Considéré comme le leader présumé du groupe qui a battu, violé et torturé une étudiante l’année dernière, l’individu encourait la peine de mort.
Le meneur présumé du viol collectif d’une étudiante en Inde, une affaire avait bouleversé le pays en décembre dernier, a été retrouvé mort lundi dans sa cellule à New Delhi, suscitant la colère de la famille de la victime et des accusations selon lesquelles il a été assassiné. Les autorités pénitentiaires de la prison de haute sécurité, Tihar, ont annoncé que le détenu, Ram Singh, s’était pendu avec ses vêtements noués les uns aux autres peu avant l’aube. Mais ses parents ont nié l’hypothèse d’un suicide et son avocat a jugé que sa mort devrait être traitée comme un meurtre.
Le corps de Ram Singh, l’un des six auteurs présumés du viol ayant entraîné la mort d’une étudiante de 23 ans, a été retrouvé à 5 h 15 dans la cellule qu’il occupait seul, ont affirmé des responsables de cette prison située dans le nord de la capitale fédérale indienne. « Il a noué ensemble tous ses vêtements, est monté sur un tabouret en bois et s’est pendu au plafonnier », a déclaré un responsable, Sunil Gupta. La justice a ouvert une enquête pour déterminer s’il y a eu des failles dans la sécurité, a-t-il précisé.
« Erreur majeure »
Le ministre indien de l’Intérieur a estimé que la mort du principal accusé était une « erreur majeure » qui nécessiterait une enquête. « Ce n’est certainement pas un petit incident. Des mesures seront prises », a déclaré le ministre, Sushilkumar Shinde, lors d’un point presse à New Delhi. « C’est un suicide selon les premiers éléments de l’enquête (…) mais nous attendons les résultats » définitifs, a-t-il déclaré.
Selon le père de la victime, sa mort témoigne d’une claire négligence des autorités qui prive la famille du droit à la justice. « Nous ne comprenons pas comment la police a pu échouer à protéger Ram Singh. Ils savaient qu’il était l’accusé principal dans l’affaire de ma fille », a dénoncé le père, qui ne peut être nommé pour des raisons juridiques. « Pourquoi l’ont-ils laissé choisir la façon dont il voulait mourir ? La police a échoué et je me demande ce qu’il va advenir du procès », a-t-il ajouté. La mère de la victime a pour sa part confié son choc en apprenant la nouvelle : « Je voulais simplement la justice pour ma fille. Le principal accusé est mort. Peut-être est-ce la culpabilité qui l’a tué ? » a-t-elle dit. Ram Singh était le conducteur de l’autobus dans lequel la victime était montée, avec son compagnon, après une séance au cinéma le soir du 16 décembre. M. Singh et des amis, après avoir beaucoup bu, avaient emprunté le véhicule pour une virée nocturne dans New Delhi.
Le groupe avait passé à tabac le compagnon, puis violé, battu et torturé la jeune femme avec une barre de fer, avant de jeter le couple sur le trottoir. Transférée dans un hôpital de Singapour après plusieurs opérations chirurgicales en Inde, l’étudiante avait succombé le 29 décembre. Ram Singh avait comparu plusieurs fois devant une cour d’assises de New Delhi pour répondre des chefs d’accusation de meurtre, viol et enlèvement. Il encourait la peine de mort. Son avocat, V.K. Anand, a estimé que la police devrait ouvrir une enquête pour meurtre : « C’est une affaire de meurtre. S’il s’était suicidé, alors il aurait dû laisser une lettre », a-t-il jugé. Le père de M. Singh, Mange Lal Singh, a de son côté assuré que son fils aurait eu du mal à installer une corde pour se pendre, car il était blessé à une main après un accident de la route. « Il n’aurait pas pu se suicider avec une seule main », a-t-il dit, assurant en outre que son fils partageait une cellule avec deux autres détenus.
Le procès continue
Selon un responsable de la police, qui a requis l’anonymat, le procès devrait se poursuivre : « Le procès continue. Il n’y a aucune raison pour que le procès en pâtisse », a-t-il dit. Outre Ram Singh, quatre hommes, dont son frère Mukesh, sont actuellement jugés en cour d’assises. Un cinquième auteur présumé, âgé de 17 ans, est jugé séparément par une juridiction pour mineurs et il encourt une peine maximale de trois ans dans un centre pour mineurs délinquants.
Ram Singh, un veuf d’une trentaine d’années originaire du Rajasthan (ouest), était le chauffeur habituel de l’autobus qui servait en temps normal au transport scolaire. Il vivait dans un bidonville de la capitale, Ravi Dass Colony, où ses voisins l’ont décrit comme un bagarreur et un alcoolique. Son corps a été transporté à l’hôpital public Deen Dayal Upadhyay et son frère a été prévenu, a indiqué une source policière. Le viol collectif, qui a eu un retentissement international, a profondément choqué en Inde et de nombreuses voix se sont élevées pour dénoncer la façon dont la police et la justice méprisaient les affaires d’agressions sexuelles.