuriser le bâtiment et organiser le transfert des malades vers le Centre hospitalier universitaire (CHU) d’Oran.

Les images diffusées par les médias locaux montrent une scène chaotique mais sous contrôle : des malades, certains en état critique, enveloppés dans des couvertures, transportés précipitamment hors du bâtiment tandis que les pompiers luttaient contre le feu dans les entrailles de l’hôpital.

« Nous étions tous terrifiés, mais heureusement, les pompiers sont arrivés très vite », raconte une infirmière, encore sous le choc, dans une interview avec El Watan. « Nous avons immédiatement commencé à évacuer les enfants, certains dormaient encore. Nous avons fait de notre mieux pour rester calmes, mais c’était difficile, la fumée était épaisse, et on craignait pour la vie des petits. »

Heureusement, la déclaration du wali est rassurante : « Tous les malades ont été transférés au CHU d’Oran. Ils se portent bien et sont pris en charge. » Une réouverture partielle de l’ancien hôpital de Canastel est même envisagée pour pallier les dégâts subis par l’infrastructure principale.

Un système de santé déjà sous pression

L’incendie de l’hôpital de Canastel arrive à un moment critique pour le système de santé algérien, déjà fragilisé par des décennies de sous-investissements et de dysfonctionnements structurels. Les hôpitaux publics, en particulier, sont fréquemment critiqués pour leur vétusté et leur manque d’équipements adéquats. Ce dernier incident soulève des questions pressantes sur la sécurité des infrastructures médicales, et ce, dans un contexte où l’accès aux soins est une préoccupation majeure pour la population.

Le personnel médical de l’hôpital Canastel n’a pas caché son inquiétude face aux risques quotidiens qu’ils encourent. « C’est une tragédie qui aurait pu se produire à n’importe quel moment. Les équipements de sécurité incendie de l’hôpital sont obsolètes », déplore un médecin sous couvert d’anonymat. « Heureusement, cette fois, personne n’a été blessé, mais qu’en sera-t-il la prochaine fois ? Nous manquons de moyens pour assurer une prise en charge optimale, sans parler de la sécurité. »

Cette situation reflète un mal plus profond qui gangrène les infrastructures hospitalières du pays. Des problèmes récurrents de maintenance, une gestion hasardeuse et un manque criant d’investissements dans le secteur médical mettent en lumière les faiblesses d’un système censé être au service de la population.

Une ville encore marquée par les incendies

Cet incendie, bien que maîtrisé rapidement, ravive les traumatismes encore récents liés aux feux de forêt dévastateurs qui ont frappé la région d’Oran en juillet 2023. Ces incendies avaient causé des dégâts considérables et soulevé des critiques quant à la capacité des autorités à prévenir et gérer efficacement les crises.

Le spectre des feux de forêt plane toujours sur la population, déjà sensibilisée aux risques de catastrophes naturelles ou accidentelles. Un habitant du quartier de Canastel, témoin de l’intervention des pompiers, confie : « Avec ce qui s’est passé cet été, on a tous peur des incendies. C’est un cauchemar qui recommence, et cette fois, ça touche nos enfants. » Ce sentiment d’impuissance, amplifié par les récentes tragédies, semble exacerber la méfiance envers les autorités et leur capacité à protéger la population.

La réaction des autorités : une gestion de crise rapide

Face à l’urgence de la situation, les autorités locales ont montré une réactivité qui mérite d’être saluée. Le wali d’Oran, Said Sayoud, a pris la tête des opérations dès son arrivée sur place. Lors d’une déclaration à la télévision nationale, il a insisté sur la rapidité d’intervention de la Protection civile et sur les mesures prises pour gérer les conséquences de l’incendie. La réouverture temporaire de l’ancien hôpital pour accueillir les malades montre une certaine flexibilité des autorités dans la gestion de la crise.

Cependant, cette gestion rapide ne suffit pas à apaiser les inquiétudes sur le long terme. Si l’incendie a pu être maîtrisé cette fois-ci, il met en lumière la fragilité d’un système hospitalier qui pourrait ne pas résister à d’autres crises similaires.

Les travaux à venir : une solution temporaire ?

Le wali a annoncé que des travaux de réparation débuteraient rapidement pour remettre en état la partie de l’hôpital touchée par l’incendie. Mais cette promesse, bien qu’encourageante, laisse planer des doutes sur l’efficacité de telles réparations dans un contexte où l’ensemble des infrastructures hospitalières est en besoin criant de modernisation.

Un membre du personnel hospitalier, sceptique, déclare : « Nous entendons souvent parler de réparations et de modernisations, mais les résultats sont rarement à la hauteur des attentes. Les fonds alloués sont souvent insuffisants ou mal gérés. Ce n’est pas qu’un simple coup de peinture dont nous avons besoin, c’est d’une révision complète de notre système de santé. »

Les leçons à tirer : vers une prise de conscience collective ?

Ce dernier incident doit servir de leçon aux autorités algériennes, mais aussi à la population. La nécessité d’investir dans des infrastructures sûres et modernes devient chaque jour plus urgente. Dans un pays où la demande en soins médicaux ne cesse d’augmenter, notamment en raison de la croissance démographique et des défis sanitaires liés à la transition épidémiologique, le système de santé ne peut plus se permettre de fonctionner avec des infrastructures vieillissantes.

Pourtant, les financements restent un obstacle majeur. Avec une économie encore largement dépendante des hydrocarbures et un contexte international incertain, l’Algérie peine à allouer des ressources suffisantes à son système de santé. Cette situation, déjà mise en lumière par les crises sanitaires récentes, est désormais exacerbée par des événements comme l’incendie de l’hôpital de Canastel.

L’engagement de la société civile

En marge de cette crise, la société civile algérienne joue un rôle de plus en plus prépondérant dans la sensibilisation aux enjeux de santé publique et de sécurité. Des associations locales ont d’ores et déjà lancé des appels à la mobilisation pour soutenir les victimes indirectes de l’incendie et pour exiger des réformes structurelles.

Sur les réseaux sociaux, de nombreux citoyens ont exprimé leur solidarité avec les familles affectées par l’incendie, tout en dénonçant l’état des infrastructures. « Cet incendie est la goutte d’eau qui fait déborder le vase. Nos enfants méritent mieux. L’État doit prendre ses responsabilités », peut-on lire dans un tweet largement partagé. D’autres internautes ont lancé des pétitions en ligne pour exiger une modernisation rapide des hôpitaux du pays.

Ces mouvements, bien que encore peu structurés, pourraient exercer une pression croissante sur les autorités pour accélérer les réformes nécessaires.

Conclusion : Un avertissement qui ne doit pas rester sans suite

L’incendie à l’hôpital des enfants de Canastel à Oran aurait pu être une véritable tragédie. Grâce à l’intervention rapide des pompiers et au dévouement du personnel hospitalier, aucune vie n’a été perdue. Cependant, cet incident met en lumière les carences criantes du système hospitalier algérien et la nécessité d’une prise de conscience collective.

Pour éviter que de tels événements ne se reproduisent, il est urgent que les autorités algériennes prennent des mesures concrètes pour moderniser les infrastructures hospitalières et renforcer les dispositifs de sécurité. Les citoyens, quant à eux, doivent continuer à exercer leur rôle de vigie et à demander des comptes aux dirigeants. Seule une mobilisation générale permettra d’assurer un avenir plus sûr pour tous les Algériens, et en particulier pour les plus vulnérables : les enfants.

Quitter la version mobile